Karak Vanne, signé Arzhiel
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Karak Vanne, signé Arzhiel

Forum de l'oeuvre littéraire d'Arzhiel.
 
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 La Saison 3

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Eidhir
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MessageSujet: Re: La Saison 3   La Saison 3 - Page 2 Icon_minitimeDim 2 Déc - 21:21

Episode 86 – Les Nouveaux Boulets

Assis en tailleur au centre de la grotte qui servait d’abri à son groupe, Arzhiel ressassait en maugréant les recommandations du vieux prophète elfe. Le sage n’avait pas la moindre idée de l’identité du héros qui n’existait pas, mais il avait longuement insisté afin que le seigneur nain emmène dans son équipe plusieurs de ses guerriers. Seule une alliance d’elfes et de nains avait à ses yeux une chance de venir à bout de Teclan.

- Avez-vous pris votre décision ? demanda Cirth le chasseur avec fébrilité lorsque Arzhiel se leva brusquement.
- Non, je marche un peu, je me ruine le fion sur la pierre. Combien il a dit que je devais prendre d’elfes avec moi déjà, pépé voyant ?
- Au moins deux, mais pour que le groupe ne perde pas sa facilité d’infiltration et sa discrétion, il faudrait alors remplacer deux des vôtres. Le choix est vital et pénible, je le consens.

Arzhiel jeta un regard dans le fond de la grotte où Svorn dormait dans sa liquette sale, sa pipe fumante cramant sa barbe et sa main enfouie sous son pantalon.

- Bof, pas tellement en fait, conclut-il en se rasseyant sur la cape roulée en boule que Brandir utilisait comme oreiller un instant plus tôt. Je vire mon cousin parce qu’il est encore moins en état conscient que d’habitude et mon prêtre. Lui, c’est juste parce que je ne peux pas le sacquer.
- Trop sympa de me garder ! s’exclama Hjotra en postillonnant la soupe aux racines des elfes qu’il engloutissait. Je vais vous offrir un cadeau ! J’ai plein de trésors dans mon sac. Hé ! Mes chaussettes sont toutes mélangées !
- Ça vous fera les pieds, répondit Arzhiel avant de se tourner vers les elfes. Vous êtes au courant qu’on ne part pas à la cueillette. L’un de vous a-t-il un talent qui peut nous aider en mission ? Rétrospectivement, je dois ajouter que la broderie n’entre pas dans la catégorie des talents que je conçois comme utile ou même ayant un quelconque sens.

Aussitôt, une douzaine d’elfes se levèrent et s’éloignèrent, certains versant une larme de déception qu’ils écrasèrent dans leur joli mouchoir brodé.

- Toi, elfe ! fit Arzhiel en désignant l’un des trois restants. Quel est ton nom ?
- Anfauglith Olwë Culùrien Esh’Nàmo Fëanturi Wilwarin.
- …
- Culùrien avec un ou deux r ? demanda Hjotra entre deux cuillérées.
- D’accord, je vais t’appeler Croquette. C’était le nom de mon chien quand j’étais gosse, ce sera plus facile à retenir.
- Quel genre de bête était-ce ? Un loyal compagnon ?
- Euh, c’était un chien. Il avait le typhus et une seule oreille. Il est mort en avalant une pigne de travers. Mais on s’en fout un peu, non ?
- Moi non, répondit Hjotra en levant le petit doigt, le nez dans son auge.
- Quel est ton domaine de compétence, Croquette ?
- Je suis un barde réputé et craint des ennemis de la forêt. Mes mélodies peuvent apaiser le cœur le plus enragé et ravir l’âme en peine. Je maîtrise certains sorts grâce à mon instrument. Je peux endormir l’ennemi rien qu’en jouant quelques notes.
- Question. Si tu joues un air enchanté pour endormir un adversaire, comment tu fais pour ne pas endormir tout ton groupe avec toi ?
- Ma musique est très utile ! protesta le barde. Prenez-moi avec vous, vous ne le regretterez pas ! Regardez mon magnifique luth ! Voulez-vous que je compose un air à votre gloire ?
- Il joue sur la corde sensible, commenta Hjotra tandis que Croquette brandissait son luth.
- Bon, et vous ? soupira Arzhiel en interrogeant Cirth.
- Moi, je suis danseur de guerre ! lança fièrement l’elfe.
- Non, mais les gars, on ne monte pas une comédie musicale ! Un musico, un danseur et toute une tripotée de costumiers ! On va à la marave, pas dans un ballet ! Pfff, et toi là ?
- Je suis un habile roublard, répondit le troisième elfe. Pour forcer une porte fermée ou désamorcer des pièges, je possède de vrais doigts de fée.
- Bouh le nul ! ricana Hjotra. Brandir aussi il a des doigts de fées dans sa collection et même des orteils ! Et Svorn, il a des fées complètes dans les bocaux de son laboratoire !
- Rappelez-moi pourquoi vous le gardez dans l’équipe lui ? demanda Cirth, perplexe.
- Par habitude ou curiosité malsaine, répondit Arzhiel en haussant les épaules. Je sais qu’il va faire n’importe quoi, dire des âneries et manquer de tout ficher par terre, mais je m’y suis habitué. Hjotra, c’est un peu la verrue qui démange du groupe qu’on gratte tout le temps pour passer ses nerfs. Allez, préparez votre matos, on décroche discret maintenant avant que les autres ne se rendent compte qu’on les a plantés là. Hjotra, allez quand même réveiller Brandir, ça ne fera pas de mal d’en avoir un dans l’équipe qui n’a pas peur de se casser un ongle en levant une hache.

Les trois elfes et les trois nains se glissèrent hors de la grotte sur la pointe des pieds après que les sylvains et Hjotra aient entamé une petite chorégraphie improvisée pour célébrer leur départ. Le groupe remontait le boyau menant à l’air libre quand une silhouette se détacha des ombres pour leur barrer la route.

- Rugfid ! s’exclama Arzhiel en abaissant son arme. Qu’est-ce que vous fichez là ?! J’ai failli vous faire gicler les entrailles !
- Je crois qu’il s’en est chargé tout seul, remarqua Croquette d’un air écoeuré en pointant le coin d’où sortait l’explorateur.
- C’est cette saloperie de flotte ! ronchonna Rugfid, pâle et titubant. Ça m’a bousillé le bide. J’avais le repas du soir au fond de la gorge, ça rentrait, ça ressortait et finalement paf ! Accident !
- Classieux, sourit Cirth, mal à l’aise.
- J’ai bien réfléchi, cousin. Je suis peut-être malade à crever, avec la chiasse, les nausées et les délires, mais je peux vous être utile en mission !

Une boule de feu fendit soudain l’air en direction du groupe. Par réflexe, Arzhiel jeta son cousin dessus comme bouclier pour sauver tout le monde.

- Ça vous fera moins mal de savoir que vous aviez raison ? demanda-t-il ensuite au nain carbonisé gémissant au sol.
- Un de moins ! s’esclaffa une voix inconnue dans les ténèbres. Les carottes sont cuites, mes agneaux à la broche ! Vous allez griller à point !
- Elenwë ? lança au hasard Arzhiel.
- Non, je me nomme Lorenn, répondit une magicienne en se montrant. Je suis une mercenaire, maîtresse des flammes. Teclan m’a engagée pour écraser votre ridicule rébellion !
- Pourquoi Elenwë ? demanda brièvement Hjotra.
- Le rire diabolique, le feu qui pique, l’humour douteux et la robe pour faire le tapin, j’ai confondu.
- Qui fait le tapin ?! grogna Lorenn en enflammant le roublard qui rampait sans discrétion dans son dos.
- C’est rapport au feu que vous avez si chaud pour vous habiller comme ça ? la provoqua Arzhiel. En tout cas, je ne sais pas chez les humains, mais chez les nains le bourrelet livide comme un cul qui boudine le bide, la culotte de cheval et les nibards au nombril, c’est loin d’être affriolant. Tu diras à Teclan que je suis déçu qu’il nous considère si peu pour nous expédier la première traîne-savate dénichée au nu intégral de l’auberge du coin.
- Moi j’aime bien les bourrelets livides et le nu intégral, commenta Brandir. Je suis célibataire si vous voulez, m’dame Lorenn. J’ai droit à combien de danse avec deux pièces de cuivre ?

La magicienne, folle de colère, fit imploser son pouvoir et invoqua une gigantesque boule de feu que la furie lui fit lancer avec maladresse. Le projectile heurta un mur, puis le plafond, passa au-dessus de groupe sous les jappements aigus des elfes, rebondit plusieurs fois contre les parois de l’étroit tunnel et finit sa course droit sur la sorcière dans une violente explosion.

- Très subtil de lancer une boule de feu dans un boyau aussi réduit, lui murmura Arzhiel à l’oreille quand ils l’enjambèrent pour partir. Jongler avec la contrariété, je connais, j'ai la même que toi à la maison. Tu sais quoi ? T’es une quiche, Lorenn.
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Eidhir
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MessageSujet: Re: La Saison 3   La Saison 3 - Page 2 Icon_minitimeDim 2 Déc - 21:21

Episode 87 – Geôle Break

Le furieux coup de lance orque fut dévié à la dernière seconde par son bouclier abîmé et Arzhiel sentit la pique lui effleurer l’oreille. Il pénétra la défense de son ennemi d’un rude coup d’épaule en riposte avant de lui asséner un violent coup de marteau à la base de la gorge. L’orc s’écroula dans un gargouillis, le cou brisé au moment même où une flèche de Cirth l’atteignit en pleine poitrine. Arzhiel jeta le cadavre d’un coup de pied et eut juste le temps de se réfugier derrière son précieux écu que la hache d’un humain s’abattait sur lui. Le nain tomba à genoux sous l’impact mais en profita pour frapper l’homme au tibia, puis à la mâchoire tandis qu’il perdait l’équilibre. Sans attendre qu’il ait fini de tomber, le seigneur nain se rua sur les deux assaillants qu’affrontait Brandir sur son flanc. Hjotra le dépassa en chargeant l’ennemi avant de revenir brusquement sur ses pas après une vive volte-face.

- Où vous allez, imbécile heureux ?! l’interpella Arzhiel tandis que l’ingénieur plongeait dans un fourré et y disparaissait complètement à l’exception d’un index tendu en direction des renforts ennemis qui approchaient. Remettez sa muselière à Brandir, on décampe avant de se faire piétiner ! Si rien ne vient gêner notre retraite, on devrait pouvoir sauver notre peau avant de…Ah ! Qu’est-ce que c’est ?!
- Bien le bonjour, mon aimé, salua l’image d’Elenwë à travers l’opaque fumée magique qui venait de cerner le nain. Je constate que vous ne faîtes rien, ça tombe bien, il fallait que je vous entretienne.
- Mais dégagez avec votre fumette ! Je vois dalle ! Virez de mon horizon avant que je me mange un arbre dans la…Ouch !...Je vous écoute…
- C’est à propos de la fête des mères, fit l’elfe au-dessus du nain étendu au pied d’un chêne. J’ai trouvé un dé-li-cieux petit ensemble printanier à la boutique du tailleur du bourg. Et comme toute sa famille a été décimée par les épidémies de l’apocalypse-machin là, il accepte de me le faire à moitié prix ! N’est-ce point trépidant ?!
- J’en suis tout retourné, marmonna le nain entouré par une douzaine de soldats adverses.
- Arzhiel ! Je vous vois mal ! Dîtes à vos amis de s’écarter ! Arzhiel ? Oh, le goujat, il a filé. Quel pingre ! Après il va s’étonner que j’ai téléporté tout son équipement ici pour financer mon cadeau, vous allez voir !

Une heure plus tard, au fond d’une geôle humide et crasseuse

- J’avais braqué exprès le passe-partout de Rugfid pour ce genre de situation, grommela Arzhiel en poussant vainement sur les barreaux, mais même planqué dans un endroit secret de mon corps, tout le trousseau a foutu le camp avec mon matos.
- Estimons-nous heureux qu’ils nous aient gardés en vie, commenta Cirth. Ils auraient pu nous tuer sur place au lieu de nous faire prisonniers.
- C’est clair que rater une mort glorieuse au combat et se retrouver en tôle avec un nain à poil et un elfe en justaucorps, râla Brandir, ce serait ballot de ne pas savourer sa chance.
- Hé ! protesta Arzhiel. Je ne suis pas à poil, d’abord. C’est à cause des trous dans mon tricot et mon caleçon, c’est trompeur. Mais vous avez raison, il faut vite s’éclipser. S’ils nous gardent en vie, c’est sans doute pour nous torturer ou abuser de nos charmes.
- Oh seigneur ! gémit Cirth. S’ils m’arrachent ma vertu, je ne pourrais plus jamais me marier ! Vous les croyez capables de cela ?!
- Brandir, vous qui êtes quasiment aussi évolués que les orcs qui nous gardent, que pensez-vous de mon hypothèse ? Hého ! Réveil ! Pourquoi vous fixez le plafond comme ça, c’est hypothèse que vous ne pigez pas ?
- Vous me prenez pour une tanche ? s’offusqua le berserker.
- Oui, mais quel rapport avec la question posée ?
- Bon, alors, hypothèse, ça vient de « hippo », la racine atlante pour cheval et « thèse » de l’ancien runique « thésus » qui veut dire avis. Donc, mon opinion sur les chevaux, c’est qu’on est nains donc on s’en fout, on ne peut pas les monter. Par contre, saignant dans l’auge, ça gère.

Le guerrier fixa Cirth qui le contemplait à la fois horrifié et atterré puis Arzhiel qui attaquait les barreaux avec les dents par dépit.

- Hjotra et Croquette ont réussi à échapper à l’ennemi, fit le seigneur de guerre. Avec un peu de bol, ils vont venir nous sortir de là. Par ma hache, je dois être drogué, je viens de fonder un espoir sur Hjotra !
- Sauvés par Hjotra et un barde elfe ? ricana amèrement Brandir en s’asseyant. C’est sûr, on n’a aucune raison de paniquer…
- Voilà quelqu’un ! lança Cirth. J’entends son pas furtif et élégant dans l’escalier !
- C’est Croquette ! bondit Arzhiel.
- Oh, compagnons ! s’exclama le barde. Si vous saviez par quels épreuves j’ai du passer afin de vous rejoindre ! J’en ai composé une chanson, vous voulez l’entendre ?
- Ça y est, la torture commence, déclara Brandir.
- Carrez-vous votre chanson là où votre pote est vertueux ! grogna Arzhiel. Allez assommer le garde !
- Mais ça va lui faire affreusement mal ! Je vais plutôt user de mon sortilège de sommeil ! Dans quelques instants, vous serez libres !

Une heure plus tard, le garde descendit jusqu’à la geôle pour y jeter Croquette, pantois.

- Vous aviez raison, dit-il avec gêne, c’est con comme sort.
- Vous n’avez pas endormi le garde ?!
- Si, mais moi avec. La relève m’a trouvé somnolent dans ses bras. Je suis terriblement confus.
- Non, mais c’est bon, commenta Brandir en nouant ses lacets afin d’en faire une corde solide pour se pendre. Il reste encore Hjotra.
- Il nous faudrait une arme improvisée pour attaquer le garde quand il viendra nous jeter des cailloux comme tout à l’heure.
- J’ai mon ongle de gros orteil pas coupé depuis le solstice, proposa Brandir.
- Et voulez faire quoi avec, demeuré ? Le ronger et lui lancer dans l’œil ? Si c’est pour sortir des énormités pareilles…oh, mon dieu ! Mais vous pourriez égorger un bœuf avec ça !
- Oh, ça va, c’est jamais arrivé qu’une fois, par accident. Mais de toute façon, c’est râpé, même avec ma dent en mithril, je n’ai pas réussi à l’entamer.
- Puisque je projet est annulé, pourriez-vous vous rechausser ? supplia Croquette, blême.
- Hihi, l’ambiance est chouette ici ! rit Hjotra en descendant l’escalier. Vous jouez à quoi ? Désolé du retard, j’ai suivi une colonne de fourmis jusqu’à un merle mort. Vous saviez que les fourmis bouffaient les yeux des oiseaux avant le reste ? Et puis après, j’ai essayé de vous retrouver, mais j’ai du ramper sous un essaim pour ne pas être piqué dans la bouche comme la dernière fois. J’ai perdu du temps à cause des guêpes.
- Vous me filez le bourdon, soupira Arzhiel. Comment avez-vous passé les gardes ?!
- En leur demandant et en remplissant le grimoire des visites. Du coup, je viens vous apporter votre repas : une miche de pain presque pas mâchée et un godet d’eau accroupie.
- Faîtes-nous sortir d’ici ! lança Croquette, hystérique.
- Je peux vous construire un sifflet à taupes ! Le bruit les attire, elles creusent un tunnel et vous n’aurez plus qu’à le remonter jusqu’à l’air libre. J’ai juste besoin d’un os d’oreille de troll ou d’un bout de frêne marbré des basses plaines. Personne n’a ça sur lui ? Oh, je sais ! Je vais demander aux gardes ! Attendez-moi là !
- Je maudis ces barreaux, maugréa Arzhiel. Ils m’empêchent de l’étrangler.
- On va tous mourir ici, pleura Cirth. Ma peau si délicate ne supportera jamais autant d’humidité !
- Bon, j’en ai marre ! pesta Brandir. Poussez-vous, je vais exploser la serrure avec cette pierre ! Y a ce bout de pain moisi qui m’appelle là.
- D’où vous sortez une pierre taillée comme ça, vous ?!
- Du tas de pierres branlantes dans le mur, ici, pourquoi ? Vous êtes soudain pris d’un irrépressible besoin de maçonnerie à cause du stress ?
- Donnez-moi cette pierre, répondit Arzhiel avec un grand sourire. Je vais vérifier si elle est bien solide. Et je vous promets de vous répondre dès que vous reprendrez connaissance.
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Eidhir
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MessageSujet: Re: La Saison 3   La Saison 3 - Page 2 Icon_minitimeDim 2 Déc - 21:21

Episode 88 – Le Boulet Manquant

Le petit groupe se faufila discrètement le long du tunnel en longeant la paroi. Cirth jeta un coup d’œil furtif au croisement et revint vite auprès de ses compagnons.

- Nous sommes arrivés à l’entrée du donjon, murmura-t-il. Il y a un garde en faction de chaque côté de la porte. Je propose une diversion, peut-être grâce à une musique illusoire de notre ami barde, puis une offensive rapide avec Brandir et Arzhiel tandis que je couvrirai l’avance de Hjotra en visant le second garde à la gorge pour éviter qu’il ne donne l’alarme. Ensuite…

L’elfe se tut en voyant Arzhiel bougonnant le dépasser et marcher d’un pas emporté vers le carrefour. Une fois à découvert, le nain jeta successivement ses haches de jet sur les gardes et défonça la porte d’un grand coup de pied furieux.

- Ou alors on bourrine, déclara Cirth, blasé, pendant que la troupe rejoignait leur chef.
- On avance ! grogna le seigneur de guerre en envoyant sa hache dans l’entrejambe d’un garde attiré par le raffut. Le dernier arrivé devra porter une robe elfe durant un jour entier !
- Dîtes, vous êtes sûr de la stratégie là ? interrogea Croquette tandis que Hjotra et Brandir piquaient un sprint paniqué.
- Je pulvérise en visant les valseuses des guignols que je croise. C’est pas très stratégique mais je suis au moins sûr que faire croustiller leurs noix me fait paraître le temps moins long. Cette fichue quête commence à me chauffer. Alors j’accélère le mouvement. Donc je pulvérise. Vous saisissez le concept ?
- C’est un peu trop tactique mais j’essaye…répondit le barde en enjambant un garde émasculé. Ah, voilà la salle d’armes. Le prophète parlait de la pièce suivante. Nous y voici !

Arzhiel leva sa hache pour fracasser la porte mais Cirth l’ouvrit simplement en tournant la poignée, au grand dam du nain. A l’intérieur étaient réunis de nombreux hommes, des orcs et quelques nains huilés et peu vêtus, au grand bonheur de l’elfe.

- C’est quoi cette odeur de fauve et de sueur, on se croirait dans les vestiaires des berserkers ! râla Arzhiel en se pinçant le nez. Sérieux c’est limite tenable, faut aérer !
- Pourquoi ils sont tous quasiment nus ? interrogea Hjotra, perplexe.
- J’en sais rien, mais par prudence, restez collés aux murs, les enfants, et jetez-leur un elfe s’ils approchent.
- Seigneur ? demanda Brandir. Vous voulez bien mettre fin à mes jours je vous prie ? Je viens de trouver Svorn. Par les Mille Chambre des Enfers, il est en pagne de cuir et s’est rasé le torse !!!
- Svorn ?! s’exclama le nain. Mais qu’est-ce que vous fichez, bon sang ?!
- Je m’apprêtais à aller au sauna avec deux potes orcs après un bain de soleil, dit le haut-prêtre avant d’imploser. Qu’est-ce que j’ai l’air de faire, d’après vous ?! Attendez, je vous donne un indice : abandonné par ses compagnons en plein territoire ennemi et ramassé par les soldats de Teclan qui organisent des paris de lutte avec les captifs.
- Y a un sauna ?! demanda Hjotra, ravi, en cherchant alentour.
- Bon, faîtes pas la tronche, vous êtes sauvé. Par contre, vous pouvez passer une liquette, s’il vous plait ?!
- Sauvé, mes fesses ! Vous m’avez laissé derrière pour ficher le camp avec des elfes ! Non, je fais la gueule. Je reste là, je préfère encore. Allez jouer avec vos nouveaux copains des bois.
- D’accord, fit Arzhiel en haussant les épaules. On aura essayé. On décampe.
- Impossible ! intervint Cirth. Le prophète a dit qu’on devait retrouver le haut-prêtre. Sa présence est indispensable pour vaincre Teclan.
- Tout de suite, ça me convainc, railla Svorn. Non, c’est vrai que j’hésitais après votre trahison, mais maintenant que je sais que vous venez me trouver par nécessité, je suis bien rassuré. Salauds ! C’est dégueulasse ce que vous faîtes.
- C’est plutôt ce que eux vont vous faire si vous restez là qui est dégueulasse, fit remarquer Brandir en observant les lutteurs oindre leurs corps en se complimentant de leur musculature.
- En même temps, on ne vous demande pas votre avis, mon pauvre. Je commande et vous suivez !
- C’est aussi un concept nain de psychologie ce genre d’approche ?
- Allez compter fleurette aux lutteurs, les jardiniers ! C’est un grave désaccord nain. Il en va de la réussite primordiale de notre quête et rien n’est plus important que ça…Hé ! C’est pas le fameux gladiateur Crade Pitt là-bas ?! Terrible ! Ce type a arraché la tête à plus de cinquante adversaires. C’est lui qui a terrassé le champion des arènes, Balèze Blaise. Passez-moi une tablette et un burin. Je dois avoir son autographe !
- Mais vous venez de dire à l’instant…
- Je sais mais c’est Crade Pitt ! Mon épouse en est raide. Elle me fichera la paix si je lui ramène son autographe pour sa fête parce que le peigne à barbe, je suis pratiquement certain qu’elle ne va pas apprécier.
- Il serait plus avisé de partir au plus vite, conseilla Cirth. Les gardes étalés dans le couloir les mains agrippés sur les parties, ça risque d’attirer l’attention, non ?

Le groupe se figea quand on frappa plusieurs coups à la porte, derrière eux.

- Qui c’est ? demanda gaiement Brandir.
- Sûrement le roi, la reine et le petit prince, avança Hjotra. Ils sont passés toute la semaine chez nous, mais on n’était pas là !
- Ce n’est qu’une chanson, Hjotra…
- Je constate que le niveau s’est nettement amélioré, se moqua Svorn, assis par terre à bouder.
- Vous voulez que je l’hypnotise avec ma magie ? proposa Croquette.
- Vous voulez que je vous explose avec la mienne ? rétorqua Svorn.
- C’est plein de gardes à la porte, fit Hjotra. Ils veulent rentrer, je leur ai dit de repasser plus tard, que le sauna n’était pas encore assez chaud.
- Les concepts philosophiques nains sont tellement fascinants, dit Cirth, effaré.
- Bon, on bouge ! Svorn, vous suivez ou on laisse les orcs enchaîner sur vous la prise du cochon et celle du hameçon ?
- La prise du hameçon, c’est le doigt dans la bouche, songea le haut-prêtre, pensif, mais celle du cochon, c’est laquelle ?

Arzhiel murmura la réponse au creux de l’oreille du nain et sourit largement en voyant ce dernier blêmir, frissonner nerveusement et sucer son pouce pour se rassurer.

- Bon…euh, en fait, je vais venir…mais puisque je ne pourrais pas dormir durant les prochains jours à cause des cauchemars, y a intérêt à ce que j’aie quelques esclaves à torturer !
- Oui, même des vieilles et des roux, vos favoris, si ça vous chante, répondit Arzhiel. Non, posez ce luth, Croquette, c’est une expression. Allez, départ, ils commencent à enfoncer la porte.
- Attendez, j’embarque mon costume de lutteur. J’étais dans l’équipe des Suceurs de moelle. Le futal en chaînes à pointes sera idéal pour mes soirées thématiques aux cachots du Karak.
- Un costume ? fit Arzhiel, pensif. On met les bouts. Non seulement je n’aurais pas eu mon autographe, mais en plus on a vu Svorn en culotte. Je crois que cette quête toute pourrie va finir par avoir notre peau.
- Vous pensez ? fit Croquette, intrigué.
- Oui, répondit Arzhiel en lui bottant le train pour qu’il suive le groupe. Ça en fait au moins un ici…
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Eidhir
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MessageSujet: Re: La Saison 3   La Saison 3 - Page 2 Icon_minitimeDim 2 Déc - 21:21

Episode 89 – Le Combat Final

Le petit groupe d’Arzhiel passa le nez au-dessus d’un rocher et observa au loin la forteresse de Teclan hérissée de tourelles, ceinturée de quatre hautes murailles aux créneaux grouillant de soldats et entourée de crevasses servant de douves. Sous le couvert de la vingtaine de vivernes surveillant les airs, il vit aussi les deux légions de mercenaires s’entraînant devant les portes.

- Bon, ben, c’était bien comme quête, les amis ! s’exclama Croquette en tournant les talons. Merci pour tout et à la revoyure !
- On pose ses miches osseuses ici et on écoute le plan, les filles ! l’arrêta Arzhiel, sa hache sous le menton de l’elfe. Vous voyez ça ? C’est le globe de cristal de communication-machin de Conleth. L’archidruide bosse un sort qui va nous téléporter direct auprès de Teclan grâce à une trace d’énergie vitale relevée lors de sa visite au Karak. On va profiter de l’effet de surprise et lui casser les chicots. Vous êtes prêts ?
- Hihi, c’est marrant ! ricana Hjotra. Mon armure a une odeur de sauté d’agneau à la broche ! Et mon sac aussi ! Snif…snif ? Ho, ce caillou aussi !
- C’est parce que vous avez un morceau du repas de ce midi collé à la moustache, espèce de cruche…Brandir, vous êtes prêts à tout latter ?
- Euh, ne vous vexez pas, mais il ne vous répondra pas. Il a rêvé cette nuit que vous lui voliez son gâteau à la crème. Il va vous bouder quelques temps.
- D’accord, je vois. Et vous, Svorn ? Paré ?
- Attendez ! Je viens de comprendre ! Teclan et Sum Groor sont une seule et même personne ! On ne les a jamais vus ensemble ! C’est un piège des orcs !
- Le plus triste c'est qu’on ne sera jamais plus prêts que ça, soupira Arzhiel en activant le globe enchanté. Conleth ? Vous êtes là ? Conleth ? Une seconde je vous prie, j’ai un double appel. Qui c’est qui vient gonfler à un moment pareil ?!
- Arzhiel ? fit Elenwë tandis que l'image de son visage au teint albâtre se fixait dans le cristal. Ah, je suis bien contente de vous voir ! J’allais entamer une balade avec Vorshek autour du lac mais je ne trouve plus mon châle rose et pourpre. L’avez-vous aperçu par…

Arzhiel éteignit le signal d’un geste brusque et nerveux et l’agita dans son poing jusqu’à ce que le visage de Conleth apparaisse à son tour.

- Stop ! Stop ! Stop ! rugit le druide. Arrêtez ça, bon sang ! Je vais finir par vomir…
- Envoyez-nous à la castagne ! Je suis bien chaud là !

L’archidruide nauséeux activa son sortilège, une main sur la bouche. Le groupe s’évanouit et réapparut dans un éclair lumineux au milieu d’une salle sombre et spacieuse. Teclan était au milieu de son bain, sifflotant gaiement, entouré de canetons en bois creux. La stupeur lui arracha un cri aigu qui fut repris en écho par le groupe quand il se dressa, nu.

- Teclan, Sum Groor ou qui que tu sois ! éructa Svorn. Tu vas mourir !
- Oui, mais passe un slip avant, par pitié !
- Vous ! s’écria Teclan en nouant une serviette en laine de worg autour de sa taille. Comment êtes-vous arrivés jusqu’ici !?
- On a cassé un carreau pour rentrer, répondit Arzhiel, ironique. Mais qu’est-ce qu’on s’en fout en fait ? Tu es très mal là, nabot. T’as mis en rogne une bande de nains bien remontés ! Du coup, tu vas mourir comme cité précédemment.
- Je suis le Briseur d’Etoiles, je suis invincible. C’est vous qui allez mourir, crétins !
- Et comment tu vas faire ça ? En nous jetant tes canards ?
- Non, on ne risque rien, déclara Hjotra avec aplomb. Ce ne sont pas des vrais canards.
- Vous ne vous êtes jamais demandés quel était le formidable pouvoir de la baguette de Selzix ?
- Mettre les nains en boule ? proposa Arzhiel tandis que Brandir vérifiait aussitôt ses bourrelets d’un air perplexe.
- La baguette que voici, jubila Teclan, retourne sa pire frayeur à celui contre qui elle est dirigée. Prenez ça, tas de débiles !

Le gnome à moitié nu pointa le groupe de sa baguette magique d’un air triomphant. Hjotra se retrouva alors encerclé par plusieurs enfants formant une ronde et chantant. Brandir courut dans tous les coins pour échapper à un orteil géant le poursuivant et menaçant de l’écraser. Croquette s’effondra en pleurant en découvrant une tâche irrécupérable sur sa tunique. Cirth se rua jusqu’au bain pour vérifier dans son reflet sur l’eau s’il ne s’était pas changé en sapin. Svorn sauta par terre et s’accrocha à une statue pour ne pas s’envoler. Et Arzhiel se cacha derrière un pilier quand Elenwë apparut près de lui pour l’embrasser. Lorsqu’il en eut assez de rire, Teclan fit cesser l’enchantement et observa d’un air triomphant le groupe apeuré.

- Je vous laisse partir si vous me jurez allégeance en embrassant mes pieds.
- Ah non ! hurla Brandir, effrayé. Pas les pieds !
- Saleté de gnome ! grogna Svorn. D’après Pépé prophète, ma présence est indispensable pour l’accomplissement de cette quête. Donc c’est moi que les dieux ont choisi pour châtier cet impudent et le torturer avec des clous rouillés et des braises ardentes ! Prends garde, Teclan ! Je vais t’exploser comme un bien naze ! Je vais…
- Même sans ma baguette, je suis capable de vous vaincre, minables, bailla Teclan en envoyant voler Svorn au loin d’une boule d’énergie.
- Qu’est-ce qu’on fait ? interrogea Hjotra en ventilant l’odeur de chair cramée de Svorn.
- On fait les elfes, réfléchit Arzhiel avant de décamper à toute vitesse, suivi de ses compagnons.
- Nous avons lâchement fuis ! pleurnicha Croquette une fois qu’ils furent à l’abri dans un couloir. La mission est un échec !
- Meuh non, c’est bon, le rassura Arzhiel. Tout se passe comme je le pensais. Je sais comment battre Teclan. J’ai pigé l’histoire du héros qui n’existait pas.
- Comment ?! s’exclama l’elfe en regardant le nain fouiller dans son sac. Je ne comprends pas. Vous avez percé le mystère de la prophétie ? Et pourtant vous nous avez fait attaquer de front ?! Je suis perdu. Expliquez-moi comme si j’étais Hjotra.
- Bah, je ne voulais pas en arriver là, répondit Arzhiel en enfilant un costume bizarre, visiblement fait main. L’astuce fiche à peine la honte.

Le nain posa de longues oreilles de lapin en paille peintes sur sa tête ainsi que de fausses moustaches et une truffe en cuir sur son visage.

- Vous…vous vous déguisez…en lièvre ? fit Cirth, hébété tandis que Brandir s’esquivait.
- Oh ! s’exclama Hjotra en voyant son ami se cacher. Brandir a une idée derrière la crête !
- Ce n’est pas un simple lièvre, corrigea Arzhiel. C’est un costume de Capt’ain Quenottes, le héros des contes de mon enfance.
- Et voici son loyal acolyte ! lança Brandir en apparaissant avec un autre costume. Je suis Super Blaireau !
- Capt’ain Quenottes ? Super Blaireau ?
- Un héros imaginaire, confia Arzhiel en clouant sa queue en pompon, c’est bien un héros qui n’existe pas, non ?

Teclan s’entraînait à un pas de sa danse de la victoire quand Arzhiel et les autres refirent leur entrée. A la vue du chef déguisé, le gnome enchanteur se figea, mal à l’aise.

- On dirait que ça marche ! commenta Croquette en marchant sur Svorn disloqué par terre. On dirait qu’il panique. Avec de la chance, on n’aura même pas besoin de lui faire la prise du lièvre gercé ou le coup du lapin pour le vaincre !
- Qu’est-ce que c’est que ça ?! s’écria Teclan en reculant. Ne vous approchez pas ! Le lapin et le rat musqué ! Reculez !
- Hé ! protesta Brandir. Je suis un blaireau ! Un blai-reau !
- En voilà une nouvelle…Teclan ! Ton règne prend fin dès à présent ! Je vais délivrer ce monde de ta tyrannie ! Héhé, non je déconne, je vais juste te ravager mais je rêvais depuis tout petit de dire la phrase fétiche de Cap’tain Quenottes. C’est la classe, hein les gars ?

Arzhiel se tourna tout guilleret vers ses compagnons qui observèrent un silence gêné.

- Eloignez-vous de moi avec votre costume grotesque ! paniqua Teclan.
- Vous avez peur des lapins et vous voulez être maître du monde ? Bouh, la honte !
- Je n’ai pas peur des lapins ! cria le gnome en sueur. Je suis…allergique, c’est tout !
- Et moi qui pensais que c’était une raison pitoyable…
- Sortez de cette salle ! Tous ! Ou sinon, vous le regretterez !

Teclan tira sur une chaîne qui libéra une cage à l’intérieur de laquelle était ligoté Rugfid. Le gnome appuya sa baguette sur le nez de l’explorateur prisonnier d’un air menaçant. Arzhiel le fixa un instant d’un regard dur.

- Et donc ? On va regretter quoi ? Vous n’avez pas fini votre phrase, si ?

Teclan frappa le front de Rugfid par dépit et tapa du pied de colère entre deux démangeaisons allergiques. Arzhiel en profita pour charger mais le gnome fut plus rapide et lui décocha un coup de baguette de Selzix qui n’atteint que Svorn quand son chef se servit de ce dernier comme bouclier. La magie inspira une terreur sans nom au prêtre qui commença à flotter dans les airs en gémissant.

- Un pas de plus et c’est vous que j’envoie en l’air !
- C’est parce qu’on a des elfes qu’il se permet de nous faire des propositions dégueulasses ?! protesta Brandir.
- Quel combat final épique ! lança Hjotra tout excité. Un gnome complexé presque à poil avec le nez qui coule et des rougeurs allergiques affrontant une bande de valeureux adversaires dont un Super Blaireau, un prêtre volant et Cap’tain Quenottes !
- C’est clair que pour relater tout ça pour la légende, ajouta Croquette le barde, on n’est pas sortis de la taverne !
- Vous pensez avoir vaincu ?! s’exclama Teclan en éternuant.
- On va dire que oui, répondit Arzhiel en haussant les épaules.

Le nain sautilla vers le gnome qui sursauta en voyant le lapin géant fondre sur lui et lâcha sa baguette par réflexe. Aussitôt le sort rompu, Svorn retomba lourdement au sol écrasant dans un bruit de biscotte le malheureux Teclan se trouvant en dessous de lui.

- Victoire ! s’écria Arzhiel avec son équipe de héros. La prophétie était exacte et on a même eu besoin de Svorn pour gagner. Faudra penser à lui raconter quand il sortira de son coma, hein ? Pour une fois qu’il tombe à pic !
- Et le fait qu’il soit aussi lourd nous serve autant, rajouta Brandir.
- En plus, conclut Rugfid depuis sa cage, c’est lui qui aura trouvé la chute !
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MessageSujet: Re: La Saison 3   La Saison 3 - Page 2 Icon_minitimeDim 2 Déc - 23:07

Episode 90 – L’Exode

Arzhiel, Brandir, Hjotra et Svorn firent un retour triomphant au Karak, criant et chantant pour célébrer leur victoire, accompagné par Rugfid qui s’essaya au luth volé quelques jours plus tôt à Croquette. Dans leur état d’excitation et de joie livrée ainsi brute, il leur fallut plusieurs minutes avant de s’apercevoir que leur forteresse était entièrement déserte. Les ruelles étaient vides, les cavernes, abandonnées, les mines et cultures de champignons, délaissées.

Arzhiel courut jusqu’aux postes de garde et aux murailles. Gardes et soldats avaient disparus, laissant derrière eux les traces de féroces batailles. Svorn se précipita jusqu’au temple qu’il découvrit pillé et silencieux, les voleurs ayant même emportés les poignées de porte, ce qui força le prêtre à passer par la cheminée pour sortir quand il fut enfermé et que personne ne vint répondre à ses appels. Rugfid s’empressa de vérifier la salle des trésors, entièrement nettoyée. Son cri de désespoir trouva écho dans celui de Brandir quand ce dernier trouva les cuisines dans le même état. Seul Hjotra fut épargné par l’horreur et le désespoir en retrouvant tous ses animaux familiers dans son atelier. Néanmoins, il hurla lui aussi quand ses bêtes adorées, non nourries de plusieurs jours, l’attaquèrent en meute.


- Je pensais qu’on leur manquerait, commenta Hjotra en soignant ses morsures de canards aux mollets, mais pas à ce point. Tout le monde est mort ou s’est barré.
- Ils sont où ces bourriquots ?! pesta Arzhiel. Ils ne sont même pas encordés au pic au-dessus du vide comme la dernière fois quand Rugfid avait lancé la fausse alerte d’invasion de fourmis rouges ! Mais qu’est-ce qui s’est passé ?!
- Ils sont partis, lança Conleth l’Archidruide en sortant d’une caverne tout en curant une gamelle de champignons. Des messagers de vos amis archanges leur ont annoncé qu’un mystérieux ennemi venait vous attaquer, la rumeur s’est propagée, amplifiée, déformée. On a parlé d’épidémies, de dragon et de retours de fourmis. Je n’ai pas tout suivi. Mais ils ont pris peur et sont tous partis.
- Comment ?! fut le premier à réagir Brandir. Il reste des champignons ?!
- La ferme, taré grogna Arzhiel en lui assénant une claque derrière la tête. C’est quoi cette histoire avec les archanges ?
- Un ennemi inconnu est apparu et a exterminé tous vos alliés. A cette heure-ci, vous êtes probablement le dernier archange encore debout. Shalimar vous a expédié une petite trentaine de messages urgents par globe de transmission. N’écoutez pas les derniers, c’est un peu grossier. Elle a un sacré vocabulaire imagé, votre copine ! Faut vraiment qu’elle se trouve un mâle…
- Mais pourquoi vous ne m’avez rien dit ?!
- C’est Elenwë. Elle conservait votre globe pour amuser Vorshek avec toutes ses petites lueurs magiques à chaque fois qu’un message important était reçu. Vous comprenez. Si on les avait lu, il se serait éteint.

Arzhiel se frotta méchamment les yeux en grimaçant, la migraine naissante.

- Mais ça n’a plus d’importance maintenant, rassurez-vous. Entre deux insultes, Shalimar vous ordonnait de rallier votre peuple au portail dimensionnel afin que vous quittiez ce monde condamné. Voilà, j’ai fait la commission, je me tire. C’est un peu l’apocalypse dehors et je n’ai pas envie de claquer dans un Karak fantôme. Je vais rejoindre Cirth et Croquette dans un bosquet enchanté. Merci pour tout et je ne vous dis pas adieu, ça va nous porter la poisse. Oh, j’oubliais ! Félicitations pour votre victoire héroïque sur Teclan.

Le druide s’en alla en sifflant sous le regard lourd et désabusé des nains. Malgré la perte de son peuple, son statut de seigneur, ses richesses, son alliance, sa bonne humeur, sa bourse (volée par Rugfid) et sa dernière ration de victuailles (volée par Brandir), Arzhiel refusa de baisser les bras. Il ordonna à ses fidèles compagnons d’infortune d’emporter ce qu’ils pouvaient avant de repartir pour une mission de survie jusqu’au fameux portail. Les nains s’éparpillèrent et le seigneur déboussolé regagna ses appartements d’un pas pesant. Un bruit l’attira dans un couloir. Il trouva Ségodin en compagnie d’Elenwë, les bras chargés de bagages et tirant par le bras l’elfe, visiblement très pressé de quitter les lieux.

- Euh…l’interrompit Arzhiel, tout penaud. Vous ne seriez pas en train de vous barrer avec ma femme ?
- Euh…Peut-être, fit le chevalier en se figeant.
- Vous voulez que je vous aide à porter les bagages ?
- Seigneur ! se ressaisit Ségodin, feignant l’innocence. Vous êtes de retour !
- C’est ce qu’à dit votre espion, il y a cinq minutes, dit Elenwë.
- Ahah ! rit l’humain mal à l’aise. Mais non, je…Hein ? Il a dit Arzhiel ?! J’avais compris Ezekiel !
- Le sorcier mort il y a trois mille ans ?
- Oui, absolument ! C’est pour cela que je m’empressais d’emmener votre dame à l’abri ! Vous imaginez qu’à trois mille ans, il ne devait pas être bien jouasse l’ami Ezekiel !
- Ouais, c’est génial, déclara Arzhiel en se grattant le fondement. Sinon, tout s’est bien passé durant mon absence ? Rien de particulier ? Pas de problème, d’ennui, de fuite de la populace ou autre ?
- Non, non, non, réfléchit Elenwë. Ah si ! Quelque chose ! Vorshek a incanté son premier sort ! Vous auriez vu le modeste mais bien centré trou qu’a fait sa petite boule de feu au milieu du drapeau ancestral de votre clan, c’était a-do-rable ! Vos armoiries sont nettement plus stylées d’ailleurs avec un trou dedans.
- Je me demande si vous pourriez avoir ça en commun avec elles…Bon, je vous abandonnerais bien ici jusqu’à ce que vous mouriez de faim ou qu’une bande de pillards vous trouve et vous ravage ou encore pire, je vous laisserais bien partir avec Ségodin, mais vous seriez encore capable de m’empoisonner, même dans un autre monde.
- De quoi parlez-vous ? Est-ce que ça a un rapport avec ce qui se passe à l’extérieur ? Mes plantes ont pâle mine, je soupçonne un vilain orage d’approcher.
- Rappelez-moi pourquoi vous vous rêvez ma blonde épouse ? demanda Arzhiel à Ségodin. Ah oui, c’est vrai ! Vous êtes débile…L’apocalypse, ça vous parle, couple de buses ?
- C’est pas le nom d’une chanson drow ? proposa Ségodin.

Ignorant sa soudaine envie de pendaison, Arzhiel expliqua rapidement la situation, la fin de ce monde et le mince espoir que représentait le portail dimensionnel des archanges pouvant les mener dans un lieu sûr où ils pourraient survivre et tout recommencer. Puis il réunit les derniers survivants de son Karak restés sur place, ses héros boulets, les animaux de Hjotra et toute la troupe quitta la montagne en marche forcée.
Après une semaine d’expédition à travers des plaines dévastées par les guerres, des collines infestés par les maladies, des montagnes éventrées par les cataclysmes et des souterrains hantés par des bribes d’armées ennemis, les réfugiés parcoururent les trois kilomètres qui les séparaient de leur but. Le portail se dressait au bord d’un précipice battu par les vents, sur une corniche accidentée et escarpée. Il s’agissait d’un cercle de pierre antique levé bien droit dont la surface était recouverte d’inscriptions. A ses pieds gisaient les ossements du démon qui le protégeait et que les archanges avaient un jour vaincu pour rompre la monotonie d’un dimanche après-midi pluvieux. Le lieu était absolument désert.
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MessageSujet: Re: La Saison 3   La Saison 3 - Page 2 Icon_minitimeLun 3 Déc - 0:16

Suite de l'Episode 90

- Mince alors, soupira Arzhiel. On dirait vraiment que les copains piafs sont tous morts ! Je les aimais bien pourtant ! Y avait…euh lui là…C’était quoi son nom déjà ? Et l’autre…Machin ! L’orc ! A moins que c’était un humain. Je ne sais plus. En tout cas, c’était vraiment des frères !
- Cousin, y a Brandir qui se fout à poil, dit Rugfid. Je sais qu’on est tous condamnés, mais j’aimerais vraiment mourir d’autre chose si possible.
- Mais qu’est-ce que vous foutez ? Vous n’avez pas l’impression qu’on est déjà assez traumatisés ?
- On s’en va dans un nouveau monde tout recommencer ? répondit le nain nu avec un simple casque en cuir et un couteau à la main. C’est une épreuve de survie et je joue le jeu. Seuls les plus forts vaincront dans un univers hostile où il faudra se battre pour survivre ! Je suis un guerrier, un vrai ! Cette jungle sera mon royaume !
- Vous ne voulez pas au moins régner en slip ?
- Mon pauvre Arzhiel ! intervint Elenwë en pouffant. Il n’y a que les ringards comme vous pour croire que porter des sous-vêtements à notre époque est encore à la mode !
- Svorn, activez-moi ce truc avant que je balance deux culs-nus dans le précipice.
- Pourquoi moi ? J’y connais rien, c’est de la magie étrangère. Visez la camelote ! Je ne voudrais pas voir la tronche du type qui a fabriqué ça !
- C’est moi, bande de moules ! tonna la voix d’un elfe auréolé de magie qui apparut en un éclair. Ça vous pose un problème ?

Les nains, perplexes, observèrent l’inconnu tapoter sa cape d’un geste impatient jusqu’à ce que l’aura lumineuse disparaisse.

- Vous êtes qui ? demanda Arzhiel en faisant discrètement signe à Brandir et son couteau et Rugfid et ses doigts avides d’or de s’éloigner du dos de l’elfe.
- Comment ça qui je suis ? Pfff, encore des pécores incultes ! Tremblez, pauvres tâches, car je suis Aldrien le demi-dieu !

L’elfe bomba le torse en fixant fièrement l’horizon d’un regard pénétrant. Les nains silencieux échangèrent des regards interrogatifs. Svorn chercha en vain le nom du demi-dieu dans ses gravures de mythologie. Hjotra bâilla. Une de ses brebis alla lécher les ossements du démon.

- Je comprends que le choc d’une telle rencontre vous laisse sans voix, toussota Aldrien en observant l’assemblée impassible. Comme vous le savez, je dispose de nombreux pouvoirs divins, bande de tanches, dont celui de m’assurer du bon usage de cette relique. Hum, oui, le berger là qui lève la main, une question ?
- Je ne suis pas berger, répondit Hjotra, je suis balance. Est-ce qu’un demi-dieu n’est dieu qu’un jour sur deux ou qu’il l’est seulement les jours pairs ?
- Mais non, bêta ! lança Brandir. Il n’a qu’une moitié de corps divine. Il est comme un dieu sous la taille et elfe au-dessus.
- Ohhh, murmura Elenwë d’un ton langoureux. Alors petite canaille, on est un dieu en dessous de la ceinture ?
- Autre question ! s’exclama Hjotra. Est-ce que si on assemble deux demi-dieux, ça fait un dieu complet ?
- Vous jouez les comiques ou vous nourrissez vraiment le souhait que je vous pulvérise ? tiqua Aldrien, le front ombrageux.
- Pulvérise ? répéta Rugfid. Il ne fait pas les choses à moitié, le demi-dieu !
- Taisez-vous, abrutis ! intervint Arzhiel en éloignant ses boulets pour leur parler à voix basse à l'écart. Arrêtez les vannes une minute, vous voulez bien ? Si ce guignol se prend pour un demi-dieu, on s’en secoue tant qu’il nous active le portail ! N’allez pas me le vexer, il a l’air d’avoir autant de patience que de poil sur le torse : zéro !
- Je vous signale que j’entends tout ce que vous dites, lança Aldrien après s’être raclé la gorge. Alors comme ça, bande de quiches, vous voulez utiliser le portail pour fuir ce monde ? Voyons voir si je vous ai sur ma liste de VIP (Valables Initiateurs du Portail) ?

L’elfe divin fit apparaître un parchemin translucide d’un claquement de doigt.

- Voyons…Arzhiel et sa clique, c’est ça ? Les…les Boulets Suprêmes ? C’est ça le nom de votre équipe de héros ? Sans déconner ? Vous étiez ivres le jour où vous avez choisi le nom ? Oui, en même temps, demander à des nains s’ils étaient ivres…
- Alors, pardon, messire 50-50, répondit Arzhiel, vexé. Mais c’était plutôt une sorte de punition afin de qu’ils comprennent la portée de leurs erreurs et que ça les motive à devenir moins nullos.
- Et ça a marché ?

Arzhiel observa ses guerriers, Hjotra qui jouait avec un castor, Brandir qui faisait des pompes, son couteau entre les dents, Rugfid qui urinait sur le portail et Svorn qui se libérait du stress de l’attente en torturant plus loin un gobelin emmené avec lui.

- C’état quoi la question déjà ? marmonna le seigneur de guerre, mal à l’aise.
- Mouais. Bon je vous ai sur ma liste, bande de caves. Je viens de parcourir votre historique, c’est pas grâce à vos coups d’éclat que je vous laisse passer, hein ! Heureusement que le sacrifice de vos alliés archanges fait un peu peser la balance. Non le berger, on ne parle pas de vous…Là où je vous expédie, c’est pas la fête du village ! A mon avis, vu les méchants qui vous attendent sur place, dans une semaine, vous crevez dans un fossé avec toute votre compagnie.
- Tout de suite, on se sent bien mieux avec des encouragements divins…
- Bof, pour ce que j’en dis, commenta l’elfe en haussant les épaules. Préparez-vous, je vous allume l’engin. Faites risette, passez l’anneau et dites merci à papa. Les dieux vous remercient d’avoir choisi leur compagnie en ce monde et dans le suivant.

Aldrien manoeuvra l’arche de pierre qui crissa en s’activant, illumina les environs d’une vive lueur dorée et engendra une faille immatérielle en lévitation en son centre. Un à un, les survivants passèrent l’anneau et disparurent dans une gerbe d’étincelles. Arzhiel resta en retrait pour surveiller ses gens et aussi aider Hjotra à pousser l’âne qui ne voulait plus avancer, sous l’œil circonspect du demi-dieu.

- Quand vous parliez de mon historique, confia le nain à l’elfe une fois qu’ils furent seuls, c’était pour me charrier, non ? Parce qu’à la base, j’ai monté le Karak pour restaurer mon honneur bafoué. Les dieux ne me font aucun signe, j’en déduis que je ne suis pas encore absous.
- Et vous vous demandez combien il vous reste en pénitence ? Je sais pas trop, ça vit combien de siècles un nain ?
- Oh, allez, sans rire ! Vous me devez bien ça. Si je n’étais pas là, c’est vous qui devriez gérer tous mes boulets lâchés dans la nature !
- C’est clair qu’ils nous sont carrément plus utiles réunis sous la même bannière…Mais entre-nous, mon vieux, l’absolution et la rédemption, ce n’est pas pour demain !

L’elfe poussa Arzhiel dans le passage d’un coup de pied dans le derrière et éteignit le portail en ricanant.

- Oh l’autre ! L’absolution ! Et pourquoi pas une place dans l’équipe des dieux aussi ?

Amusé par sa blague, le demi-dieu se téléporta loin du passage dimensionnel. Pour savourer sa bonne humeur, il décida d’aller châtier quelques pirates en sifflant un air guilleret.
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