Karak Vanne, signé Arzhiel
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Karak Vanne, signé Arzhiel

Forum de l'oeuvre littéraire d'Arzhiel.
 
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 La Saison 3

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Eidhir
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Eidhir


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MessageSujet: La Saison 3   La Saison 3 Icon_minitimeDim 2 Déc - 21:13

Episode 61 - Prologue

- Karak quoi ? répéta le chevalier errant. Et puis c’est quoi un Karak ?
- Dîtes donc, c’est vrai qu’ici c’est la cambrouse mais vous venez d’où pour pas savoir un truc pareil ? D’un autre continent ? Un Karak, c’est une citadelle naine planquée dans une montagne. C’est là où je bosse. Je suis l’espion attitré du seigneur Arzhiel.

Le métis nain frappa fièrement sa poitrine avant d’esquiver de justesse un paysan pris de nausées qui jaillit de la taverne du village. L’espion retint la porte et invita son nouvel ami à entrer.

- Vous m’avez bien dit que vous n’aviez plus de situation ? demanda-t-il en s’asseyant à une table dans la salle bondée de fermiers profitant de la fin d’une journée de labeur.
- J’étais au service d’un seigneur, répondit l’humain, mais nous ne partagions pas la même notion de loyauté et nous nous sommes séparés.
- C’est-à-dire ?
- J’ai tapé dans la caisse, il m’a viré.
- Oh, ça c’est rien ! Moi je le fais tout le temps au Karak, j’ai toujours mon poste ! Nous les nains, derrière notre aspect engageant et charmeur, sommes de vrais frères d’armes. Je peux vous dégotter un travail au Karak en vous pistonnant, vous savez. On est ouverts et souples. Depuis l’an dernier, on laisse rentrer les chiens et les humains. Ça le fait ?!
- Mais il est comment votre seigneur Ariel là ?
- Euh, Arzhiel, rectifia l’espion. Il ne va pas tarder à arriver, vous pourrez le voir. A cette heure-ci, le concours de boustifaille doit être terminé et la troupe va venir fêter ça en se retournant la tête ici. A la vallée, c’est toujours plus sympa niveau ambiance, on finit toujours pas se foutre sur la gueule avec les pécores du coin.
- C’est…intéressant.
- Que dire sur Arzhiel ? Il grogne, il râle, il peste et il se plaint, mais en dehors de ces qualités de nain, sa principale tare, c’est son épouse. C’est une elfe.
- Sérieux, une elfe ? Avec les oreilles et les os tout saillants et tout et tout ?
- Et une sorcière puissante en plus, se lamenta le demi-nain. Arzhiel l’a eue en récompense d’une quête dans sa jeunesse. Elenwë, c’est son nom. Il croyait que c’était un artefact magique qu’il pourrait revendre. Du coup, il a du l’épouser et il s’est fait bannir pour ça. Il a monté son Karak dans la région avec l’elfette. Elle est blonde, aime la salade, change tout le monde en bestiole et traite les autres comme la poussière qu’elle écrase sous ses pas.
- Ah oui, je vois, acquiesça le chevalier. Une elfe, quoi.
- C’est ça. Oh, j’oubliais ! Elle est enceinte et attend un héritier. Un métis comme moi. A mon avis, ils lui jèteront plus de pierres que moi à sa naissance au lardon. Svorn a juré de lancer cent quarante malédictions si on ne sacrifiait pas le bébé et ses parents à Gazul.
- Gazul ? Svorn ?
- Gazul, c’est le boss au-dessus de notre boss Arzhiel. C’est le dieu nain des morts et patron des cordonniers je crois. A vérifier quand même, j’ai un doute. C’est peut-être celui des teinturiers…Et Svorn, c’est le haut prêtre, le chef religieux du Karak. Il forme et mène les lanceurs de runes au combat. C’est un vieux qui renarde comme un pagne d’orque, chauve et complètement hystérique. Il hait les autres races, il déteste ses comparses et rêve de renverser Arzhiel pour prendre le pouvoir. Attendez que je retrouve mes fiches…Il aime la torture, asservir, brûler et la broderie.
- Ça donne envie de devenir son ami, ironisa le chevalier étranger.
- N’y comptez pas trop. Les humains, c’est pas sa tasse de bière. On en a un dans l’état-major, il ne peut pas le blairer.
- Vous comptez un humain parmi les vôtres ?
- Ségodin, oui, répondit l’espion en se jetant sur le pichet de vin apporté par la serveuse. Un chevalier aussi. Tout grand, niais, bourgeois, un peu tapette. On l’a embobiné en lui faisant jurer loyauté à Arzhiel parce qu’il était amoureux d’Elenwë, son épouse. Ouais, il est un peu bizarre et pas mal pathétique. Mais on l’aime bien avec les copains. L’ennemi le vise toujours en premier à la bataille comme il dépasse un peu de nos rangs, ça nous permet d’avancer à l’abri.
- Et niveau bataille justement, interrogea le guerrier errant. Vous maîtrisez un peu ou c’est le cirque ?
- Plutôt les deux, reconnut le nain après mûres réflexions. On appartient à une alliance d’archanges faucheurs d’âmes réunis sous le culte des dieux de la mort, ça gère pas mal. Et puis l’image de la mort est quand même très porteuse et communicative à notre époque. Ça préserve un peu le mystère et l’illusion.
- Quelle illusion ?
- Qu’on est des billes. Enfin, je sais pas trop pour les autres archanges, mais nous on mouline sévère. Prenez notre capitaine des guerriers. C’est Brandir, un berserker dont la seule aspiration est de claquer dignement au combat pour honorer son nom. C’est une vraie chèvre. La nature s’est avérée bien trop cruelle avec lui, même les dieux n’osent pas le regarder de peur que ce soit contagieux. Son truc à lui, c’est buter des orcs et collectionner les orteils de ses victimes. Je ne sais pas d’où lui vient sa fixette sur les pieds ni ce qu’il fait avec en cachette. Heureusement il n’est pas méchant entre deux crises de furie meurtrière. C’est d’ailleurs le favori au concours de ce soir. Il remporte le titre depuis cinq ans maintenant. La seule fois où il a perdu, c’est quand le cuistot avait mis une feuille de salade en déco dans son auge. Ça lui a coupé tous ses moyens. Un légume vert ! J’en frissonne encore d’horreur.
- Ils ont quand même l’air spéciaux vos amis, murmura l’étranger en sirotant son vin.
- Ah non, mais jusque là, c’était rien ! lança gaiement l’espion. Notre champion toute catégorie en débilité légendaire, c’est Hjotra, l’ingénieur. C’est lui qui se charge des machines de guerre. Il est capable de démonter une baliste les yeux fermés mais je l’ai vu enfiler trois fois d’affilée son pantalon à l’envers. Il affectionne les bêtes qu’il recueille dans son atelier et a une peur panique de enfants. Arzhiel a inventé le grade de boulet suprême en partie pour lui. C’est pas facile de vous expliquer son cas. Hjotra…il faut le vivre pour comprendre et encore, nous on le survit depuis des décennies et on n’a pas encore fini d’en faire le tour.
- Et bien ! ricana le chevalier mal à l’aise. Quelle fine équipe ! Vous, on peut dire que vous savez vendre votre marchandise !
- Attendez, je ne vous ai pas parlé de Rugfid, notre explorateur voleur et mythomane, cousin d’Arzhiel et qui n’a aucun sens de l’orientation ! Ou de l’éclaireur sénile, borgne et boiteux qui a déserté une fois pour vivre une histoire d’amour avec une sorcière toute moisie ! Et le fantôme du reliquaire maudit après une partie tragique de « je te tiens par la barbichette » qui attend la rédemption en réussissant à rire. Et y a aussi…Hé ! Attendez ! Où vous allez ? Pas besoin de sortir, vous pouvez pisser ici, j’ai mon urinoir portable si vous voulez. Oh, regardez qui voilà ! C’est les copains ! Le concours est fini !
- Mais arrêtez de faire la tronche ! maugréa Arzhiel en poussant Brandir boudeur dans la taverne. C’était un duel loyal. Y a pas de honte à craquer à son cinquième porc rôti !
- J’arrive pas à croire que j’ai perdu ! pleurnicha le berserker. Ce trophée en forme de côtelette va drôlement me manquer au-dessus de mon lit ! Et dire que j’ai paumé face à une elfe !
- J’avais un léger creux, déclara pompeusement Elenwë en massant son ventre arrondi.
- On ne peut pas lutter contre les femmes enceintes niveau bouffe, philosopha Hjotra. C’est comme les cochons et les écureuils, ça mange de tout, c’est omnisport.
- Omnivore, rectifia Arzhiel en levant les yeux au ciel. Allez trouver une table, je vais chercher Svorn dehors. Il doit avoir fini de monter son bûcher pour cramer ce pauvre bouseux qui lui a souhaité bonne soirée.
- En même temps, c’est mérité, souligna Rugfid. Le paysan l’a provoqué. Il l’a regardé dans les yeux en lui adressant la parole.
- Hé ! Seigneur ! Attendez !
- C’est vous l’espion ? Je vous croyais agonisant, atteint de la fièvre rouge. J’ai bien reçu votre missive d’inaptitude mal imitée la veille du départ au combat.
- Ah…euh…Non en fait, c’était celle du neveu de la sœur de mon père et euh…oh, regardez ! Un drow volant dans le ciel là ! Mince, il est parti. De quoi on parlait déjà ? Ah oui, j’ai rencontré un gars super pour se joindre à notre état-major, un grand chevalier collecteur d’impôts je crois. Il est là…Tiens, il y est plus…Humain ? Ouhou, humain ? Arf, il a disparu, je comprends pas…La pression du poste sûrement…
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Eidhir
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MessageSujet: Re: La Saison 3   La Saison 3 Icon_minitimeDim 2 Déc - 21:13

Episode 62 – L’Interrogatoire

Le chef des éclaireurs pénétra à pas vifs dans la grotte investie par ses semblables et s’enfonça dans un tunnel humide qu’il suivit jusqu’à un coude étroit gardé par deux soldats. Un hochement grave du premier lui confirma la présence de ce qu’il était venu chercher. Les deux sentinelles pivotèrent, laissant apparaître au loin un nain enchaîné surveillé par un mage.

- C’en est donc un ? interrogea-t-il en observant Hjotra en pleine conversation avec une mouche posée sur son épaule. Il appartient vraiment aux troupes du Karak d’Arzhiel ? Si vous m’avez encore chopé un planteur de carottes de la vallée qui n’aligne pas trois mots, je trace ma prochaine carte sur le cuir de vos miches !
- Non, mais cette fois c’est bon, répondit le mage. En plus, je crois que c’est pas qu’un simple troufion, il possède une médaille mystérieusement gravée B.S. C’est soit un gradé, soit un bourge !
- Hum…Il a parlé ?
- Euh…C’est-à-dire qu’on connaît son nom et celui de douze de ses animaux familiers…
- Non, treize, rectifia un garde. Il nous a aussi parlé de sa chèvre pendant votre dernière pause.
- Il prétend être ingénieur ou éleveur, on n’a pas bien compris son explication. Il a aussi beaucoup chanté. Un moment, il nous a parlé de l’état-major d’Arzhiel, puis il s’est endormi en sursaut. C’est un dur à cuire, à mon avis. Ou alors il abuse des herbes.
- Vous l’avez capturé comment ? Après un rude affrontement ?
- Même pas. On l’a chopé alors qu’il s’éloignait du groupe qu’on suivait. On lui est tombé dessus dans les buissons. Mais en fait, on n’aurait dû attendre un peu…C’était la grosse commission.

Le chef des éclaireurs fronça les sourcils devant les visages blêmes et tremblotants de ses hommes à l’évocation de ce pénible souvenir, puis s’avança vers le prisonnier.

- Nain ! Si tu veux un jour revoir les tiens, tu vas…Hé ! Ho ! Par ici ! C’est moi qui parle, laisse donc cette mouche tranquille !...Je disais que tu es notre captif et que ta vie est entre nos mains. Nous avons des questions à te poser afin de percer les secrets de ton Karak car notre seigneur est ennemi du tien et…
- C’est de la belette ou du furet votre toque ? demanda Hjotra.
- Silence ! C’est moi qui pose les questions ici ! En plus, c’est débile, on voit tout de suite que c’est du castor.
- J’en avais une un peu pareil. Mais on me l’a volée. Elle était classe et sexy, ça rendait les copains jaloux. Faites gaffe avec la vôtre.
- Il fait le malin ou il est attardé ? demanda le chef à ses hommes.
- On sait pas trop en fait. Il nous a récité quinze chants de guerre, trois recettes de soupe et de gratins et cinq manières différentes de monter un bélier d’affilée mais il a mis deux jours pour comprendre qu’on était des ennemis.
- Ouais je vois ! Vous m’avez encore ramené l’idiot du village ! Nain ! Tu vas tout de suite nous dire quels systèmes de défense protègent l’accès à ton Karak, ses effectifs, ses corps de soldats, l’emplacement des tours et des donjons, celui des pièges ainsi que les plans complets de la citadelle !
- J’ai rien compris à la question, avoua Hjotra en faisant la moue. Vous voulez pas jouer aux osselets plutôt ? Je suis nul aux charades.
- C’est avec tes os qu’on va jouer si tu refuses de nous livrer en détail les secrets de ton clan !
- Je peux aller faire pipi, s’il vous plait ? demanda le nain après un court silence.
- Ta vessie va être le cadet de tes soucis quand j’en aurais fini avec toi, asticot !
- Non, sérieux chef ! intervinrent les gardes. Laissez-le pisser par pitié ! Il nous a déjà demandé hier et on a aussi refusés…Je vous promets que j’avais jamais vu une implosion urinaire de ma vie et…et…

Le soldat ne supporta pas le choc et s’en alla dans le tunnel en pleurnichant, les mains plaquées contre ses tempes en réflexe défensif primaire.

- Je reconnais que tu es fort, nain, fit le chef en évitant soigneusement la flaque encore humide devant lui à la nature enfin découverte. Mais ton esprit sera impuissant à déjouer l’hypnose de mon camarade. Vas-y, fais-le parler !

Le mage afficha un sourire sinistre et commença à hypnotiser Hjotra grâce à ses sombres sortilèges. Le nain ne résista effectivement pas et fixa le plafond, le regard étrangement vide.

- Maintenant, tu vas répondre à mes questions ! Toutes tes réponses devront être véridiques ! Quel est le nom de ton Karak ?
- Véridiques.
- De combien de guerriers dispose ton seigneur ?
- Véridiques.
- Bon, on laisse tomber l’hypnose, trancha l’éclaireur dépité en écartant le mage. On va fouiller dans ses affaires à la recherche d’un indice. Voyons voir le contenu de son sac…Un pied de porc, deux paires de chaussettes sales, un canevas au motif de caneton pas terminé…
- C’est un cheval, informa Hjotra en reprenant ses esprits, mais j’ai raté le bec.
- ...une rune d’insultes signé par un certain Svorn, une grenouille borgne et morte, quatre pots de pâtés de faisan, et ça ! Qu’est-ce que c’est ce truc ? Une statuette ? Une coupe ?
- Doucement ! C’est mon trophée ! C’est le prix pour le déguisement le plus effrayant remis par Dame Elenwë pour la fête d’Halloween. Je les ai tous poutré avec mon costume. J’étais déguisé en chou-fleur sauce béchamel. Ils ont tous faits dans leur culotte. Il ne faut jamais sous-estimer le terrible pouvoir des légumes verts.
- Chef, je crois qu’on peut rien en tirer. S’ils sont tous comme ça dans ce fichu Karak, moi j’y fous pas les pieds. C’est un coup à perdre la boule d’envahir des tarés de cet acabit. Ah ! Mais arrêtez ! C’est pas une raison pour me jeter cette grenouille moisie dans la tronche ! Moi aussi j’ai des sentiments !
- Silence, abruti ! C’est quoi tout ce barouf ?! Mais ça bastonne à côté !?

Le chef courut à travers le tunnel et tomba nez à nez avec une horde de nains furieux submergeant ses hommes dans la caverne et le piétinant sans ralentir. Arzhiel, dans une colère noire, ne pila qu’en trouvant Hjotra ligoté près du mage apeuré. L’ingénieur, transporté de joie à la vue de ses amis, fondit en larmes et réclama un câlin dès qu’il fut libéré.

- Ah, éloignez-vous de moi ou je vous baffe ! grogna Arzhiel. Vous croyez vraiment qu’on s’est cognés trois jours de marche forcée et de traque pour sauver vos miches flasques, bougre de sagouin ?! C’est vous qui avez les clés du Karak, bon dieu ! On est coincés dehors et Elenwë refuse de venir nous ouvrir parce qu’elle a des courbatures au mollet droit !
- Les clés ? répéta Hjotra, surpris. Mais je les ai rendues à Brandir !
- Mais pas du tout ! rouspéta ce dernier en marquant soigneusement d’une entaille chaque humain qu’il venait de défoncer. Je le saurais si je les avais, voyons ! Regardez, je retourne mes poches et…Ah, ben si en fait les voilà ! Quoi ? Pourquoi vous faîtes la gueule tous ? Ça y est ! Vous allez voir que ça va être ma faute !
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Eidhir
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MessageSujet: Re: La Saison 3   La Saison 3 Icon_minitimeDim 2 Déc - 21:13

Episode 63 – Cœur Brisé

L’un des trois conseillers qui accompagnaient Arzhiel lors du comptage hebdomadaire des réserves de champignons dans les cavernes des cueilleurs tapota nerveusement l’épaule de son chef, mais un peu tard. Elenwë se planta devant les quatre nains et invoqua d’une main, l’autre soutenant son ventre rebondi, l’équivalent d’un tonneau d’eau des Mers Arctiques aux Glaces Eternelles au-dessus de la tête de son époux. Arzhiel ne bougea même pas, trempé jusqu’à ses sous-vêtements d’à peine quelques jours.

- Les glaçons pointus m’ont fait mal, commenta placidement le nain.
- Vous êtes un porc ! s’exclama l’elfe en pleurs et en colère avant de le gifler, de fondre en larmes dans ses bras, de lui tirer la barbe violemment et de l’embrasser passionnément.
- Ne vous mariez JAMAIS ! lâcha Arzhiel, blasé, à l’attention de ses ministres hébétés.
- Je ne peux même pas vous maudire sur sept générations, enchaîna Elenwë, hystérique. Votre héritier croît dans mes entrailles et m’aligne coups de pieds sur coups de boule ! Je vous déteste, je vous crache au visage et j’ai honte pour vous ! Mais je vous aime tellement !

Cette fois, Arzhiel esquiva d’un rapide pas de côté l’étreinte furieuse de son épouse et fit diversion en lui jetant le conseiller le plus proche dans les bras. Le malheureux, peu habitué à de telles effusions elfiques, s’écroula dans une brouette de champignons proches, la bave aux lèvres et les cheveux dressés sur sa tête.

- Si vous râlez encore pour le peigne en ivoire de votre aïeule d’y a trois siècles que j’ai accidentellement paumé dans la barbe de Brandir, je vous répète que…
- Cessez cette comédie, mon tendre. Elle est là !
- Hein ? Qui ça, votre aïeule ?! Une elfe claquée y a quatre cents ans ça doit refouler sévère. Ne la faîtes pas venir ici, ça risque de gâter les champignons !
- Leîthian, vieux machin ! Leîthian, la jeunette elfe blonde très banale de votre club de loisirs des anges-bidules ! Elle est venue et exige de s’entretenir avec vous. Elle est encore toute retournée la malheureuse après que son mari ait rompu leur union. Et naturellement, c’est vers vous qu’elle vient chercher du réconfort ! C’est votre maîtresse, n’est-ce pas ?
- Leîthian ? Vous déconnez ou quoi ? C’est juste une collègue de boulot de notre…club d’angelots. Je ne m’amuse pas à recueillir et collectionner les elfettes ! C’est pas un bosquet ici ! C’est un Karak sérieux !

Hjotra passa au loin au même moment, nu et complètement hystérique, fuyant à toute vitesse Svorn qui le pourchassait avec une fourche édentée.

- Jurez sur le chapeau de ce champignon qu’il n’y a rien entre vous et elle ! s’enflamma Elenwë, ignorant la course-poursuite et saisissant un gros bolet sur le ministre renversé.
- Je jure qu’il n’y a pas davantage de sentiments partagés avec Leîthian qu’entre vous et moi.
- Même un rustraud de votre trempe ne jurerait pas avec légèreté sur sa nourriture, se ravisa la sorcière avec gravité. Je vous crois. Mais je ne vous pardonne pas pour autant. Je suis certain que votre incident avec cet orque malodorant, ce Sum Groor, lors de la cérémonie de mariage de Leîthian n’est pas indifférent à sa triste issue !
- Comme si les elfes avaient besoin d’une saoulerie entre nain et orque dégénérant en bagarre pour se conduire comme des lopettes ! grommela Arzhiel en s’essuyant et en grelottant. C’est le mariage d’un elfe avec une elfe qui est surprenant. Vous ne me ferez plus croire le contraire depuis que j’en ai vu glousser et sautiller en justaucorps moulant !

Arzhiel suivit Elenwë qui chaussa son cache-oreilles en daim pour ne pas entendre la plaidoirie sur la race elfe tandis qu’elle le menait jusqu’à la chambre de Leîthian. La jeune elfe était déjà en pleine conversation avec Rugfid et commençait à le rudoyer alors qu’il insistait lourdement dans son offre de rachat au rabais de son alliance de mariage.

- Allez ! Je vous fais un prix d’ami ! Bon, je ne serai jamais pote avec une saleté elfe, soyons honnêtes. Mais un prix d’allié ! On en était à trois pièces de cuivre et un bouton de futal, c’est ça ?
- Rugfid, barrez-vous ou je vous lance encore les chiens aux fesses. Non, vous n’embarquez aucun bijou ! C’est une invitée ! Et en plus, c’est de la breloque, que des trucs en bois ou en feuilles tsss…
- Ah, Arzhiel ! lança l’elfe de sa voix fluette. Je suis heureuse de vous voir. Pardonnez mon arrivée impromptue. Pouvons-nous nous entretenir seuls ?
- Allez-y ma chère, l’encouragea Elenwë en s’asseyant entre-eux.
- Oui, on ne fera pas de bruit, ajouta Rugfid.
- Ah…euh, d’accord…Bon…C’est juste que je suis encore un peu sous le choc de ma rupture avec mon fiancé et que je suis venue me réfugier ici sous le prétexte d’une visite cérémoniale pour ne pas paraître affaiblie devant mes soldats.
- Il comprend, dit doucement Elenwë. C’est tout à fait naturel et normal que vous soyez fragilisée, surtout quand on sait que votre « mari » vous a quitté après avoir consommé votre union.
- Hein ? Ah non, je vous assure que nous n’avons jamais…
- Ne raconte pas de salade, sale elfe ! gronda Rugfid. A la taverne, on ne parlait que de ça et des gravures compromettantes de votre nuit de noces vendues aux colporteurs !
- Comment ?! se révolta Leîthian, choquée.
- Mais vous allez vous barrer, Rugfid ou je sonne la garde ! intervint Arzhiel.
- Ce ne sont que des rumeurs infâmantes, se défendit Leîthian. Mon fiancé ne m’a pas touchée.
- C’est évident ! la soutint Arzhiel. C’est un mâle elfe, que voulez-vous qu’il fasse avec votre paire de…Ahem, d’épées fines ? Vous ne voulez pas raccompagner Rugfid, ma colombe ?
- Je ne sais pas, répondit l’enchanteresse. Vous ne voulez pas goûter aux laves du volcan des Fournaises Infernales pour vous réchauffer ?
- Non, mais c’est bon, restez avec nous, c’est plus convivial, sourit nerveusement Arzhiel. Leîthian, vous pouvez glander, euh vous reposer au Karak peinarde comme vous voulez. Oubliez votre ex, faîtes un peu de minage, ça vous détendra. Et essayez de vous trouvez un mâle la prochaine fois. Sum Groor par exemple, je crois qu’il a le béguin pour vous…ou alors il veut juste vous dévorer.
- Sum Groor ? Mais c’est un orque et un orque c’est…
- …vert.
- Mais juste ! lança gaiement Rugfid depuis la porte avant de partir en courant quand un tabouret vola dans sa direction.
- Mais il est lourd lui ! rouspéta Arzhiel. Rassurez-vous, Leîthian. Je vais vous coller deux berserkers muets et fanatiques devant la porte, aucun taré de cette montagne ne viendra vous perturber. Ils dézingueront tous les comiques qui pointeront leur nez, promis !
- Comment allez-vous faire pour venir la voir durant la nuit alors ? demanda Elenwë d’un ton soupçonneux en fixant son mari de son regard le plus sombre.
- Génial, soupira Arzhiel avec un sourire nerveux. Deux elfes dans mon Karak, une dépressive et une psychopathe. Je sens que je vais partir en guerre quelques mois moi, tiens.

Arzhiel et son épouse se levèrent et s’apprêtaient à quitter la chambre de Leîthian quand la jeune elfe retint timidement le bras du nain tandis que sa femme incantait déjà son sortilège de Foudres Mystiques à la vue de ce contact familier.

- Vous allez vraiment tenir éloignés tous vos sujets ?
- Balisez pas, ils sont bizarres au premier abord mais pas vraiment méchant. A part Svorn, mais ça se passera bien si vous évitez de croiser son regard, ne réagissez pas aux cailloux qu’il vous lancera et ignorez ses insultes sur votre famille.
- Oh, fit l’elfe comme si elle était déçue. Vous pensez quand même que je pourrais revoir votre adorable ingénieur si craquant qui faisait son footing nu tout à l’heure dans la cour ?
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Eidhir
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MessageSujet: Re: La Saison 3   La Saison 3 Icon_minitimeDim 2 Déc - 21:13

Episode 64 – Le Projet Secret

Arzhiel bailla à s’en décrocher la mâchoire, une main glissée sous son pantalon grattant son entrejambe et l’autre lui curant l’oreille. Il se déshabilla en refermant la porte de la chambre derrière lui, récupéra un morceau de champignons retrouvé dans sa barbe, l’enfourna d’une pichenette, tapota son ventre bedonnant, joua quelques secondes à pincer ses bourrelets en faisant parler son nombril d’une voix grotesque, puis s’avachit enfin sur le lit conjugal.

- Quoi ?
- Non, rien, répondit Elenwë qui le fixait d’un air perplexe. J’admirais combien la vie de couple vous embellissait avec les ans.
- Oh, ne commencez pas à venir me chatouiller, j’ai eu une pire journée, je suis cisaillé de fatigue et va falloir que je pionce avec une elfe encore plus bidonnée que Brandir.
- Si je n’avais pas tant besoin de quelqu’un pour me frictionner les pieds toutes les deux heures, je vous enverrai volontiers partager la compagnie des carnes aux écuries !
- Et pourquoi pas ? Les destriers ne font pas fleurir ma barbe de coquelicots quand je refuse de les chevaucher eux, au moins !
- Arzhiel ! Dites tout de suite pardon au bébé pour avoir insulté sa mère !
- Pardon bébé, grommela le seigneur de guerre d’une voix débile en tordant son nombril. J’aurais du m’enivrer davantage le jour où j’ai choisi celle-là pour te servir de mère.

Les hurlements et bruits d’explosion de meubles pulvérisés par éclairs magiques qui suivirent manquèrent d’étouffer les coups frappés à la porte.

- Quoi ?! cria Arzhiel en ouvrant la porte, des fleurs plein la barbe. Qui vient donc me les briser à cette heure-ci alors que je me repose avec mon épouse ?! Hein ? Magistrat ?
- Bonsoir, monseigneur, déclara l’humain responsable de l’ordre aux villages de la vallée. Navré de vous déranger. Je vous ramène votre cousin. Mes gars l’ont chopé tandis qu’il volait des poules dans une ferme. Faites pas attention aux blessures, le coq lui avait déjà réglé son compte.
- Il doit être champion de l’arène des coqs de la région, se justifia Rugfid, retenu par le magistrat. Je ne vois pas d’autre explication !
- Vous avez braqué des poules ?! éructa Arzhiel. Non mais vous êtes barré ?! Merci, magistrat. Vous aurez qu’à m’envoyer l’amende avec les deux autres de cette semaine.
- Sérieux, faut enrôler ce coq, déclara Rugfid quand l’humain partit. Il vise direct les noix et après il vous achève au sol en vous tirant les poils avec son bec !
- Je m’en vais vous les tirer les vôtres de poils, espèce d’empaffé !
- Et quand c’est moi qui propose, je passe pour une obsédée…commenta Elenwë, derrière.
- Braquer des poules ?! Mais qu’est-ce qui cloche chez vous ?! Vous êtes officier dans mon état-major et explorateur du Karak ! C’est le pire plan que vous m’ayez fait après avoir voulu vendre des faux mouchoirs usagés dédicacés par Gazul et monter cet absurde spectacle de danse elfique avec Brandir !
- A sa démarche chaloupée, on aurait pu croire qu’il valsait bien…Je suis à peu près sûr que c’est son pas de danse du cabri guilleret qui a provoqué cette malheureuse émeute au bourg.
- Mais ne répondez pas ! Je vous passe un savon !
- Vous dîtes ça parce que je sens la poule clamsée ?
- Mort de rire ! Vous avez bouffé Hjotra ou quoi ? Non, mais c’est pas possible que mon boulet de cousin de soixante piges me fasse sa crise d’ado ! Si vous voulez des sensations nouvelles, essayez de réussir une mission que je vous confie pour changer.
- Non, c’est pas pour ça, bougonna le nain. Je voulais juste me faire un peu d’argent. Je connais un roublard gobelin qui me donne deux pièces de cuivre par poule. J’essayais de réunir une grosse somme par mes propres moyens sans avoir à vous demander, cousin.
- On peut dire que c’est râpé, mon vieux ! Vous voulez un double des amendes que m’envoie le magistrat ? La nouvelle statue en bronze sur la place du marché des bouseux, elle vient de ma bourse, nigaud !
- Pas de regret alors. Elle est drôlement moche mais c’est très pratique comme point de repère quand on sort de l’auberge complètement torché.
- Si je bute mon propre cousin, c’est un coup à être encore maudit sur dix ans. Par contre, si je propose un spectacle de lynchage auprès des pécores que vous harcelez, y aura moyen de réunir votre pognon.
- Ouais, c’est génial ! Et s’ils n’ont pas de monnaie, ils vendront votre statue ! Terrible !
- Je suis fané, énervé, ruiné et y a une elfe dans mon plumard. Finissons-en ! C’était pour quoi faire cet argent ?
- Un projet secret, cousin. La dernière fois, à l’auberge du crapaud vérolé, je faisais le point sur ma vie entre deux tournées. Ça m’a refilé le bourdon pour la soirée, j’ai eu du mal à cuver après, vautré dans l’enclos des porcs où je dors toujours. Admettons-le, je ne suis pas doué comme explorateur.
- Sans déconner ? Réussir à vous perdre en traversant la cour de la citadelle en plein jour, c’était pas un signe suffisant pour vous ?
- J’avais oublié de compter mes pas ce jour-là, ça arrive. Non, mais je crois que je ne suis pas un bon guerrier aussi et ça me travaille. Vous en pensez quoi ?
- Que vous êtes un gros nullard, répondit Arzhiel en haussant les épaules. Mais ça surprend qu’au début, vous verrez. Rien ne change après et du coup, on s’habitue.
- Donc j’ai pensé à mon projet : fonder une école spéciale et apprendre aux jeunes ce que je sais faire le mieux afin d’être enfin utile à la communauté !
- Vous savez, ramassez le crottin des bouquetins de guerre ou boutonner sa veste les yeux fermés, c’est quand même à la portée de tout le monde.
- Non, je pensais à une école de vols, d’arnaques et de plans bien louches ! Avec des intervenants extérieurs comme Svorn pour le cours de fausse monnaie, il a déjà un atelier planqué sous son temple. Ou une section stratégie et tactique de mauvais coups animée par Hjotra et Brandir ! Le cours de mensonges et tromperies enseigné par Ségodin comme quand il nous joue du pipeau en racontant ses dernières aventures chevaleresques alors qu’il était coincé dans sa chambre durant trois jours à cause de la coulante ! J’ai même un nom pour mon projet : La Starnaqu’adémie !
- Laissez-moi deviner...Le prof de plans foireux et projets débiles, ce sera vous ?
- Attendez, cousin ! On peut se faire un paquet de pognon avec ça ! On fait participer la populace ! Chaque fin de semaine, on monte un spectacle en public où chaque élève fait son numéro : vol de bourse, évasion d’une geôle, bobard monstrueux ou course-poursuite avec les gardes. A la fin, on les fait voter pour éliminer le plus mauvais en leur collant un impôt bien crade sur le vote et l’élève perdant est pendu devant la foule !
- On pourra voter contre les profs ? interrogea Arzhiel avec ironie.
- Moi je trouve ça festif et convivial, lança Elenwë. Par contre, j’ai du mal à voir l’intérêt pour la communauté…
- Bah si ! s’exclama Arzhiel. Fonder le premier Karak racailleux gorgés de petites frappes, de tire-laines, de coupe-jarrets et d’une population abrutie par un spectacle futile et pathétique !
- En même temps, on s’en fiche du moment que les élèves sont mignons et que les costumes sont jolis, conclut l’elfe.
- Alors, cousin ?! Vous en dîtes quoi ?! Je peux avoir mes cinq mille pièces d’or ?
- Cassez-vous avant que je vous envoie au cours de torture et de séjour en oubliette ! hurla le seigneur de guerre en éjectant son cousin dans le couloir. Et trouvez-vous un job pour me rembourser, espèce de parasite ! La Starnaqu’adémie ! Pfff ! Jamais ça marcherait ! Qui serait assez idiot pour regarder un spectacle du style ? Et pourquoi pas des élèves qui chantent aussi !
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MessageSujet: Re: La Saison 3   La Saison 3 Icon_minitimeDim 2 Déc - 21:14

Episode 65 – Le Maître de Jeu

Le vacarme qui avait animé le banquet d’un bout à l’autre de la soirée avait fait place au concert de ronflements qui s’élevaient des rangs des nains endormis sur les bancs, par terre ou dans leur gamelle. Les yeux dans le vague et la bassine à portée de main, Arzhiel reprit ses esprits quand une boulette de pain expédiée d’une pichenette par Brandir l’atteint sur le nez. La fête était terminée et il ne restait debout que l’état-major du seigneur de guerre, Svorn titubant sans but une chope à la main et s’entravant dans ses camarades étalés, Rugfid leur faisant machinalement les poches, Hjotra et Brandir ayant improvisés un concours de jet de mie de pain avec pour cible la bouche de l’espion assoupi près d’eux.

- Plus de bière, plus de champi et plus de nausée…marmonna Arzhiel. On est mal, la soirée n’est même pas encore finie !
- C’est la misère ! lança Svorn en s’essuyant sur une barbe qui traînait. On se fait chier à cent sous de l’heure depuis une plombe ! Impossible de comater !
- On fait quoi ? interrogea Hjotra. On va se coucher ?
- Pas envie, ronchonna Arzhiel. Une partie d’orc’n roll nocturne, ça vous tente ?
- Ouais ! jubila Rugfid en empochant une bague en argent. Ah mais non, c’est la tempête dehors et y a un mètre de neige. Même avec les crosses en mithril, ça va être tendu de viser les buts.
- C’est bon, c’est trois flocons ! Allez chercher le matos, on n’est pas des fillettes !
- C’est-à-dire que la dernière fois, ça s’est terminé en pneumonie pour toute la troupe.
- Ça fait quinze fois que je vous le dis ! Quand ça fait froid, foutez vos cagoules !
- Non, laissez tomber, seigneur, c’est mort, avertit Svorn. Rappelez-vous. Brandir a perché la dernière tête d’orc en haut de la tourelle sud avec son tir du faucon. On peut jouer avec une tête d’elfe, mais c’est encore plus léger, y a aucun challenge.
- Je suis navré, s’excusa Brandir. J’ai trop brossé mon tir…
- Vous jouez comme un bourrin aussi ! Dès qu’on commence une activité sportive de gentlemen avec des armures à pointes et piques aux yeux autorisées, vous tapez comme une mule !
- N’exigez pas d’un berserker de la subtilité ! Jouer fin pour lui, c’est assommer avant de briser les rotules.
- On peut être guerrier et courtois en respectant l’adversaire, se défendit le champion.
- Tant pis pour les jeux d’extérieur. Un Karak & Dragons, ça vous botte ?
- Oh non ! rouspéta Svorn. L’autre fois, le combat final a dégénéré en Grandeur Nature !
- C’est vous qui aviez foutu la merde ! Vous vous êtes même barré à la fin après avoir râlé tout le long !
- Je suis nain, si je râle pas c’est que je suis mort. Et puis c’est pas possible de jouer dans des conditions pareilles !
- Quelles conditions ?
- Je vais reprendre mon perso de druide, gloussa Hjotra. Avec Appel de la Nature, je peux être entouré de plein d’animaux mignons et invoquer une loutre mutante.
- Moi je vais blinder ma compétence escamotage sur mon rôdeur, fit Rugfid. Et cette fois, j’attends pas la fin du combat pour me casser avec le butin du groupe.
- Ce genre de conditions…dit Svorn d’un air las. Je peux pas faire le Maître de Jeu ce coup-ci ?
- Non, c’est bon ! s’exclama Arzhiel. On a testé une fois. Vous nous avez tous butés dans l’auberge de départ avec un dragon séculaire qui a ensuite torturé nos cadavres avant de les brûler et de les manger. En plus, faut que je vérifie cette règle comme quoi le souffle ardent ne touche uniquement que les joueurs ayant une fonction seigneuriale dans la vraie vie…Allez, décollez vos miches de là, on va chercher le jeu. Il est dans ma piaule.

Les nains progressèrent dans les couloirs silencieux et parcoururent les derniers mètres menant à la porte de la chambre conjugale sur la pointe des pieds, pâles de peur et tremblotants.

- Inutile de vous préciser qu’Elenwë pionce à l’intérieur et qu’elle n’est pas vraiment jouasse quand on la réveille en plein milieu de la nuit, pour un malheureux pet qui soulève les couvertures ou pour autre chose, chuchota Arzhiel. Si elle nous tope, ce sera pire que la fois où Brandir a improvisé une danse du ventre en plein repas !
- Oh non, dîtes pas ça, cousin ! râla Rugfid, écoeuré. Voilà, c’est malin, Hjotra pleure maintenant. Rentrez, on vous couvre !
- Et pourquoi moi ?! C’est moi le patron, après tout ! Brandir, Hjotra, allez-y !
- Je ne peux pas, seigneur, j’ai une dispense de mon guérisseur.
- Moi j’ai un mot d’excuse de ma mère.
- Ah bravo le soutien ! Tssss ! Je vais vous coller deux trois monstres élites bien crades dans la tronche pendant la partie, ça va vous faire moins marrer ! Bon, ben, j’y vais…Hé ! Attendez au moins que je regarde ailleurs avant de tourner les talons. Attention, j’ouvre !

Arzhiel tourna lentement la poignée et ouvrit la lourde porte ouvragée. Dans les ténèbres opaques chargées d’une puanteur tenace d’infusion de plantes et de parfum féminins capiteux régnait une chaleur étouffante qui prenait à la gorge. Les nains épièrent la respiration régulière et faible de l’elfe endormie, épouvantés et se serrant les uns contre les autres.

- J’ai connu l’antre d’une couvée de mygales géantes qui ressemblait un peu à ça, en 63, quand j’étais un jeune aventurier, commenta Svorn à voix basse.
- C’était avant ou après notre ère ? interrogea Rugfid.
- Moi mon air il pue la racine ! fit Hjotra, les mains plaquées sur le visage.
- Dites ? Vous pensez qu’il va réussir son jet de Déplacement Silencieux, le MJ ?
- Fermez-la, bon dieu ! pesta Arzhiel. Si on réveille cette mygale-là, elle nous dévore directe ! Et croyez-moi, quand elle vous gobe, elle met bien les dents !

Arzhiel inspira profondément, toussota les vapeurs abominables de fleurs, puis marcha tout droit en direction de son armoire, à l’autre bout de la pièce sous le regard pressant de ses camarades. Le seigneur de guerre allait finalement l’atteindre lorsqu’il se prit les pieds dans la peau d’ours et heurta bruyamment la commode.

- Echec critique ! commentèrent les nains sur le pas de porte. Jet de Sauvegarde pour voir si le monstre est réveillé !
- Huuuuuuuuum ? marmonna la voix endormie d’Elenwë. C’est vous, mon gros barbu ? Vous tombez bien, j’ai les fesses toutes contractées. Venez me les frictionner avec le gant en crin !
- Aie ! Vous croyez qu’il lui reste un point de destin pour se tirer de ce mauvais pas ? demanda Rugfid.

Les nains s’interrogèrent du regard une courte seconde puis Svorn ferma lentement la porte en mettant plusieurs coups de clé tandis qu’Arzhiel se précipitait, apeuré, vers la sortie.

- Non, répondit le haut-prêtre en remontant le couloir, son sourire s’élargissant à mesure que s’élevaient les hurlements d’horreur d’Arzhiel dans leur dos.
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MessageSujet: Re: La Saison 3   La Saison 3 Icon_minitimeDim 2 Déc - 21:14

Episode 66 – Leçon d’Amour

- Moi j’aime pas les planques.
- Merci de ce commentaire constructif et ô combien intéressant, répondit Arzhiel en jetant un regard en biais à Svorn.
- En même temps, ajouta Hjotra, c’est vrai qu’on se gèle les grelots, qu’on s’ennuie plus que pendant les concours de poésies d’Elenwë et que si c’est pour glander, on serait mieux à la maison, c’est toujours plus facile de jouer à domicile.
- Oui, mais on est là ! Et en plus on la ferme ! J’y peux rien si la seule licorne légendaire du pays vit dans le trou de balle de la région et qu’elle ne se montre qu’une fois par siècle pendant une minute. Si on veut choper sa corne magique, on campe, on attend et on surveille. Dès que la bestiole se pointe, tac, on l’emplâtre et on lui braque sa corne ! Prenez exemple sur Brandir tous les deux. Il est à l’arrêt comme un limier et ne couine pas toutes les minutes.
- Il ne surveille pas l’ennemi mais le retour de Rugfid avec les provisions, marmonna Svorn.
- Tiens, c’est vrai qu’il est parti depuis un moment celui-là ! Je me demande bien ce qu’il glande !
- Y a une fumée là-bas. Cherchez pas, il se tape les victuailles en solo. Vous allez le voir se radiner dans un quart d’heure avec du gras plein la barbe et une histoire bancale de gang de lutins rançonneurs de bouffe.
- Les lutins existent pour de vrai ! protesta Hjotra. C’est l’un d’eux qui m’a donné le pouvoir de communiquer avec les corneilles et les sauterelles.
- Vous pouvez parler avec les corbeaux ?
- Techniquement oui, sauf que je pige pas bien l’accent de ceux du coin en fait.

Svorn trouva un moyen de tuer le temps en jetant discrètement des petits cailloux à la tête de Hjotra qui croyant que les lutins se vengeaient de lui pour avoir révélé leur secret demandait pardon à chaque insecte qu’il croisait. Arzhiel se désintéressa de ces deux compagnons et se tourna vers Brandir, pensif et en pleine réflexion. La panique le saisit aussitôt à l’idée qu’il puisse réfléchir.

- C’est à cause de ma nouvelle fiancée, avoua finalement le guerrier réputé aussi incapable de sentiment que de réflexion, ce qui choqua le petit groupe.
- Comment ?! Vous avez une fiancée vous ?! Je croyais vous avoir interdit les babioles magiques pour séduire les filles, bon sang ! C’est pas vous qui gérez les plaintes des parents après !
- Pas besoin de ça ! se défendit le berserker. C’est grâce à mon charisme naturel et mon magnétisme animal.
- Vous partagez beaucoup avec les animaux, mais certainement pas le magnétisme.
- Du charisme ! se moqua Svorn. Vous ressemblez à un glaviot de troll ! Elle est myope ou traumatisée votre copine ! Hé ! Mollo avec la hache, vous avez failli me trancher une moustache ! C’est bon, j’ai rien dit. Oh lala ! Pour ce que je m’en cogne de votre pisseus…de votre bonne amie.
- Rasseyez-vous, nom de nom ! beugla Arzhiel. On va se faire repérer ! Expliquez-nous votre souci, Brandir. Et rangez cette hache, vous foutez du sang de Svorn sur mes bottes neuves !
- Je me perds dans ma tête quand j’y pense, dit le guerrier tout penaud. Seigneur, comment on fait pour demander à une fille de lui pondre un héritier ?
- Euh alors pas comme ça déjà. Même si c’est la même que vous en face, je suis pas sûr que ça passe présenté comme ça. C’est quoi son nom ?
- J’sais plus. C’est important pour la copulation, vous croyez ?
- Mais attendez ! Vous êtes amoureux ou vous voulez juste une mère porteuse ?
- Bah, j’en sais trop rien. C’est juste que depuis que j’ai retrouvé mon âme, je vais pouvoir réaliser mon rêve de me faire buter en combat mais je me dis que ce serait bien de laisser un ptit Brandir derrière et tant qu’à faire, je voudrais que ce soit avec cette fille-là.
- Une bien noble aspiration.
- Moi j’aime pas les mômes, déclara Hjotra avec un frisson de dégoût.
- Moi j’aime pas les planques avec les tapettes sentimentales, rajouta Svorn.
- N’écoutez pas ces deux nigauds, fit Arzhiel en leur administrant une taloche sur l’arrière du crâne. Parlez-moi de cette fille. C’est quoi la qualité principale que vous lui trouvez ?
- Elle est pratique, répondit Brandir après une courte mais intense introspection.
- Pratique ?! On ne dit pas ça d’une fille ! C’est pas votre besace ou votre gourde !
- Traitez pas ma fiancée de gourde !
- C’est vous que je traite de gourde, ahuri ! Arrêtez de vous marrer tous les deux ou je vous tapote encore ! Brandir, reprenons. Quel effet elle vous fait quand vous la voyez ?
- J’ai des nausées de bile, j’ai les tripes qui dansent comme celles des prisonniers que Svorn torture…
- Vilain flatteur ! rougit ce dernier.
-... je brunis mes fonds de culotte et je lâche de séries de gaz immondes. Je peux faire cinq notes différentes, vous savez ?
- Passez-nous les détails ! râla Arzhiel. Alors…Dîtes à votre amie ce que vous ressentez sur le moment.
- Euh…j’ai froid aux orteils là. Vous pensez que ça va l’intéresser ?
- Pas plus que nous je suppose…
- Parti comme ça, il est pas rendu le fiston Brandir, marmonna Hjotra.
- Remarquez, il a déjà réalisé un miracle en se dégottant une radasse, murmura Svorn. Un second est encore jouable. Ça doit être la marrade chez les dieux avec ce machin-là.
- Non, mais sans vouloir prendre la défense de ces deux tarés, dit Arzhiel, c’est vrai que pour quelqu’un de…physiquement humble comme vous, c’est déjà très bien que vous ayez trouvé une fiancée. Vous êtes peut-être encore un peu jeune pour penser à vos gosses. Laissez faire le temps…Et apprenez au moins le prénom de votre amie, ça peut aider.
- Elenaf ! lança soudain Brandir avec un air gai. Je savais que je le savais. C’est Elenaf son nom.
- Tiens, c’est marrant, tilta Hjotra. Une de mes sœurs s’appelle comme ça.
- Une de mes maîtresses aussi, toussota Arzhiel.
- Ah oui, c’est normal, c’est la même.
- QUOI ?! cria Hjotra, écarlate. Vous vous farcissez ma sœur ?!
- Chut ! Mais rasseyez-vous et fermez-la ! La licorne peut arriver à tout moment !
- Je vais vous étrangler avec vos bretelles ! hurla Hjotra, fou de rage. Goûtez donc à mes techniques de combat secrètes ! La patte du lapin ! La fureur du moineau ! L’envol du lombric !
- Non, mais sérieux, arrêtez ça ! Regardez là-bas ! C’est cette foutue bestiole qui se pointe près du bosquet ! Allez, bougez, vite !
- Le style de la mouette ! L’aile du chevreuil ! Le moucheron dans l’œil !
- Non, pas l’arcane interdit du moucheron ! beugla à son tour Svorn en se jetant dans la bataille. C’est trop dangereux, impudent !
- Par les oreilles poilues de Gazul ! lança Arzhiel en essayant vainement de séparer les combattants. L’autre encornée nous a repéré ! Elle se barre ! On la course, allez !
- Youhou, c’est la fête ici ! fit Rugfid en débarquant, coupant la route à Arzhiel, la barbe maculée de miettes et de bouts de gras. Vous allez rire ! Une bande de lutins m’a tendu un piège et m’a piqué toutes les provis…Argh ! Ah, mon dieu mon œil ! Aieuhhhhhhhh ! Mon œil !
- Que la puissance du moucheron vous terrasse, bougonna Arzhiel, désabusé, en lançant son cousin éborgné dans la mêlée, le regard perdu au loin en direction de la licorne mystique qui disparaissait dans la forêt pour un siècle de plus.
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MessageSujet: Re: La Saison 3   La Saison 3 Icon_minitimeDim 2 Déc - 21:14

Episode 67 – A tout prix

Arzhiel se traîna dans le couloir jusqu’à l’infirmerie où il retrouva son médecin s’affairant autour de son matériel chirurgical. Le seigneur de guerre évita le paillasson sur lequel était écrit un joyeux « Bienvenue » qu’il trouva de fort mauvais goût à l’entrée de ce mouroir et s’approcha en baillant.

- Bonjour, seigneur ! lança gaiement le médecin en lavant une scie pleine de bouts de chairs. La patate ? Houlà, non, vous avez une mine de zombie ! C’est un peu tard pour venir me voir, hihihi !
- C’est rien, je suis juste un peu vanné. Vous savez, si j’ai pas mes huit jours de sommeil, j’avance pas. Alors ? Comment il va ?
- Votre cousin ? Dites donc, vous l’avez balancé du haut du pic pour qu’il soit dans cet état-là ? A ce niveau, c’était plus du bricolage que du soin, j’ai du appeler mon frère menuisier pour le remonter, vous savez, celui qui est charpenté mais pas très commode ! Hihihi, menuisier-charpentier-commode, vous l’avez comprise ?
- Par politesse, je ne préfère pas répondre, fit le nain en sourcillant. Pour Rugfid, c’est bon ? Je sais que j’aurais pas du l’envoyer pour cette mission de braquage d’œufs de griffons royaux mais je ne voulais pas sacrifier quelqu’un de valeur. Il est remis ?
- Non, il m’a claqué ce matin dans les pattes pendant que je revissais son bras.
- Sérieux ?! Quel malheur ! Il me devait plein de ronds !
- Non, je déconne ! Hihihi ! Il est sorti d’affaire. Ses selles ont repris consistance. Vous voulez les voir ?
- Vous les voulez dans la tronche ?
- C’est vrai que vous êtes grognon le matin. D’habitude, les p’tits gars coupés en deux ou éventrés par les orques aiment bien que je fasse de la blague. Dites, par curiosité, vous n’aviez pas un humain de compagnie pour ce genre de mission suicide ? Le blond un peu tapette ?
- Ségodin ? Si, en effet. Mais il est cassé. On lui a caché le fait que Elenwë était enceinte pour l’épargner et faire nous aussi de la blague. Il a cru pendant plusieurs semaines que le gros bide de ma femme était dû à de l’aérophagie. Ça s’est un peu gâté quand il est venu porter un brouet aux herbes et à la graisse de drow pour la guérir. Cette cruche lui a tout raconté après l’avoir foudroyé. Le choc l’a lessivé, notre blonde nationale. Il est catatonique depuis, il bouge plus, il parle plus, il sert encore moins à rien qu’avant. Mais je l’avais emmené à votre assistant pour que vous vous en occupiez !
- C’est ça le gars tout raide qui traîne dans la remise ?! Ah je ne savais pas. Je pensais que c’était un porte-manteau ou une idole gobeline super laide.
- Non, c’est juste un humain de décoration. Pensez quand même à l’arroser et à le changer de temps à autre, au moins pour l’odeur. Bon, je file, j’ai une audience. Remettez-moi Rugfid sur pied en vitesse ! Ce naze a cassé l’un des œufs en tombant dans le précipice durant sa fuite !
- C’est tout votre cousin ça, il tombe toujours à pic ! Hihihi !

Arzhiel esquissa un sourire contrit et s’éloigna en vitesse tandis que le chirurgien comique entamait l’ode à la joie en aiguisant ses instruments. Les conseillers accueillirent leur seigneur dans la salle du trône et firent entrer un gnome ventripotent qui se prit les pieds dans sa longue robe à capuchon en s’avançant d’un air hautain. Les ministres détalèrent sur son passage aussi rapidement que Brandir devant un plat d’épinards.

- Salutations, Arzhiel ! couina le gnome. Je suis le célèbre Teclan le Briseur d’étoiles ou Star-Tecl pour les intimes !
- Jamais entendu parler. Mais salut. Vous voulez quoi ?
- J’ai traversé les cieux pour venir rejoindre votre montagne, nain ! Vous faîtes montre d’un courage exemplaire en masquant la peur qui vous dévore en ma présence.
- Dormez avec une elfe enceinte et psychopathe, on verra votre touche au réveil, mon grand. Une requête à présenter avant que je siffle pour que les gardes vous collent au trou ?
- Je viens exiger de vous que vous me restituiez la baguette de mon maître Selzix le fourbe !
- Encore cette breloque ?! Mais c’est une mode de venir me courir avec ce bout de bois…Combien vous proposez ?
- Quinze pièces d’argent, répondit le gnome en fouillant ses poches. Il me reste plus que ça en monnaie, votre haut-prêtre m’a vendu trois talismans protecteurs, un anneau de fertilité pour les jours pairs et une statuette de Gazul bénie contre le hoquet. Quinze pièces la baguette et on en parle plus, ça ira ?
- A ce prix-là, vous la connaissez assez longue et effilée pour savoir où vous la carrer.

Teclan afficha une fugitive grimace de vexation mais ne se démonta pas et conserva son regard aiguisé sur Arzhiel qui dodelinait de la tête sur son trône.

- Vous vouliez autre chose ? demanda le nain qui s’endormait. Non, sérieux, faut rentrer chez vous maintenant, monsieur. J’ai un Karak à faire tourner, moi.
- Vous êtes rude ! trépina le mage. Très bien. Je vous propose en échange de la baguette de mon maître, la bague de Kwâ !
- La bague de quoi ?
- C’est cela même, confirma fièrement le gnome.
- Non, mais la bague de quoi ?
- De Kwâ.
- Quoi de quoi ?! Vous me dîtes la bague de quoi, c’est quoi de quoi ?
- Je ne sais pas bien quoi vous répondre…La bague de Kwâ, quoi.
- Ok, c’est bon ! soupira Arzhiel en se tournant vers ses conseillers. Allez chercher Hjotra. Faut un traducteur de son niveau là, au moins.
- La réputation des nains inflexibles en affaire prend toute sa valeur avec vous, messire, déclara Teclan. Je vous propose donc quinze pièces d’argent, la bague de Kwâ et en rab, un onguent de force d’ogre !
- Vous me prenez pour un elfe rachitique ? Une potion de force pour un nain ! Vous ne voulez pas me vendre une pioche non plus ?
- J’ajoute le plan du domaine souterrain du clan gobelin des Hyènes Anorexiques !
- Je l’ai affiché dans ma piaule depuis une décennie. On y va aux solstices avec les copains tous les ans pour se détendre après nos campagnes en les génocidant.
- Un aphrodisiaque à base de sang de dryade !
- Qu’est-ce que vous voulez que j’en fasse ? Je suis marié.
- Un parchemin d’invocation de diable du troisième cercle des enfers ?
- Même réponse que la précédente, fit Arzhiel en se frottant les paupières.
- Un passe-montagne ?! s’écria nerveusement le gnome en fouillant sa sacoche. Un demi fromage aux coulemelles ? Une statuette sainte de Gazul encore sous garantie ?
- Vous n’avez pas un œuf de griffon dans votre fourbi ? Il m’en manque un pour me cuisiner ma mixture de grand-mère. Y a rien de mieux pour me requinquer quand je suis à la ramasse comme aujourd’hui.
- Un œuf de griffon ? se lamenta Teclan. Bah non, je reviens pas des courses ! Je vous aurais bien donné mon fromage entier mais un berserker complètement dingue m’en a avalé la moitié tout à l’heure quand je déjeunais sur la route. Par pitié, bon seigneur ! Selzix était mon maître et je dois récupérer sa baguette à tout prix !
- Aucun souci. On va signer une chtite reconnaissance de dettes des familles. On verra plus tard pour le paiement…avec quelques intérêts. Gravez votre nom là, là et là. Et là aussi. Tout m’a l’air bien en règle…Par contre, il me faut un acompte pour valider tout ça. Vous savez, les procédures et la conjoncture actuelle.
- J’ai que mes fringues à vous proposer ou mes services. Vous n’avez pas un guerrier blessé ? Je peux le guérir avec mon sortilège avancé de soins magiques !
- Laissez-moi réfléchir…Hum, non je ne vois personne. C’est pas grave, on va s’arranger. Refaites voir votre passe-montagne ?
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MessageSujet: Re: La Saison 3   La Saison 3 Icon_minitimeDim 2 Déc - 21:14

Episode 68 – Le Nouveau Conseil de Guerre

Arzhiel salua cordialement l’ensemble des seigneurs de son alliance, tous venus des quatre coins du pays et réunis en un exceptionnel conseil de guerre sous l’égide de leur chef, l’impitoyable matriarche drow Shalimar Shadow. La coalition des Archanges prenait lentement place dans un temple dédié aux dieux de la mort de toutes les races, préparé par la maîtresse des lieux pour l’occasion. Avant de rejoindre son siège, Arzhiel s’arrêta et prit Brandir dans un coin.

- C’est bien clair ? répéta-t-il avec conviction. Je vous ai amené parce que j’avais besoin d’un garde du corps pour le voyage et vous assistez juste à la réunion comme protecteur. Mais je vous préviens, vous dîtes une connerie qui nous colle la honte et je vous vends à une troupe de danseurs elfes itinérants !
- Puisque je vous dis que c’était un accident ! Je m’amuse pas à perdre mon futal en pleine poursuite de brigands juste pour faire marrer le voisinage ! En plus, on s’en fout, on ne nous connaissait pas dans cette ville.
- Oh oui, c’est sûr que maintenant, le prochain nain qui se pointe au bourg, il va drôlement bien être accueilli par la garde ! Bon, suivez-moi et pas un mot ! Regardez, ils nous ont mis à côté de Sum Groor. Vous vous souvenez de lui ? Vous ne pouvez pas le saquer. Salut le vert !
- Hé, Arzhiel ! Ne m’appelez pas si vivement, ça m’abîme les vertèbres de baisser la tête aussi bas pour vous regarder !
- Ah, ça me fait toujours plaisir de vous voir, sale orc pustuleux ! Je suis content de constater que la vérole ne vous a pas emporté cette année non plus ! Vous avez emmené un garde du corps vous aussi. Salut, autre vert ! C’est quoi ton nom ?
- Zog zog ! beugla le berserker en reniflant.
- C’est…mignon. Il n’est pas trop chiant comme patron le Sum ?
- Zog zog ! répéta l’orc.
- Ok, je vois. Et bien comme ça, je ne suis pas trop dépaysé de mon Karak…Dites, Face d’Olive, vous savez pourquoi on est convoqués par Shalimar ?

Le seigneur orc n’eut pas le temps de répondre qu’un serviteur approcha. Il s’agissait de Drazz, le vieux chambellan de Shalimar qui demanda le silence.

- Seigneurs Archanges ! Vous avez tous répondus à l’appel de ma maîtresse et en son nom, je vous en remercie ! Cette réunion est à la fois un serment renouvelé de fidélité à notre cause et à votre foi envers les dieux mais également un nouveau prélude à la guerre et à la destruction ! Des âmes impies et blasphématrices pullulent de par les cieux maudits et grondants du lointain, menaçant la paix que nous avons si durement instaurée dans nos contrées. Ma maîtresse va bientôt venir vous expliquer ce qui requiert notre intervention sacrée, mais rappelez-vous, frères et sœurs, une seule phrase résume ce qui porte votre cœur et nourrit votre âme…
- Coupez-vous les poils qui dépassent de vos oreilles !
- Et vous, coupez-vous vos oreilles qui dépassent !

Arzhiel éteignit violemment son globe de communication dans un grognement et mit quelques secondes avant de s’apercevoir que toute l’assemblée silencieuse avait les yeux rivés sur lui.

- Euh…désolé, un coup de cristal urgent de mon épouse…Elle vous fait tous la bise.
- Quand vous parliez de nous coller la honte, murmura Brandir à son chef, c’est à un truc de ce genre que vous pensiez ? J’aime bien quand vous expliquez. Vous illustrez toujours d’un exemple pour qu’on comprenne.
- Ahem, toussa Drazz. J’entends résonner les pas de ma maîtresse, je me retire donc. Entre-nous, elle n’est vraiment pas très jouasse depuis quelques jours alors évitez de vous distinguer ! Oui, c’est vous que je regarde les nains là !
- Le laquais dit qu’il faut qu’on arrête de déconner, déclara Brandir.
- J’avais compris, abruti ! Pourquoi vous traduisez ?
- Ah, pardon, avec votre touffe de poils dans les oreilles, je pensais que vous n’entendiez pas bien.
- Salutations, Archanges ! clama Shalimar en prenant la place de Drazz au centre de la salle. Je suis peinée de constater que nous ne nous rencontrons que lorsque l’heure est grave. Et cette occasion ne déroge pas à la règle. Des ennemis dangereux se profilent à l’horizon et l’ombre de la mort que nous projetons sur eux ne suffit pas à endiguer le flot de leurs paroles vaniteuses et insultantes !
- On change, seigneur ? chuchota Brandir. Vous pouvez traduire ? Je pige encore moins à ce qu’elle raconte qu’à vos tactiques de bataille.
- Vous voyez l’elfe un peu gigolo assis en face ? répondit Arzhiel. Ouais, le tout pâle en robe de prêtre qui dessine tout le temps à côté de l’elfette blonde un peu nympho. Je vous ai négocié le premier rôle dans son ballet avec un justaucorps couleur anis. Et en plus, c’est un spectacle chantant ! Alors fermez-la !
- Des barbares sans foi ni loi ont proféré des menaces à notre encontre ! poursuivit Shalimar en ponctuant ses phrases de claquements de fouet intempestifs. Ils ont même été jusqu’à insulter le plus sage parmi nous, notre vénéré frère Enigma !
- Seigneur, ça vit combien de temps un humain ? interrogea Brandir.
- Je ne sais pas. C’est tout faible. Pas plus d’un demi-siècle selon l’hygiène. Pourquoi ?
- C’est qu’il n’a pas l’air très frais, le grand frère Enigma. Moi à cinquante ans, j’avais pas encore de barbe et je montrais mon cul aux passants.
- Parce que nous avons innocemment attaqué le bastion de l’un d’eux par surprise, lors de son absence et celle de ses troupes et durant la kermesse annuelle de leurs mouflets, enchaînait Shalimar avec verve, ils osent prétendre vouloir nous briser l’échine ! Nous avons éliminés une par une leurs places fortes et balayés leurs armées mais ces malpolis sont très mauvais joueurs et refusent d’admettre que la raison de celui qui pourrit l’autre est toujours la meilleure ! C’est inadmissible !...Oui, boulet Brandir, une question ?
- Qui c’est-y donc les vilains ? demanda le berserker tandis qu’Arzhiel se cachait derrière son casque.
- C’est-y donc des barbares nomades des steppes, un clan d’orcs belliqueux. Pourquoi ?
- Perso, j’aurais préféré des elfes, mais les orcs, c’est bien aussi.
- Vous savez ce qu’ils vous disent les elfes, le bedonnant ? lança Leithian, en face. Quelle hypocrisie, Arzhiel, vous qui êtes unis à une sorcière de notre race depuis des décennies !
- Hé, mais j’ai rien dit moi ! En plus, niveau mariage, vous êtes mal placée pour me faire la leçon, ma grande. On est nains, on n’aime pas les elfes. Point. C’est les dieux qui ont décidé ça, vous ne voulez pas le libre arbitre non plus ! Et l’égalité des sexes pendant qu’on délire !
- Non, mais arrêtez ce boxon ! s’exclama Shalimar. Vous faîtes peur aux humains et vous excitez les orcs ! Regardez le résultat ! Ils grognent et ils bavent maintenant !
- Et qu’est-ce qu’on reproche aux elfes exactement ? insista Leithian en boudant.
- Vous êtes arrogants, irritants et surtout frivoles, répondit Arzhiel.
- Ouais, c’est vrai ! l’appuya Brandir.
- Oh, vous, fermez-la ! Vous ne savez même pas ce que signifie « frivole ».
- Peut-être, mais moi au moins, je ne le suis pas ! Ahah !

Shalimar afficha un sourire nerveux quand les chaises commencèrent à voler, une grimace contrariée quand les boules de feu et les jets de hache les remplacèrent puis un hideux rictus de fureur quand Brandir commença à danser nu avec Sum Groor pour narguer le camp des elfes. Il fallut pas moins de trois séances de fouettage de fondement aux fautifs pour que la drow parvienne à rétablir le calme et seulement parce que certains elfes montrèrent des signes de plaisir durant la punition.

- Reprenons ! tonna Shalimar en massant son bras plein de crampes. Hein ? Oui, debout pour ceux que ça picote. Nous passons au vote pour déterminer si nous continuons la guerre contre les bouseux des plaines ou si on va se trouver un véritable adversaire. Oui, un vote. Mais non pas pour de vrai, c’est juste pour faire style. Bien sûr qu’on va les génocider ! On ne va pas se laisser postillonner dessus par des orcs non plus ! Drazz ! Comptez les voix.

La drow recula et s’éloigna pendant que les Archanges se concertaient, puis se dirigea discrètement vers le coin de la pièce où se tenaient punis Arzhiel et Brandir.

- Je vous ai remerciés de votre présence ? demanda-t-elle.
- Pas plus que d’habitude, marmonna Arzhiel en se frottant les fesses.
- J’ai donc bien fait. Je voulais vous poser une question. Non pas que j’escompte une réponse sincère de votre part, mais je sais que vous êtes incapables de vous montrer polis et donc de me mentir. Quand le chef des barbares dit que je déborde de cellulite, c’est juste pour m’insulter ou y a un fond de vérité ?

Arzhiel fermait déjà les yeux en se lamentant avant que la question ne soit terminée. La seconde suivante, Brandir ouvrait la bouche.
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MessageSujet: Re: La Saison 3   La Saison 3 Icon_minitimeDim 2 Déc - 21:15

Episode 69 – Les Sous-Doués

Arzhiel sortit dans la cour intérieure du Karak, plongé dans la relecture de l’édit de sa dernière loi. Il s’arrêta lorsque son pied s’enfonça jusqu’au genou dans une fraîche et épaisse bouse et fut éjecté en avant par un coup de rein de vache avant d’avoir pu hurler. Une queue lui fouetta le visage quand il se releva et il fut à peu près sûr d’avoir avalé une mouche en ouvrant la bouche pour maudire le bovidé. La surprise le laissa sans voix quand il regarda autour de lui. La cour entière était envahie par un troupeau de vaches.

- C’est quoi CA ?! cria-t-il en saisissant Rugfid qui passait non loin. Non, attendez, je reformule : Où est Hjotra que je l’incruste dans le mur ?!
- Oh, vous avez fait connaissance avec nos nouvelles protégées ? sourit l’explorateur.
- Brièvement, oui ! Vous m’expliquez ou je vous ajoute à la fresque à côté de Hjotra ?
- Vous nous avez envoyé réparer le pont et le moulin pour les paysans de la vallée. Ils nous ont versé une avance pour le boulot.
- En vaches donc ?
- On était partis pour des poules, mais ils avaient plus de stock. Du coup, on s’est rabattus sur de la vache. Je vous l’accorde, c’est un peu encombrant, inutile pour des nains qui ne boivent pas de lait, impossible à élever sous terre et que ça chie partout. Mais elles ont un regard si pénétrant et intelligent quand elles vous fixent, la gueule bavant de l’herbe bouillie ! Ah ! Mais rangez votre marteau ! C’est des pécores, c’est pas des banquiers ! Ils troquent, ils ne paient pas. Pour la bouffe, je pensais utiliser la salade et les saloperies d’herbes de votre épouse. Dame Elenwë a tellement en commun avec les vaches !
- Très bien. Avant que je vous regarde plonger dans cette bouse-là et que vous partiez me vendre le cheptel au marché du bourg, dîtes-moi où se planque Hjotra.
- A l’infirmerie. C’est pour ça qu’on est revenus plus tôt. Y a eu un accident bête sur le chantier.
- Il s’est rendu compte que les taureaux sont moins câlins que les vaches ?
- Non. Il a mal compris le sens de l’expression « ça crève les yeux ». Il a voulu tester.
- Oh mais c’est pas vrai ! se lamenta Arzhiel. Il nous refait la même après l’histoire du « compas dans l’œil » ! C’est pas possible d’être aussi cruche ! Pfff, bon ben, en route…Allez ! Magnez-vous de plonger quoi ! J’ai un éborgné à étrangler !

Deux jours plus tard, Arzhiel convoquait Hjotra, Brandir et Svorn dans la salle du trône.

- Vous êtes ici suite à l’incident sur le chantier du pont, expliqua le seigneur de guerre tandis que Brandir dessinait des petites vaches sur le bandeau de Hjotra. Au-delà du ridicule et de l’affligeante bêtise que cet incident a révélé, j’ai compris qu’il me fallait réagir pour enrayer le fléau galopant qui ronge deux champions de mon état-major ici présent.
- La calvitie ? proposa Hjotra en désignant les deux autres.
- La mauvaise haleine ? fit Brandir.
- La débilité, grogna le haut-prêtre.
- Ding ! On a un gagnant. Arrêtez de danser Hjotra, c’est pas vous. Contentez-vous d’ouvrir l’œil…pardon les oreilles. Brandir et vous êtes des boulets. Je m’en secouerai si j’avais autre chose de mieux à faire, une guerre par exemple, mais on vit dans un pays de glandes molles et du coup, faut que je vous gère. L’oisiveté est mère de tous les vices, dit le dicton.
- Moi je m’y connais en oisiveté, intervint Hjotra. J’ai deux hirondelles et une corneille dans ma grotte.
- Qu’est-ce qu’on fait ? demanda Svorn avec espoir. On les crame, hein ?
- Pire, on les éduque. Enfin, vous les éduquez. C’est vous qui êtes chargés de former les nouveaux prêtres, non ? C’est censés être les plus sages et les plus érudits des nains. Vous m’intégrez ces deux poids morts à votre nouvelle section et je vous les récupère en fin de mois. Il vaudrait mieux pour vous qu’ils réussissent leur rituel d’examen ! Cultivez-les !
- Nous cultiver ?! s’exclama Brandir. C’est le pompon sur le gâteau ça ! Pour moi, je ne dis pas, mais rien ne poussera sur Hjotra !
- Alors, on nous annonce ça comme ça, du tic au tac ! râla Hjotra. Après la quantité astrologique de services qu’on vous a rendu, voilà comment on est traités !
- Vous avez un mois, déclara Arzhiel à Svorn tandis que le haut-prêtre fixait ses deux compagnons entre effroi et détresse. S’ils échouent, si j’apprends que vous les favorisez ou si vous en tuez un, je vous livre aux rapaces de la corniche enrobé dans du lard. Merci qui ?
- Monseigneur est clément, marmonna Svorn, livide.
- Non, moi c’est Arzhiel. Oh quoi ? Je peux bien m’y mettre aussi, c’est pour vous habituer au mois de boutades qui vous attend, vieux veinard !
- M’en fous, pleurnicha le haut-prêtre en se retirant. Je l’dirai à Gazul !
- On va pique-niquer ? demanda Brandir en le suivant.

Arzhiel regarda les deux nains sortir en se demandant s’il n’avait pas mis la barre trop haute cette fois pour le malheureux Svorn, mais se rassura en se souvenant qu’il le détestait. C’est alors qu’il vit que Hjotra était resté sur place et réfléchissait intensément, accroupi par terre, le menton posé sur le poing
.

- Qu’est-ce qu’il vous arrive ? Vous avez oublié votre nom ?
- Non, j’ai fait comme vous m’avez dit, je l’ai écrit sur ma main. J’étais en train de chercher la réponse à votre énigme sur le truc que Svorn a mais pas nous. C’est dur. Je peux avoir un indice ?
- Voyons voir. Ça commence par « cer », ça finit par « velle ». Ça se situe dans votre caboche et c’est quelque chose que vous devez entendre tinter quand vous marchez.
- Une cloche ! C’est ça hein ? J’ai repensé aux vaches ! C’est bien une cloche ? Seigneur ? Seigneur, vous allez où ? Ça veut dire quoi c’est moi la cloche ? C’est encore une énigme ?!

Le mois tant espéré fila rapidement et Arzhiel se présenta dans le temple des prêtres le jour de l’examen final. Guidé par le bruit des apprentis graveurs qui rédigeaient leur devoir en salle de cours, le nain retrouva Hjotra, surveillant la classe.

- Pitié, seigneur ! murmura le haut-prêtre, des larmes plein les yeux. Vous n’imaginez même pas ce que j’ai du subir avec ces tarés dans ma classe ! Cela ne suffit-il donc pas à expier toutes mes fautes ! J’ai fait chialer le bourreau en lui racontant mes journées de supplice !
- Oh, allons ! Faut vous remettre et vous dire que j’ai fait ça pour la communauté, pas du tout par aigreur et ressentiment pour la fois où vous m’avez renversé pour prendre le pouvoir au Karak et que j’ai croupi dans une geôle !
- Mais j’ai même pas choisi le sujet de l’examen ! Comment voulez-vous qu’ils réussissent ?! Brandir croit encore que Gazul c’est mon nom de famille !
- Allez, c’est fini ! lança Arzhiel à la classe. L’heure est terminée. Posez vos burins et ramassez vos tablettes. Hjotra ! Brandir ! Approchez !
- On peut enlever les robes qui font tapettes ?
- Ouais. Alors…NON ! Mais gardez-les bon dieu si vous avez rien dessous ! Comment ça s’est passé cette interro ? Faites voir vos copies…Mais elles sont vierges ! Vous avez rien écrit ?!
- Ben moi déjà, je sais pas écrire, se justifia Brandir.
- Et moi je suis trop nul en grand-mère et en autographe.
- Un mois savamment investi je vois…Svorn, allez chercher le lard.
- Non, attendez, ils ont bons ! Ils ont réussi ! Le sujet c’était « Décrivez les notions de diplomatie à utiliser avec les orcs ».
- Et alors ?
- Et alors, que dalle, c’est tout bon. On ne négocie jamais avec les orcs, on les pourrit, point barre. Ils…ils ont réussi l’épreuve.
- C’était facile en même temps, fit Brandir en se grattant la bedaine.
- Qu’est-ce que vous voulez ! dit Hjotra en haussant les épaules. On n’est quand même dans l’état-major quoi ! Faut pas nous prendre pour des miches non plus !
- Des quiches, rectifia Svorn.
- C’est vous la quiche, conclut Arzhiel avant de partir.
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MessageSujet: Re: La Saison 3   La Saison 3 Icon_minitimeDim 2 Déc - 21:15

Episode 70 – Le Bonheur est dans le bois

La hache de Brandir décrivit un vif arc de cercle et s’enfonça avec vigueur dans le cadavre du piquier elfe écroulé à ses pieds. Une giclée de sang vola jusqu’à Arzhiel qui se tenait à portée et observait l’issue de la bataille.

- Mais faîtes attention, bourrin ! s’exclama le seigneur de guerre. Mon armure toute neuve est salopée maintenant ! En plus, le sang d’elfe ça colle pire que de la sève ! Je vous rappelle qu’on est pas censés être là ! J’ai dit à Elenwë qu’on allait prendre l’air. Si elle apprend qu’on a été buter des elfes, ça va encore être la fête à bibi. Et puis, pourquoi vous le tapez, celui-là, il est raide déjà !
- Il essayait de vous attaquer au mollet ! répondit le berserker sur ses gardes.
- Avec quoi ?! Il a plus de bras ni de jambes et vous lui avez pété toutes les dents avec une pomme de pin tout à l’heure. Allez donc rejoindre Svorn là-bas qui course les survivants. Regardez comme il s’amuse, la truffe au vent, la langue pendante et le bâton enchanté tout frétillant ! Voilà, c’est bien. On est là pour se détendre, profitez-en. Hjotra ! Le pilonnage, ça progresse ?
- Leurs murailles s’effritent comme des patates ! répondit l’ingénieur avec entrain.
- Ça fait vraiment chaud au cœur de savoir qu’il y aura toujours des audacieux qui tentent le diable en venant bâtir une colonie à quelques lieues du Karak ! Si je ne me retenais pas, j’irai presque faire une accolade au capitaine des archers qui se balance au bout d’une corde, tiens ! Rugfid ! Qu’est-ce que vous planquez ?! Vous croyez que je vous vois pas vous esquiver discrètement ?! C’est quoi ? Mais ça bouge ! Mais qu’est-ce que c’est ? C’est pas une elfe, c’est moins osseux…
- C’est une nymphe, cousin, avoua l’explorateur, gêné comme à chaque fois qu’il se faisait prendre la main dans le sac. Oh, laissez-me la, je vous en prie ! J’ai besoin d’un sacrifice rigolo à faire à Gazul pour qu’il guérisse mon ongle incarné.
- C’est bizarre comme truc…répondit Arzhiel, fasciné par l’étrange créature apeurée. Le maillot deux pièces en lierres et les feuilles à la place des cheveux, c’est un style, faut admettre, mais c’est vrai qu’à part votre chute dans les buissons d’orties ce matin, c’est le machin le plus fendard que j’ai vu de la semaine. Elle a un nom votre copine ?
- Sûrement. Je lui ai demandé trois fois mais on comprend rien à ce qu’elle raconte en elfique. On dirait qu’elle joue de la flûte quand elle parle, alors je l’ai appelée comme ça, « Flûte ». En plus, ça tombe bien, c’est l’année des f pour les familiers.
- « Flûte » ? Avec des lèvres comme les siennes, c’est pipo qu’il faut l’appeler plutôt ! Ces elfes n’ont aucune morale ! Encore une qui s’est fait refaire la bouche et tout le matos par magie druidique. Ça devient à la mode, c’est honteux ! Regardez ! Même pas de miches toutes plates où on voit les os, des cuissots bien fermes qui font pas de vagues quand on les tapote et une vraie taille de guêpe ! Non, rangez votre tapette à mouches, ahuri, c’est une image. Tout ça pour dire que si ma femme ressemblait un peu plus à ça avec deux, trois touffes de poils, j’aurais pas besoin d’exterminer le voisinage…

Le seigneur nain fixa la nymphe d’apparence fragile et vulnérable mais au regard papillonnant aussi profond que troublant. Il se gratta la barbe une seconde, l’aisselle deux secondes, puis le postérieur un peu plus longtemps avant de prendre sa décision.

- Allez, les enfants, on remballe ! Le pique-nique est fini, on rentre. N’abusons pas des bonnes choses. Laissons-les se reconstruire, on reviendra plus tard pour la revanche et la belle.

Les nains éparpillés à travers l’avant-poste en flammes poussèrent tous un soupir de déception mais reformèrent les rangs. Il fallut faire intervenir la garde seigneuriale pour ramener Brandir et Svorn qui ne voulaient pas abandonner leurs nouveaux amis de jeux et Hjotra qui s’était perdu dans la forêt en suivant un écureuil. L’armée victorieuse reprit le chemin du Karak, Arzhiel surveillant du coin de l’œil la nymphe de son cousin.

- Femme ! lança Arzhiel en se présentant à son épouse dès qu’il fut rentré. Nous revenons de la bataille contre des…orcs des bois aussi redoutables que coquets ! Nous avons subi d’honorables pertes dans un combat âpre, rendu difficile par…
- Vous m’avez ramené du fenouil et de la belladone pour mon potage aux racines ?
- Je me porte bien malgré la violence de la lutte, merci de vous inquiéter de ma personne.
- Ce n’est pas ce que j’ai demandé, mon obèse velu d’amour, répondit la sorcière en levant les yeux de son parchemin. Par les Huit Sphères Célestes ! Mais c’est une nymphe derrière vous !
- Oui, on l’a trouvé avec les…orcs. Je vous l’ai ramené, en pensant que ça vous ferait de la compagnie entre bestioles sylvestres. Par contre, elle a reçu un sort de mythomanie dans la bataille, faudra pas croire ce qu’elle vous raconte, on n’a étripé aucun elfe, hein…Rugfid aussi l’a pris dans la poire. S’il vous dit que la nymphe est à lui, foudroyez-le. Voilà, Flûte, voici Elenwë. Hydre sanguinaire de mes nuits romantiques, voici Flûte.
- Je dois rêver…balbutia Elenwë. Non seulement vous me ramenez un présent, mais en plus, ce n’est pas un casque cornu ou une langue de troll cette fois.
- Non, ne me remerciez pas, ça me fait plaisir…Ah ! Et euh, pendant que j’y pense, Flûte a beaucoup insisté pour s’entretenir avec moi plusieurs soirs de la semaine à propos de…minage et de taille de pierre, donc je vous l’emprunterai parfois. Ahem ! Bon, je file !


Elenwë leva la main mais retint son geste au dernier moment. Elle sortit une fiole de potion d’apnée et l’avala d’un coup avant de frapper plusieurs coups à la porte de Svorn. L’odeur de la grotte du haut prêtre qui envahit le couloir quand ce dernier ouvrit fit aussitôt s’écrouler un garde en faction, une centaine de mètres plus loin dans un tunnel voisin.

- J’aurais sans doute aussi dut préparer une potion de cécité, commenta l’elfe en voyant Svorn en grenouillère.
- Par Gazul, vous avez vu l’heure ?! Arrière, démon forestier ! Tu viens m’assassiner en pleine nuit, c’est ça ?!
- Ne me tutoyez pas, vieux taré, répondit Elenwë en écartant le prêtre d’un sort de feu. Je viens vous voir en désespoir de cause ! Je suis terrorisée !
- Et vous voulez que je vous achève ? fit Svorn en se relevant, le nez brûlé. Vous avez frappé à la bonne porte ! Je vais vous faire ça aux petits oignons avec hachette et tisons ardents !
- C’est Arzhiel ! pleurnicha l’enchanteresse. Depuis quelques jours, il se comporte de manière très étrange…Non, me regardez pas comme ça, je sais bien que c’est Arzhiel, mais de manière encore plus bizarre que d’habitude. Il m’a offert une délicieuse servante nymphe, il vient me voir huit fois par jour pour discuter et rire ! Vous vous rendez compte ! Il rit, c’est affreux ! Je crois qu’il est heureux, c’est horrible. En plus, ce matin, il a voulu m’emprunter mon recueil de contes elfiques ! Celui-là même dont il se servait pour caler la statue de son ancêtre unijambiste !
- Donc c’est lui que je dois achever ?
- Je ne sais plus quoi faire ! On ne s’est pas engueulés depuis plusieurs lunes et le matin…Oh Esprits des Forêts aidez-moi, il se lève…avec le sourire !
- C’est vrai qu’il n’est pas très net depuis notre retour du bois des…orcs, marmonna Svorn. Je trouvais ça suspect déjà qu’il se fasse construire une chaise de transport avec porteurs dernier modèle, tout confort, avec direction insistée et option roux de secours au cas où un porteur crève durant le trajet. Mais quand je l’ai vu se balader dans tout le Karak, j’ai pensé qu’il nous faisait juste une crise la cent-quarantaine. Par contre, le coup des contes elfes, c’est préoccupant. Il est où là ?
- Avec Flûte, renifla Elenwë. Ils débattent en privé de taille et de forage depuis plusieurs jours, souvent jusqu’à tard dans la nuit.
- Flûte ? La nympho qui se balade en culotte de fleurs et qui joue à s’effeuiller devant les mineurs et les soldats ? Cherchez pas, il est amoureux d’elle et vous trompe avec. C’est dur ! Comment je vais vous annoncer ça avec tact ? Oups…Mince alors, j’ai pensé à haute voix.
- Ce ver de terre barbu me trompe avec la servante qu’il m’a offerte ?! rugit Elenwë en renversant tout sur son passage. Amoureux de ma nymphe ?! Je vais l’exploser !
- Vous savez, les goûts de chiottes et les couleurs, ça se discute pas. Maintenant que je suis réveillé, je peux vous accompagner ? En tant que haut prêtre, je ne peux pas permettre à Arzhiel d’infester ce Karak sacré avec du…Oh, Esprits du Foret, aidez-moi…bonheur !

Elenwë ravagea la porte d’un sort de foudre et se rua dans le couloir, embrasant l’air sur son passage sous l’effet de la colère. Svorn lui emboîta le pas, ricanant nerveusement.

[color=bisque]- Hihi, Flûte va se faire souffler dans les bronches ! Hohoho, elle est trop bonne celle-là, il faut absolument que je la grave quelque part !
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MessageSujet: Re: La Saison 3   La Saison 3 Icon_minitimeDim 2 Déc - 21:16

Episode 71 – Le Contrat

Othon acheva son godet de mauvais vin d’une traite et s’en versa aussitôt un autre, les doigts tremblants. Nerveusement, l’étranger jeta un nouveau coup d’œil circulaire dans la taverne, cherchant désespérément parmi la clientèle une silhouette différente de celles des paysans crasseux qui venaient là terminer leur journée. Othon prenait de plus en plus peur à mesure que la soirée avançait. Celui qu’il cherchait ne se montrait pas et c’était sa dernière chance.

Soudain, la porte s’ouvrit, laissant apparaître trois nains braillards qui bousculèrent sans gêne les humains remplissant la pièce pour se tailler un passage jusqu’à une table. Othon les observa, fébrile. Ils parlaient fort et le ton montait. Celui qui portait un chevreau éclata de rire quand son compagnon traînant une hache derrière lui de deux fois sa taille allongea une taloche au troisième, celui qui volait sans discrétion les verres des autres clients. Othon se redressa d’un bond devant la fulgurance du coup. Il les rejoint aussitôt à leur table.


- Etes-vous le célèbre Rouletabille ?! demanda l’humain à Brandir.
- Non, c’est lui Rouletabille, répondit ironiquement Rugfid en frottant son crâne et en montrant Hjotra qui dansait sur la table avec sa chèvre. Lui, c’est Rouletabosse.
- Si vous venez pour une bagarre, veuillez attendre que je sois saoul, fit Brandir en tartant une seconde fois Rugfid. Les bonnes manières, quoi.
- Je vous ai tout de suite reconnu à votre air noble ! Votre légende vous précède !
- Lui, un air noble ? s’étonna Hjotra. Regardez les gars l’exemple flagrant des dangers de l’alcool ! C’est vrai que le vin humain fait des ravages, c’est triste. Hé ! Serveuse ! Un tonnelet de bière !
- Vous êtes notre dernier espoir, à moi et à ceux de ma bourgade ! expliqua Othon avec désespoir. Une sorcière abominable a pris notre village pour cible et nous massacre, nous pille et nous asservit ! Le bourg, au fond de la vallée, est trop distant pour que le magistrat nous vienne en aide. Vous êtes un fameux mercenaire qui n’a peur de personne. Eliminez cette démone, je vous en prie !
- Qu’est-ce que je fais ? interrogea Brandir en sortant la tête du tonnelet fraîchement servi. Si je tue encore un bouseux ici, le patron sera pas content, mais là il me gâche ma cuite.
- Laissez donc les honnêtes gens se déchirer ! l’appuya Rugfid. Allez, ouste !
- J’ai apporté la somme requise pour un assassinat, fit Othon en posant une lourde bourse sur la table, figeant les trois nains sur place. Acceptez-vous de…Euh…Messire Rouletabille ? Où êtes-vous ? Ouhou ? Messire Rouletabosse ?

- Moi je dis qu’avec tout cet or, on achète un Karak et on prend notre retraite comme Arzhiel, proposa Rugfid tandis que les trois nains s’éloignaient de l’auberge.
- Non ! rétorqua vivement Brandir. On va buter la sorcière et accomplir la mission qui nous a été confiée ! Quoi ? Vous n’avez pas entendu l’ivrogne ? La sorcière doit être encore plus riche si elle a pillé tout le bourg !
- Vous êtes drôlement malin, m’sieur Bosse ! fit Hjotra, plein d’admiration. Mais on ne devrait pas demander de l’aide à Arzhiel ? C’est pas très jouasse une sorcière. Je crois que ça a des griffes empoisonnées ou que ça crache le feu comme bestiole.
- Le cousin n’est pas très dispo depuis son histoire avec la nymphe. Il a réussi à convaincre Dame Elenwë qu’il avait été envoûté par magie, ce qui lui a sauvé la vie quand elle l’a précipité dans le Gouffre aux Tourments. Son médecin a bon espoir qu’il retrouve sa motricité et l’usage de la moitié de ses orteils dans un mois.
- Bon, ben on se débrouille seuls, comme d’hab’ alors. L’occasion fait le lardon comme dit le proverbe…C’est où vous croyez le fond de la vallée ?
- Au sud ! lança vivement Rugfid. Je suis explorateur, je suis un as pour m’orienter, même la nuit et à l’air libre. Voyons les étoiles…Là c’est la constellation de la charrette…celle de la petite ours brun est là…et le soleil ici. Donc c’est tout droit.
- Le truc rond et blanc, c’est pas la lune plutôt ?
- Haha ! La lune ! ricana Rugfid. Les amateurs me feront toujours rire. Y a pas de lune en hiver, c’est bien connu. Bon, respirez ! Vous sentez le vent ?
- Je sens la chèvre, moi, répondit Brandir en regardant Hjotra du coin de l’œil.
- Et moi je sens les feuilles qui pourrissent dans la forêt et un relent de bière vomie, fit Hjotra en observant fugacement Brandir.
- Exactement ! Le vent souffle dans notre dos. Donc on va tout droit, c’est logique. Croyez-moi les enfants, on sera rendus à la maison avant deux jours, riches et célèbres !

Trois semaines plus tard, pas loin de nulle part…

- C’est vraiment une quête de longue laine, commenta Hjotra.
- On arrive bientôt ? râla Brandir. J’en ai marre de dormir dans les buissons et de manger des écureuils.
- J’ai faim…marmonna Hjotra. J’ai des gargouilles dans le ventre.
- Taisez-vous, j’essaie de me repérer.
- En léchant la mousse des arbres ?
- Le goût picote donc l’ouest est ici. On approche du but, suivez-moi.
- Dîtes, vous croyez que ma petite chèvre va être heureuse dans la ferme aux animaux que vous lui avez trouvée ?
- Sans aucun doute, répondit Brandir en enlevant un morceau de viande coincé dans ses dents.
- Stop ! s’exclama Rugfid. La rivière paraît gelée. Il faudrait jeter un truc lourd pour vérifier si sa surface est solide. Non, pas Hjotra, j’y ai pensé aussi. Mais il peut nous servir pour le combat contre la sorcière. Au moins pour encaisser les premiers sorts.
- J’ai froid et j’ai faim, se plaignit Brandir. Je veux rentrer au Karak.
- Pas tout de suite, ça doit être le foutoir là-bas vu la taille de l’armée ennemie qui s’y dirigeait et à qui on a indiqué la route jusqu’à notre montagne. On va s’abriter là pour se reposer, y a une cabane.
- C’est écrit « cabane de la sorcière du fond de la vallée » sur l’écriteau, lit Hjotra. Vous croyez que c’est lié à notre quête ?
- Y a une vieille toute fripée à l’intérieur, informa Brandir qui regardait par la fenêtre, monté sur les épaules de Rugfid. Quel boxon dedans ! On dirait ma caverne. Sans les chauve-souris crevées, le balai, le chaudron et les grimoires quand même.
- Ce doit être un indice pour notre mission, réfléchit Rugfid. Mon instinct me pousse à penser que la vieille peau doit être un personnage important dans cette quête…Allons l’interroger !
- Et si elle est gentille et serviable et qu’elle nous invite à passer la nuit dans son taudis ? demanda Brandir. Faut se méfier des inconnus. Moi je dors pas là-dedans, c’est un coup à choper encore plus de puces.
- C’est pas bête ! Ce doit être une épreuve alors. On va la jouer fine. Planquons-nous. Je vais lancer un petit caillou à sa fenêtre pour voir sa réaction et vérifier si elle est vivante. Elle a trop de ride, on ne voit pas si elle a les yeux ouverts.
- Hi hi, on est malins comme des linges, ricana Hjotra en se cachant avec ses comparses. C’est quoi ?
- Une rune d’Incendie que j’ai volé à Svorn. Attention, je lance ! Zut, j’ai pété le carreau…Ah, ça explose…Elle crie ! C’est bon signe…Tiens, elle a allumé un feu ? Houlà, la cabane s’enflamme. Elle sort en hurlant !
- On a bien fait de vérifier, dit Brandir. Vu comme elle gueule le jour pour trois flammes qui la dévore, imaginez la nuit si elle fait un cauchemar.
- Ça court vite une humaine toute moisie quand ça brûle, fit Hjotra tandis que la sorcière fuyait à toute vitesse. Elle s’enflamme la vieille ! Elle va vers la rivière ! Hum, la couche de glace n’était pas si épaisse que ça finalement.
- Baste ! pesta Rugfid quand le corps de la sorcière vint flotter à la surface et que l’incendie acheva la cabane. On vient de perdre notre seul indice ! On a encore tout foiré. On rentre ?
- Allez roule, m’sieur Bosse, on te suit.
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MessageSujet: Re: La Saison 3   La Saison 3 Icon_minitimeDim 2 Déc - 21:17

Episode 72 – Pour une Poignée de Fleurs

- Qu’est-ce qui se passe ici ? demanda Rugfid en apercevant l’attroupement devant la caverne d’Arzhiel.
- C’est Dame Elenwë qui n’arrive pas à mettre bas, répondit Hjotra en lui tendant des petits morceaux de saucisse plantés sur le dos de son hérisson.
- Ça fait plaisir de voir que ça suit ! soupira Arzhiel en haussant les épaules. Elenwë n’accouche pas encore, mais j’ai l’impression que ça se goupille mal.
- Racontez-moi ça ! l’encouragea Rugfid en faisant passer le hérisson de cocktail. La guilde des naines au foyer me rémunère cinq pièces d’or le ragot croustillant.
- Hier soir, je comptais les rides d’Elenwë pour m’endormir, expliqua Arzhiel à la petite troupe. Elle grognait et gémissait dans son sommeil, comme d’habitude, sauf que là c’était pas parce que je lui arrachais les cheveux. La guilde des naines au foyer me les rachètent dix pièces d’or la mèche, c’est très efficace parait-il pour jeter une malédiction à son mari. Bref, j’ai commencé à me mettre en panique quand elle a refusé de faire des cochonneries alors que je m’étais limé les ongles des pieds et que j’avais dépiauté mes croûtes d’orteils !
- Oh ! fit Brandir en écho à l’assemblée profondément troublée. Quelle ingratitude !
- Attendez ! l’interrompit Svorn. Vous prétendez avoir fait des avances à une elfe, de votre propre gré, en l’absence de menace, d’effets secondaires de champignons ou d’alcool ?! Vous voulez être lynché ?!
- Lâchez-moi la barbe, les enfants ! Le dernier serviteur qui a prononcé la première syllabe du mot « nymphe » a laissé un cercle de cendres impossible à récupérer sur mon tapis. Je n’ai plus aucun poil qui repousse sous la ceinture alors j’essaie d’être conciliant ! Je reprends mon histoire. Après ça, elle a commencé à m’insulter en elfique, à feuler, à cracher des boules de feu en hurlant, on aurait dit qu’on faisait l’amour ! Après dix heures sans réussir à fermer l’oeil à cause du boucan, je me suis inquiété et j’ai appelé mon médecin. Vous croyez qu’elle va enfin donner naissance au moutard ?
- En tout cas, déclara Hjotra, vu les cris, le moutard lui monte au nez.
- Oh, faîtes un break sur les vannes, je ne suis pas d’humeur ! Ah, voilà le doc !
- Salutations la jeunesse ! lança le médecin en épongeant son front en sueur. Dîtes, vous connaissez le comble pour un tailleur de pierres ?...Faire carrière ! Ah ah ! Carrière de pierre ! Excellent, j’adore ! Hum ? Ah oui, Dame Elenwë. L’enfantement est pour bientôt, mais la tête et le bide du bébé paraissent énormes en tout cas pour une elfe. Vous connaissez l’identité du père ? C’est un ogre ou un truc du genre non ?
- Poursuivez ! grogna Arzhiel entre ses dents, broyant le pied de Rugfid à côté de lui pour calmer ses nerfs.
- Résultat des courses, les quelques jours qui précèdent l’enfantement risquent d’être très pénibles pour Dame Elenwë. Et peut-être fatals. A ce sujet, elle m’a demandé de vous dire que vous étiez maudit pour sept générations de plus, seigneur. Je ne peux pas la guérir et elle refuse mon urine de jument pour la soulager. Par contre, elle m’a parlé d’une plante très efficace sur les elfes, la danseuse des aurores. Vous connaissez ?
- C’est pas le surnom du chef des armées des elfes du coin ? fit Svorn.
- Non, mais pas loin, soupira Arzhiel. C’est une fleur toute pourrie et moche qu’Elenwë réduit en poudre et qu’elle sniffe tous les quatre matins. Mais ça va être tendu d’en obtenir. Elle ne pousse que dans le territoire de ces fameux elfes et ils ne sont malheureusement pas très coopératifs ces derniers temps.
- Ceux dont a brûlé deux fois le village en vendant les enfants à l’esclavagiste ?
- Ceux à qui on a volé l’idole sacrée pour décorer l’entrée du Karak après l’avoir maquillé et habillé en lutin lépreux à Halloween ?
- Ceux-là en effet. Je crains qu’ils refusent de nous aider.
- C’est pénible les elfes ! s’emporta Svorn, outré. On ne peut rien leur demander, pas le moindre service ! De suite, ils se braquent ! On décide quoi alors ? On les attaque, je ne vois pas d’autre solution. Ils vont encore se plaindre, mais ils l’auront bien cherché !
- Méfiance, murmura Rugfid. Il parait qu’ils ont créé une nouvelle troupe de chocs pour assurer leur défense.
- C’est quoi leur nom ? interrogea Brandir qui secouait l’hérisson de Hjotra pour obtenir davantage de saucisses.
- L’Amicale des Bosquets.
- C’est sûr que ça en jette tout de suite beaucoup plus que leur ancienne légion : la Galante Compagnie.
- On n’a pas le temps de réunir les troupes, trancha Arzhiel. Mon épouse souffre le martyr et j’ai trop sommeil. On y va en petit comité et on les feinte. J’ai un plan…
- Je reste près d’elle pour la veiller, déclara le médecin. Au fait…Vous savez ce qu’on dit d’un mineur qui ne trouve jamais d’or ?...Qu’il n’a pas de veine ! Ah ah ! Aie ! Mais ça fait mal un hérisson dans la pomme !


- Brandir ! marmonna Arzhiel en se cachant. Faîtes moins de bruit en grignotant votre hache, vous allez nous faire repérer ! Rugfid, je vous assure que si vous essayez encore une fois de foutre le camp, je vous tranche les pieds pour vous frapper avec !
- Je pourrais récupérer ses orteils ?! s’exclama Brandir, tout excité.
- Oui, si vous voulez. Mais calmez-vous d’abord. Oui, on va trucider de l’elfe, vous pouvez patienter deux secondes avant de sombrer dans une crise de démence meurtrière ?! Bon, on s’arrête derrière ce buisson pour faire le point…Où est Hjotra ?
- Là-bas, il tourne en rond.
- Mais qu’est-ce qu’il fabrique cet ahuri ?! Moi je ramène pas son cadavre plein de flèches au Karak s’il se fait choper, ça va mettre des feuilles et des brindilles partout !
- C’est parce que vous l’avez houspillé tout à l’heure quand il voulait adopter le chevreuil qu’on a aperçu. Il a pris l’habitude de se mettre tout seul au coin après que vous le punissiez. Et là, il cherche un coin…
- Svorn, ramenez-le. Hein ? Oh oui je pense qu’on peut le toucher d’ici avec une caillasse...Paf, dans le pif ! Vous voyez ? Bon, les danseuses des aurores poussent derrière cette butte. Le souci c’est la douzaine de sentinelles en poste devant, sans compter les archers planqués dans les arbres. Il nous faut une diversion.
- C’est honorable comme mort si on claque dans une quête pour voler une fleur ? questionna Brandir en salivant.
- Faudra interroger le doyen, songea Arzhiel, mais il me semble qu’au-delà de la vingtaine de flèches encaissées, les dieux ne se posent même plus la question. Donc Brandir vous passez en tête.
- Et si on grimpait nous aussi aux arbres et qu’on sautait de branches en branches pour tuer les gardes en leur jetant des épines de pins dans les yeux ? proposa Hjotra, le nez en sang.
- Rectification, Hjotra passe devant, annonça Arzhiel, soutenu par Svorn qui acquiesça vigoureusement tandis que Brandir se plaignait, déçu. Voilà pour notre diversion. Svorn pendant ce temps, vous faîtes ce que vous savez faire le mieux…
- L’aumône ? fit Rugfid.
- Réciter l’alphabet runique en rotant ? dit Hjotra.
- Tripoter les vieilles durant les cérémonies de prières ? ajouta Brandir.
- Brûler tout ce qui bouge, poursuivit Arzhiel en se retenant de rire. Foutez-moi le feu à cette forêt d’hérétiques parce que…euh…ils n’aiment pas les nains chauves !
- Quoi ?! Saletés d’impies créatures démoniaques aux longues oreilles ! Je vais châtier leur intolérance. En plus, j’y peux rien, c’est une calvitie de famille. Ca vient de ma mère.
- Et moi ? demanda Rugfid. Je couvre vos arrières et je me chargerai de fouiller les cadavres des vaincus, ça marche ?
- Vous êtes mon arme secrète, vous. Les elfes devraient nous laminer en temps normal mais ils seront impuissants devant votre pouvoir : le chant ! Je vous ai entendu chanter quand je suis venu vous ramasser avec la milice à l’auberge la semaine dernière. Sortez-leur votre chansonnette ! Ils vous massacreront pour avoir perverti leur art adoré mais avant, j’aurais eu le temps de cueillir les fleurs. En piste !

Les nains s’éparpillèrent et fondirent sur les gardes qui débattaient sur les couleurs tendances des tuniques de l’hiver. Brandir chargea, Svorn brûla, Hjotra s’entrava dans une racine et Rugfid chanta. Arzhiel finit de ramasser les fleurs au moment même où son cousin entamait le second couplet « Le fer s’affaire, le bois, ça boit, et l’eau, salaud ! ». D’un pas léger porté par les cris d’angoisse et de terreur de ses compagnons comme des ennemis, le nain s’éloigna en souriant.

- J’adore qu’un plan se déroule sans accroc ! lança-t-il à un chevreuil qui lui coupa la route en fuyant, terrifié.
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MessageSujet: Re: La Saison 3   La Saison 3 Icon_minitimeDim 2 Déc - 21:17

Episode 73 – L’Héritage de Sang

Le monde flottait affreusement sous les yeux d’Arzhiel qui dut se mordre la langue pour ne pas perdre connaissance. Son corps meurtri refusa de bouger mais il l’obligea néanmoins à entendre la voix de son indéfectible volonté de guerrier. Le nain se traîna misérablement par terre, ignorant la douleur de ses nombreuses lacérations et brûlures. La lutte qu’il venait de mener durant cette interminable nuit n’avait jamais égalé aucun de ses précédents combats en terme de sauvagerie et de difficultés. Il avait vu et vécu ce que ses pires cauchemars n’auraient même pas pu engendrer. Mais il avait triomphé et c’est de cette réconfortante pensée qu’il puisa la force nécessaire à s’adosser contre le mur. Un bruit de pas attira son attention. Péniblement, Arzhiel ouvrit les yeux pour faire face à Svorn, entouré de gardes.

- C’est…terminé, balbutia-t-il, vidé mais fier.
- Oui, on a entendu que la bête a cessé de hurler donc on est montés voir. Alors ?
- C’est un garçon. Vous pouvez allez le voir dans la chambre, mais ne faîtes pas de bruit. Elenwë nous a balancé le contenu de son grimoire magique dans la tronche et elle s’est endormie. Gaffe au doc, il gît près du lit. Et enjambez les cadavres de serviteurs et les cratères.
- Je ne sais pas si je dois m’en réjouir ou non, fit Svorn de retour après une minute, mais il ne vous ressemble en rien. C’est un bébé elfe. Je ne suis pas bien sûr qu’il soit de vous…
- Vous dîtes ça pour me faire plaisir, c’est gentil. Mais c’est sûr. Il a fait son premier rototo tout à l’heure. Ça a rendu sourde d’une oreille la servante qui le portait et ça a fissuré la paroi devant lui sous l’impact. C’est mon fils. Au fait, c’est pour quoi faire les gardes ?
- Ah, j’oubliais, on vient vous arrêter et vous mettre aux fers. Hé, machin ! Envoie les chaînes !
- Vous m’auriez gravé une petite carte de félicitations, ça aurait été suffisant, hein.
- Navré, seigneur, mais je ne peux pas laisser passer ça. Vous venez de procréer avec une elfe et en plus il ressemble à la fée clochette, votre lardon ! C’est intolérable. L’héritier du Karak, un non-nain ? Un sang impur ? Je vais faire mon possible auprès des sages, mais là, c’est au moins la décennie en oubliettes.
- Y a une loi qui interdit d’avoir une descendance avec une elfe ?
- Tout à fait ! La loi B-185, tablette 2, alinéa trois, il me semble.
- La B-185, c’est celle sur l’obligation des soldats de porter des bretelles règlementaires.
- Ah ? Je confonds avec la W-739 alors, paragraphe huit ou la G-503.
- Bien essayé, soupira Arzhiel en se relevant. Interdiction de vendre des légumes verts au marché et port obligatoire de chaussettes assorties. La 503, on l’avait faîte pour enrayer la mode débile de Hjotra avec ses chaussettes bariolées. Ah, mon vieux ! Votre aigreur et rancune à mon égard sont une source inépuisable d’amusement pour moi ! Je crois que je vais l’appeler Svorn, mon gamin, tiens.
- Vraiment ?! s’exclama le haut prêtre, flatté. Vous feriez ça ?!
- Non, je déconnais. Je vais l’appeler Vorshek, Svorn c’est moche. Allez, cassez-vous maintenant, je vais roupiller sur mon trône. La paternité, c’est crevant.

Arzhiel s’éloigna en boitant, revint sur ses pas pour ordonner de mettre Svorn en geôle pour violation de la loi B-185 et repartit en massant ses côtes fêlées. Il n’était pas assoupi sur son trône depuis une seconde que la pointe d’un bâton tâtonnant son flanc lui arracha un beuglement, et accessoirement, le réveilla. Un vieil humain au regard perçant vêtu d’une robe de voyage poussiéreuse était penché sur lui.

- Vous devez être le barde travesti que les gars ont engagé pour le banquet de ce soir. Allez donc répéter votre numéro de claquettes sur l’autre versant de cette montagne, vous voulez bien ?
- Je viens pour voir ton seigneur, nain, déclara l’inconnu. Mène-moi à lui.
- C’est moi le seigneur, papi, marmonna Arzhiel. T’as pas l’impression que j’ai les miches vautrées dans un siège plutôt classe pour un laquais ?
- Tu n’es pas Arzhiel. Je l’ai déjà rencontré.
- J’ai du grandir un peu depuis. Bon, allez, le troubadour, ventile-moi la salle en dégageant, tu veux bien ?
- Je suis parrain ! hurla Rugfid en débarquant en courant, un lange de bébé enfilé sur la tête et poursuivi par l’état-major au complet. Cousin ! Je suis parrain ! Est-ce que je suis parrain ? Un peu, mon neveu ! Hahahaha !
- Salutations, seigneur Arzhiel ! lui lança l’humain en l’apercevant, après s’être cordialement incliné.
- Oulà ! s’exclama Hjotra en voyant le vieillard. Elle a drôlement morflée Elenwë avec son accouchement !
- Non, mais lui c’est Rugfid, mon cousin, expliqua Arzhiel à son visiteur. Le seigneur, c’est moi, je vous dis. A quoi ça sert de mesurer deux mètres si y a rien qui monte au cerveau ?
- Comment ?! fit le vieil homme, un instant désarçonné. C’est une méprise donc. Pourtant…Seigneur Arzhiel, je vous salue et m’excuse. Je suis Conleth, Archidruide. Je viens récupérer la baguette de Selzix le fourbe.
- Tiens, la baguette de l’autre fourbe, ça faisait longtemps aussi ! Dites les enfants, je ne sais pas combien vous l’avez payé votre bateleur comique là, mais vous vous êtes fait enfler. Je comprends rien à son spectacle. Rugfid ? Rugfid ?! Vous allez où comme ça en longeant le mur ? Vous le reconnaissez le grand-là ?
- Hein ? Qui ?...A lui…Heu…C’est-à-dire…Ah, c’est difficile, ils se ressemblent tous les humains aussi….Il me semble l’avoir déjà vu, peut-être au tripot ou aux courses de furets au village.
- Moi, je vous reconnais, tonna Conleth. Vous êtes celui qui s’est fait passer pour le seigneur Arzhiel quand je suis venu confier à cette communauté la baguette de Selzix. Où est-elle ?!
- Ah oui, c’est vrai, je me souviens, rit nerveusement Rugfid. Ahah, quelle petite farce c’était, héhé.
- Vous minez un mauvais filon, Rugfid, susurra Arzhiel en le foudroyant du regard. Je m’occupe de vous dès que j’expédie la momie là.
- C’est pas une momie, rectifia Hjotra, c’est Archy le druide.
- On n’a plus la baguette, déclara Arzhiel. Je l’ai vendue à un gnome gras et assez laid.
- VOUS AVEZ QUOI ?!
- Pff, je ne ferai jamais de gosse, confia Hjotra à Brandir. Ça rend vieux et sourd.
- La baguette est une relique légendaire qui accorde un pouvoir maléfique à son propriétaire ! Selzix l’utilisait à son époque pour asservir les peuples et seule une longue et sanglante guerre parvint à mettre un terme à sa tyrannie. Je suis l’un des descendants des élus qui volèrent sa baguette et la dissimulèrent aux adeptes de Selzix et autres fous diaboliques. J’avais bien expliqué son importance cruciale à votre…cousin blagueur quand je le lui ai confié. Teclan le gnome cherche désespérément à s’approprier le pouvoir perdu de la baguette afin de déclencher une terrible apocalypse. Je pensais qu’elle serait à l’abri entre les mains des plus fiers et vaillants nains de cette région !
- Qui ça ? interrogea Brandir.
- Ne me regardez pas, lui répondit Hjotra, j’ai décroché à la seconde phrase.
- Calmez-vous, mon vieux, intervint Arzhiel. Ce n’est pas raisonnable de s’énerver comme ça à votre âge. Dîtes-nous où se planque le gnome et on va le défoncer avec les copains. On va la retrouver votre saleté de baguette.
- Fous ! Teclan peut se cacher partout à présent ! Votre faute est irréparable ! Mais vous n’échapperez pas à ses conséquences. Teclan va ravager la région et votre montagne ne vous préservera pas de sa démence. Je dois partir enquêter ! Mais je ne vous oublie pas. Que vous le vouliez ou pas, vous allez m’aider et traquer Teclan avec moi. Pour m’assurer de votre loyauté cette fois-ci, je prends votre héritier en otage. Attendez de mes nouvelles, obéissez et si je parviens à localiser la baguette, vous reverrez votre fils.
- Et vous ne voulez pas prendre la mère avec ? questionna Arzhiel avec espoir. Tout ça pour un bout de bois et un gnome complexé par sa taille !

Conleth utilisa sa magie pour faire apparaître Vorshek le nouveau-né dans ses bras et s’évanouit dans un minuscule ouragan tandis que Hjotra lui disait au revoir de la main. Svorn fut le premier à rompre le lourd silence suivant le départ de l’Archidruide.

- Vous ne survivrez jamais à cette quête, seigneur.
- Vous croyez que je ne suis pas de taille face à un gnome ?
- C’est pas ça. Mais Conleth a du réveiller votre épouse en volant son bébé. Et je crois que c’est votre nom qu’elle est en train de hurler à répétition là…
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MessageSujet: Re: La Saison 3   La Saison 3 Icon_minitimeDim 2 Déc - 21:17

Episode 74 – Apocalypse Maintenant

Arzhiel apparut dans une gerbe d’éclairs aveuglants au milieu de la salle plongée dans la pénombre. L’air hagard, parfaitement nu à l’exception d’un bonnet de nuit vissé sur son crâne, il fixa d’un regard ombrageux ses compagnons archanges alignés en face de lui en train de protester et de gémir de cette vision pénible.

- Trois jours que je porte les mêmes fringues, mais attendez bien que je me désape pour me téléporter, hein ! grogna le nain en se couvrant décemment de son bonnet. Et arrêtez les grimaces et les nausées là-bas, c’est limite vexant.
- Laissez tomber le sortilège de Détection d’Identité, lança Shalimar à ses sorcières, c’est bien lui. De grâce, passez-lui une liquette avant que les elfes déposent une gerbe de fleurs sur mon sol en os de paladins ! Arzhiel, allez vous asseoir à la table des manoeuvres près de Sum Groor que je vous explique de quoi il en retourne.
- Salut le barbare ! salua Arzhiel. Vous supportez mal les effets secondaires de la téléportation ? Vous êtes tout vert.
- Salut Courtes-Pattes. Le sort a mal opéré avec vous ? Il vous manque la moitié de votre corps, non ?
- Permettez-moi d’interrompre de si chaleureuses retrouvailles pour vous annoncer que la fin du monde approche, déclara Shalimar en s’installant en face d’eux. Les rapports affluent des quatre coins du continent. Tous les sages sont unanimes. Les dieux ont décidé de nous coller une apocalypse sur le nez avant l’été.
- Je savais bien que ce n’était pas à cause de mon hygiène les épidémies et les animaux qui mourraient en masse, ronchonna Sum Groor. Stupide shaman !
- La fin des temps ? Mais qu’est-ce qui s’est passé ?
- On ne comprend pas ce qui a fichu les dieux en rogne comme ça, admit Shalimar en haussant les épaules. Pas assez de piété, trop d’elfes…Certains avancent même l’hypothèse d’une procréation contre nature entre deux races ennemies !
- Hein ? sourit nerveusement Arzhiel. Ce serait…bête, mais c’est pas crédible ! On n’est pas des sauvages…enfin pas tous, pas vrai Sum ?
- Du coup, c’est le boxon ! s’exclama la drow en désignant les figurines évoluant sur la carte gravée dans la table. Regardez le continent. Le chaos a semé des révoltes en masse de la part des seigneurs. Impossible de rétablir la paix. Les centaines de pions noirs, ce sont les ennemis qui viennent pour nous raser.
- Et nous, on est lesquels ? demanda Arzhiel en examinant le plateau.
- Les douze autres pions, ceux avec des ailes et une faux. C’est Endri’Han l’elfe qui les a gravé.
- Mais on va se faire défoncer ! s’écria Sum Groor en fixant sa figurine un os à la main à la place de la faux. Hé ! Pourquoi je suis en pagne et pas en armure comme les autres moi ?!
- Tiens, ma montagne est assiégée, remarqua Arzhiel. C’est ce qui doit expliquer l’absence de la moitié de mes troupes ce matin à l’appel. On n’est pas un peu mal, chef ?
- Silence ! clama Shalimar en se redressant. Ma déesse me parle ! Ecoutez !..Oui…oui, déesse…Un peu enrouée, mais ça va…oui, l’ennemi, j’ai vu…la guerre, d’accord…Ben, là, deux alliés sous la main…non, rien qui tient debout, juste des sous races, mais je peux prévenir les autres…

Arzhiel et Sum Groor observèrent l’elfe noire parler dans la vide et se fixèrent avec le même air niais. Quand Shalimar se rassit, sa transe achevée, l’un d’eux cherchait sous la table à qui elle parlait tandis que l’autre inspectait le plafond d’un regard inquisiteur.

- Pour la guerre, on l’a dans l’os, déclara Shalimar. Laissez cette figurine où elle est, Sum Groor. On va se battre pour la gloire, la postérité et l’honneur mais c’est mal barré. Ma déesse me conseille de foutre le camp au plus vite avec ceux qui pourront suivre et on reconstruira ailleurs. Non, on va utiliser le portail dimensionnel qu’on avait braqué à un seigneur démon.
- Ça va être un peu ardu, non ? remarqua Arzhiel. On a l’air plutôt populaires sur cette carte.
- Pas grave. On va sacrifier quelques archanges. C’est triste, mais on va bien trouver un ou deux humains pour couvrir notre retraite. Non, les elfes résisteront jamais assez longtemps et les nains son trop lents. Bon, les amis, ravie d’avoir fauché avec vous. On se retrouve au portail, si vous y arrivez. D’ici là, bons combats. Je dois filer, j’ai toute ma garde-robe et un assortiment d’esclaves à mettre dans mes bagages. Sont quand même chiants ces dieux !


- Alors ?! bondit Elenwë quand son époux réapparut dans la chambre. Je vous ai vu discuter avec Shalimar dans mon globe de vision. Vos amis vont nous aider à retrouver mon bébé ?!
- Pas tout à fait, marmonna Arzhiel, mal à l’aise. Mais ils vous félicitent pour la naissance et vous envoient le bonjour. Regardez. Y en a même un qui vous offre une plante de son pays désertique. Bon, c’est moche et ça pique, mais ce sera très pratique pour épingler vos formules. C’est une cactée, il a dit.
- Comme les poules ? interrogea Hjotra en s’approchant.
- Qu’est-ce que vous faîtes ici, vous ? Ah, mais y a toute la troupe ! Allez-y rentrez ! Je suis juste à moitié à poil et sur le point de me coucher !
- C’est moi qui les ai convoqués, répondit Elenwë. Un messager a apporté un parchemin de Conleth. C’est une mission qu’il vous impose. Il exige que vous investissiez la crypte d’une mort-vivante maléfique nommée Adèle la Morte et que vous la détruisiez. C’est peut-être une alliée de Teclan.
- Ben voyons ! Et après, on va faire ses courses et balayer sa cour ?!
- Ne faîtes pas l’enfant et ramenez-moi le mien. Je vous ai préparé un pentacle de téléportation qui vous mènera à la crypte. Allez, en route !
- Mais ne poussez pas ! Je ne suis même pas habillé et………

Arzhiel fut projeté par la magie elfique sur le sol d’une crypte froide et poussiéreuse. Il fut écrasé successivement par Hjotra, Svorn, Rugfid et Brandir lorsque les nains franchirent le passage. Le poids des visiteurs entremêlés éventra le sol usé qui s’effondra, entraînant le petit groupe au sous-sol dans un fracas de tous les diables. Hjotra déclencha un piège en s’agrippant à un levier pour se relever et les nains finirent encore plus bas, dans une salle secrète.

- On touche le fond…grommela Arzhiel en remboîtant son épaule, ses capitaines sur le dos.
- Intrus…persifla la voix d’outre-tombe d’une mort-vivante émergeant du sarcophage proche. Que voulez-vous ?
- Rendez-nous le bébé et le gnome sinon Archy va nous changer en roseaux et des elfes viendront nous couper pour nous souffler dedans et…
- On vient vous pourrir quoi que vous ayez déjà pas mal entamé le boulot, répondit Svorn après avoir assommé Hjotra.
- Oui ! renchérit Rugfid. Parce que vous êtes un monstre cruel et perfide et que comme dirait Miss Karak de cette année : « faire le mal, c’est pas bien » ! Au fait, vous avez des richesses dans votre cave là ?
- Ecartez-vous, dit Brandir en levant sa hache. Je n’ai pas envie de faire de vieux os ici donc je vais expédier ça. Tendez bien votre cou, madame la morte et serrez les dents, ça va piquer.
- C’est Conleth qui nous envoie ici, intervint Arzhiel. Nous, on n’a rien contre vous, votre déco, votre odeur de putréfaction ou l’élevage de vers dans votre bouche. Dîtes-nous où est Teclan et on s’en va, d’accord ? Vous pouvez le dire, on s’en fout, c’est qu’un gnome taré.
- C’est mon amant, trancha Adèle avec froideur. Valets de Conleth, vous allez périr !
- C’est malin, vous l’avez énervée, cousin ! Dîtes, c’est fort une mort-vivante ?
- Je sais pas, soupira Arzhiel, très las. Posez la question au dragon spectral qu’elle est en train d’invoquer…

- Ah quand même ! s’écria Elenwë en voyant revenir les cinq nains, en sang et presque morts, dix heures après leur départ. Vous avez mis le temps ! Vous vouliez me faire mourir d’angoisse ou quoi ?! Vous avez réussi au moins ?
- Ouais, parvint à articuler Arzhiel en recrachant quelques dents. Elle est morte Adèle…
- Tant mieux ! Vous allez pouvoir enchaîner. Conleth a déposé trois autres parchemins de missions !
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MessageSujet: Re: La Saison 3   La Saison 3 Icon_minitimeDim 2 Déc - 21:17

Episode 75 – Une Elfe en Mission

- Pour la douzième fois, Rugfid, soupira Elenwë, non, je ne tirerai pas sur votre petit doigt !
- Pardon d’insister, mais si vous voulez que ce soit vraiment drôle, c’est maintenant qu’il faut tirer. Celui-là, je le garde depuis un moment et ça urge un peu.
- Si vous émettez le moindre bruit ou souffle déplacé en ma noble présence, je vous change en ver de terre et je m’en vais pêcher à l’étang des brochets mutants.
- J’essaie juste d’égayer un peu la promenade, répondit Rugfid en haussant les épaules. En plus, j’aime pas trop le poisson…Dîtes, j’ai une idée ! Si on chantait ? On commence par votre préférée, « la salade des gens heureux », ok ?
- Non, je sais. Je vais vous transformer en carpe pour ne plus avoir à supporter vos palabres et j’irai ensuite chasser l’ours brun sanguinaire !
- C’est marrant, j’ai comme la vague impression que vous êtes de mauvaise humeur.
- Sans blague ?! Qu’est-ce qui vous fait dire ça ?! D’abord un archidruide vient me prendre mon bébé à cause de la débilité de mon époux et de votre humour de gobelin. Ensuite, Arzhiel qui a soudain l’idée farfelue de faire des équipes de deux pour mener à bien toutes les missions imposées de Conleth et qui me force à participer ! Et en plus, il me colle avec vous pour m’humilier un peu plus ! Je suis certaine que je vais salir ma robe dans cette forêt boueuse et mon enfant me manque ! Si je chope ce Teclan de malheur, je le lapide à coups de figues trop mûres et je le balance lui aussi aux brochets, enveloppé dans du lard !
- Je continue quand même à croire que vous êtes un peu de mauvais poil, murmura Rugfid.
- Je sens la migraine qui monte…
- Ah ! rit soudain le nain. Je viens de la comprendre ! Muet comme une carpe, c’est ça ?
- J’ai besoin d’un remontant, décida Elenwë, à bout de nerfs. On fait une halte !

Les deux compagnons de fortune s’assirent sur un rocher, chacun surveillant discrètement l’autre du coin de l’œil. Elenwë sortit une ligne de poudre de fleurs séchées avant de la sniffer tandis que Rugfid vidait d’une traite sa gourde de bière.

- Whaaaaaaaa ! s’exclamèrent-ils sur le même ton enthousiaste, la voix un peu pâteuse et traînante. Allez, c’est reparti !

Les deux comparses ne s’étaient pas encore levés qu’une demi-douzaine d’humains crasseux à faire peur jaillit des fourrés en leur brandissant leurs armes sous le nez. Ils échangèrent un regard entendu à la vue de la superbe elfe avant de ricaner grassement.

- Formidable ! s’exclama Elenwë en se ventilant le visage pour échapper à la puanteur des hommes. Des déserteurs sans foi ni loi devenus détrousseurs de grand chemin !
- Vous croyez que leurs intentions sont hostiles ? interrogea Rugfid tandis que les voleurs les encerclaient en fendant l’air de leurs coutelas.
- Non, ils veulent juste nous réciter leur dernier poème, crétin.
- Vous pouvez hurler et supplier, grogna l’un des maraudeurs, on adore ça !
- Il suffit, se plaint Elenwë. Rugfid ! Je vous ordonne de vous débarrasser de ces gueux dont la présence m’incommode !...Rugfid ? Qu’est-ce que vous faîtes, étendu par terre ?
- Chut ! Je fais le mort pour qu’ils s’éloignent !
- Tout ceci commence fortement à me chatouiller, marmonna la sorcière en piétinant le nain et en invoquant son premier sort de la longue série qui s’ensuivit.

Quelques heures plus tard, Elenwë étouffa un léger rot de digestion en jetant la dernière carcasse de brochet mutant pêché et dévoré sur le tas avec les autres.

- Finalement, c’est pas si mauvais le poisson ! observa Rugfid à ses côtés. Au fait, c’était quoi notre quête déjà ?
- Ah oui la quête ! se souvint l’elfe. Il faut interroger une liche ermite de la forêt et conteuse d’énigmes afin de découvrir la cachette de Teclan.
- Une liche, c’est une momie mais en plus crade et vicelarde, c’est ça ? Je me souviens que Hjotra et Brandir s’étaient déguisés en liches pour fêter Mardi Gros. Qu’est-ce qu’ils ont pris par la milice avant qu’on se rende compte que c’étaient eux ! Vous pensez qu’on va réussir ?
- Naturellement ! Voyez comme nous nous sommes débarrassés de ces malandrins malpolis ! Personne ne m’empêchera de retrouver mon enfant, pas même une liche ! Tant que j’ai mon remède, tout va bien.
- Euh, vous avez encore plein de poudre de remède sur le nez, remarqua Rugfid.
- Ahem, merci, répondit l’elfe en s’essuyant les narines et en se frottant nerveusement les gencives. Regardez, voilà son caveau. Damnation ! C’est fermé !
- Pas grave, on va feinter, je fais ça tout le temps au Karak quand le cousin me colle au trou.
- Je ne vous souhaite pas la bienvenue, fit la liche en ouvrant la lourde porte de bronze que Rugfid était en train de forcer avec une arête de poisson. Qui que vous soyez et quoi que vous vouliez, je ne vous livrerai la bonne réponse que si vous trouvez celle de mon énigme. Etes-vous d’accords ?
- C’est plutôt facile comme énigme, dit Rugfid. La réponse est oui.
- On vous écoute, fit Elenwë en donnant une bourrade au nain.
- L’océan en est rempli et il en tombe en pluie. Qu’est-ce ?
- La flotte ! s’exclama Rugfid. Enfin, l’eau, m’dame la liche.
- Faux, c’était le sel. Il en est plein les océans et on en saupoudre en pluie sur les plats.
- De quoi ?! s’écria Rugfid avec son accent de racaille des bas quartiers, vexé et énervé. Vas-y, qu’est-ce tu me fais là ?! Pourquoi tu me dis faux ? Qu’est-ce qui t’arrive, t’es fou toi ? Pourquoi tu m’agresses comme ça ?
- Il va se calmer le nain ? C’est faux, c’est faux, allez tu sors.
- Mais ta race ! Comment tu me parles ?! J’ai dit la flotte, j’ai bon, c’est tout ! Vas-y ! Je vais te faire puer la tombe pour quelque chose, moi ! Je vais chercher ma bande, comment on va te défoncer ton caveau ! T’es pas bien là, ma grande !
- Daignerez-vous éloigner ce personnage, je vous prie ? demanda la liche perplexe à Elenwë en tenant Rugfid à distance du bout de son bâton.
- Plait-il ? Je ne connais pas ce nain, on est arrivés ensemble, répondit l’elfe en grande honte. Mais on s’en moque. Récitez-moi une énigme à mon tour, s’il vous plait.

Rugfid consentit finalement à tourner les talons après maints insultes et signes obscènes, un léger crachat en direction de la liche et une imitation exagérée et moqueuse en bonne et due forme quand il fut assez loin.

- Non, plus d’énigme, déclara la liche blasée. Pas avant la prochaine lune.
- Tu veux la voir la nouvelle lune ?! cria Rugfid en se tournant et en baissant son pantalon. Tiens, rince-toi l’œil sur les cratères aussi !
- A dans un mois ! fit la mort-vivante en claquant la porte au nez d’Elenwë.

Le soir, au Karak


- Comment vous saviez que c’était la poule noire qui dirigeait toute les autres dans la meute, seigneur ? demanda Brandir en suivant son chef dans le couloir.
- C’était la seule qui montrait les dents, répondit Arzhiel.
- C’était bizarre comme quête…songea le guerrier.
- C’est votre coupe de cheveux qui est bizarre ! rétorqua Arzhiel en désignant la crête orangée, les trois tresses sur le devant et la nuque longue de Brandir. Tiens, Elenwë ! Salutations, ma douce limande. Alors, ça a été la mission de votre côté ? C’est pas Rugfid tout cramé sur le brancard là-bas ? Et c’est quoi ce crâne fumant entre vos mains ?
- C’est ce qu’il reste de la liche que nous devions interroger. Elle s’est montrée excessivement outrageante et je crains qu’elle n’ait froissé ma sensibilité.
- Vous l’avez pulvérisé, c’est ça ?
- Oui, admit l’elfe un peu gênée. Elle m’a claqué la porte au nez. J’ai perdu mes nerfs et le contrôle de mon sortilège de Tornade de Feu Infernal. Votre cousin a un peu pris cher au passage et aussi la forêt sur cinq cent mètres alentour. Vous croyez que Conleth pourra faire parler la liche même s’il reste que son crâne en cendres ?
- Bof. La vraie question, vous savez, ma vache maigre adorée, c’est : est-ce que ça vous a plu ?
- J’ai exécré cette quête débile avec un boulet à mes basques du début à la fin et il m’en reste quatre autres pires à finir.
- Bienvenue dans mon univers, répondit le nain en lui tapotant l’avant-bras, rejoint par Brandir qui louchait pour examiner ses mèches violettes.
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MessageSujet: Re: La Saison 3   La Saison 3 Icon_minitimeDim 2 Déc - 21:18

Episode 76 – Le Barbu Caustique

Svorn traversa la caverne plongée dans l’obscurité, évoluant sur la pointe des pieds au milieu des autres esclaves nains prisonniers des drows. Il rejoint discrètement Hjotra endormi dans un coin et le réveilla d’une baffe.

- Gni ? Non je ne veux plus de soupe au potiron, pitié !
- Silence, abruti ! marmonna Svorn en brisant les chaînes de son compagnon d’un sort de foudre étouffé par les ronflements. Réveillez-vous ! On passe à l’action !
- Il va m’entendre, le seigneur quand je rentrerai au Karak ! ronchonna Hjotra en suivant le haut prêtre. On se fait capturer par des drows ! On est dépouillés ! On se retrouve à travailler dans leurs mines de charbon et maintenant on me réveille en pleine nuit ! C’est la dernière fois que je le laisse m’envoyer en vacances avec vous !
- Mais ça fait partie du plan, boudin ! se lamenta Svorn en surveillant les gardes plus loin. Je vous explique une dernière fois, après je vous fais avaler votre langue ! On doit retrouver un sage troglodyte qui vit sous cette cité drow. Se faire capturer par les elfes noirs était le seul moyen de l’atteindre, vous pigez ou je vous fais sortir la cervelle par les oreilles ? Bon, allez tournez vous que je nous situe. Justifiez un peu votre présence !

Hjotra coopéra sans avoir écouté la moitié de l’explication, laissant le haut prêtre inspecter le plan des souterrains dissimulés dans les runes tatoués dans son dos. Une fois la route assurée, Svorn entraîna son équipier dans un dédale de tunnels et de couloirs, esquivant les patrouilles, ne se retournant que pour cracher sur leurs passages et maudire leur descendance. Les deux nains rallièrent l’orée de la cité drow et récupérèrent leur équipement dissimulé avant leur capture.

- Non, on n’a pas le temps de faire une fondue ! chuchota Svorn en pistant le tunnel. Les gardiens doivent déjà être sur nos traces et…mais c’est quoi tout ce fatras dans votre sac ?!
- Uniquement l’essentiel, comme vous avez dit : une demi carcasse de mouton, une fiole de fiente de griffon, un caillou avec une forme marrante, Trognon l’ourson, mon grizzly en peluche, mon lingot en or fétiche gravé de la devise naine « In Gold we trust » et une branche sacrée que m’a refilé un elfe pour éloigner les hyènes.
- On est sous terre en région montagneuse, y a pas de hyène ici !
- Je sais. Dîtes merci à ma branche bénite.
- J’ai compris que Arzhiel me détestait vraiment au moment où il m’a demandé qui je désirais prendre comme équipier pour cette mission quasi impossible, que j’ai répondu personne et que c’est vous qu’il m’a refourgué sans vergogne.
- J’ai aussi une flûte à bec pour faire danser les abeilles, dit Hjotra sans l’écouter. Vous voulez que je vous joue un petit air ?

Quelques jurons, une autre baffe et un coup de flûte à bec dans le nez plus tard, Svorn reprit sa course à travers les souterrains, entraînant son distingué camarade dans les entrailles de la terre, sous le domaine des drows. Après de longues heures d’errance, d’efforts et d’engueulades, les deux comparses parvinrent à la grotte indiquée par Conleth sur le plan porté par Hjotra.

- On y est, souffla Svorn, soulagé. Mais pourquoi vous traînez encore ?!
- J’ai glissé. Je crois que je me suis foulé une veine.
- Si c’est celle qui irrigue le cerveau, ça explique bien des choses !
- En plus, j’ai cassé ma fiole de fiente dans mon sac, je vous raconte pas l’odeur ! On va croire qu’on est de la même famille, pfff !
- Mais qu’est-ce que vous fichez avec une fiole de merde de griffon aussi !
- C’est très efficace contre les verrues et comme liant à pigment pour décorer les écus. Pas besoin d’être une puce savante pour savoir ça, voyons.
- Reculez un peu, on ne sait jamais. Votre débilité est peut-être contagieuse. Vous êtes vraiment inutile, mon pauvre bonhomme.
- Peut-être, mais moi j’ai des cheveux, répondit narquoisement Hjotra.
- Quel rapport ?! Bon attendez-là et soyez sage. Je vais interroger le troglodyte, je reviens. Ne touchez à rien, ne faîtes pas de bruit et si vous pouvez, ne respirez pas. Oui, les doigts dans le nez si vous voulez, je m’en fous.

Svorn soupira longuement et pénétra dans la grotte, bien décidé à réussir seul cette quête pour prouver à Arzhiel que ces petites manigances ne pouvaient porter atteinte à son génie. Le père des troglodytes entouré de ses nombreux enfants lui fit signe d’approcher jusqu’au fond de la caverne et l’invita à s’asseoir en face de lui. Dix minutes plus tard, Svorn rejoint Hjotra, tout penaud.

- J’ai échoué, avoua le haut prêtre, les larmes aux yeux. Cette bestiole diabolique, sûrement dénuée d’âme, m’a obligé à jouer à un étrange jeu avec des cartes, des jetons et des dés. J’ai perdu dès la première partie.
- Naturellement, déclara Hjotra en mâchouillant un bout de viande de mouton. Vous avez tenté la triplette en impair alors qu’il avait une coupe franche à pique grâce au cavalier et au fou.
- Comment vous savez ça, vous ?!
- Je m’ennuyais dans le couloir alors je suis venu regarder avec la foule. Je me suis fait deux copains troglodytes, on va chasser le ver de terre des grottes tout à l’heure et…
- Non, crétin ! Comment vous connaissez ce jeu de débiles, je veux dire ! Ouais, ne répondez pas, la réponse est dans la question. Vous pensez que vous pouvez rétamer papa troglo ?!
- Je sais pas trop, bouda l’ingénieur. C’est difficile quand on est inutile et contagieux.
- Pourquoi ? Vous voulez être édenté à coup de rune dans la bouche en plus ? menaça Svorn.
- Demandez-moi gentiment.
- Voyons voir, fit le prêtre en fouillant dans son sac. Gentiment, il a dit…rune d’implosion, rune d’éclair, rune de décomposition…Ah, voilà ! Rune de transformation en gobelin !

Hjotra se leva d’un bond et trottina en couinant jusqu’à la table du sage troglodyte, suivi de son compagnon satisfait.

- Et expliquez-moi ce que vous faîtes au fur et à mesure ! ordonna Svorn.
- Chut, vous me déconcertez ! Bon, là il tente le saladier…Je crois qu’il a des atouts royaux ou peut-être une suite à la reine. Normalement, si je fais cubitus et chasse au valet à carreau, je l’oblige à faire carrosse et boursicote.
- C’est vraiment…technique comme jeu, commenta le haut prêtre, perplexe.
- Hum, carotte à trèfle en renfort de la tour, c’est mauvais signe.
- Mais c’est quoi ce jeu ?! grommela Svorn, troublé.
- Le Barbu Caustique ou le Mulet Jovial pour les humains. Bon, comme c’est pas un tocard, je balance la sauce. Je tente le trompe la mort avec ma longue à cœur en sacrifiant mon joker.
- Et où diable avez-vous appris à jouer à ça ?! pesta son camarade en suivant avec peine tous les mouvements de pièces et les changements de cartes.
- En séchant l’entraînement aux armes. Je me planquais dans les geôles et c’est un brigand borgne et manchot qui m’a appris. Zut, il m’a pris mon destrier avec son double trois. On appelle ça une "grenouille" ou "maman va traire" en humain, même si j’ai jamais compris pourquoi. Bon, d’après vous, qu’est-ce que je dois jouer là ? Hein ? D’accord, merci le soutien ! Essayez de suivre un peu, mon vieux. Là, je lui mets mon dix de bâton et avec mon cache-nez et ma marrade du tour précédent, je lui colle une triplette !
- Ah…C’est…bien joué. Il tire la gueule, il mordille ses tentacules.
- Bon, c’est l’instant crucial, j’ai besoin de vous. Faîtes un pas de gigue en deux temps avant que je lance les dés. J’en ai besoin pour gagner.
- C’est vraiment indispensable ? demanda le nain en dansant.
- Non, du tout, c’était juste pour voir si vous le feriez. Hop, deux et cinq !!! Tambouille du dragon !!! Il est cuit, on a gagné !!!

- Alors ? lança Conleth quand Svorn et Hjotra furent de retour au Karak.
- On a interrogé le troglodyte mais il ne savait pas où se trouvait Teclan. On peut se retirer ?
- Encore un coup dans l’eau, râla Arzhiel. C’est bon, allez-y, les enfants. C’est vraiment la fin du monde…
- Ne désespérez pas, il reste de l’espoir.
- Non, je parlais de Svorn. Regardez-le : il ricane. Et en plus avec Hjotra. On dirait qu’ils se sont bien amusés. C’est bizarre…Je leur avais pourtant confié une pire mission…Pfff, tout fout le camp !
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MessageSujet: Re: La Saison 3   La Saison 3 Icon_minitimeDim 2 Déc - 21:18

Episode 77 – Gastro, c’est trop !

Arzhiel ôta avec moult efforts les trois épaisseurs de son écharpe recouvrant la moitié inférieure de son visage et se tourna vers Brandir en se pinçant le nez.

- Ça va juste être pas possible, déclara-t-il d’une voix nasillarde tandis que le berserker peinait à suivre le petit groupe dans le couloir. Même avec le sort d’Apnée que m’a lancé Elenwë et mon écharpe en poil de yack tacheté, j’arrive quand même à sentir l’horrible odeur de vomi que vous trimballez avec vous !
- Je crois que je suis un p’tit peu malade, répondit Brandir en titubant, livide comme un mort, les yeux rougis et en sueur malgré le froid ambiant du tunnel.
- Un p’tit peu, vous dîtes ?! Vous avez gerbé l’équivalent de trois banquets depuis le début de la mission et j’ai un protecteur qui s’est brûlé la main sur votre front ! Et cette odeur, c’est épouvantable ! J’ai les trois quarts du groupe dehors à l’air libre, incapables de rester une minute de plus à côté de vous !
- C’est des gonzesses ! Ça va, c’est pas aussi intenable que l’odeur de la cantine, quand même ! En plus, je sens que je vais un peu mieux là…Ou peut-être pas…Reculez, je vais gerber ! Reculez encore, je ne suis pas responsable des éclaboussures !
- Oh non ! râla Arzhiel en se tournant. C’est immonde ! Mais pourquoi vous récupérez tout dans un seau aussi !
- C’est le médecin, répondit piteusement Brandir en essorant sa barbe souillée. Il m’a dit que je devais en garder pour la fabrication d’un remède. Du coup, je stocke.

Le berserker tendit son seau pour appuyer ses dires, forçant à une retraite précipitée deux nouveaux guerriers dévastés par l’odeur.

- Je ne comprends pas, fit Arzhiel, dépité. C’est quand même pas de la loyauté qu’insister comme ça pour participer à cette quête ?! Vous ne pouviez pas rester peinard à agoniser dans votre grotte ?
- C’est ça, ouais ! Pour claquer dans mon lit comme un humain ! Et ma mort dans l’honneur, hein ?! Comment je fais pour obtenir une mort glorieuse si je pionce ?! En plus, vous avez dit que la quête était dangereuse et mortelle.
- Buter un minotaure et s’emparer de son joyau de feu dont la puissance est capable de raser le pays, c’est sûr qu’on n’est pas partis aux champignons !
- Bon, ben voilà ! Je gerbe mes tripes, je ne tiens pas debout et on va attaquer un monstre bien crade. Si avec ça j’arrive pas à me faire couper la poire en deux, je veux bien aller me faire voir chez les elfes !
- Seigneur, on peut poursuivre ? supplia un guerrier. L’odeur stagne et comme vous le faîtes parler, l’air commence à s’épaissir dans le tunnel.
- Baste, mais c’est vrai en plus ! Fermez-la Brandir. Y a une sorte de brouillard opaque autour de vous à cause de votre haleine et ça commence à ronger nos armures.
- Désolé ! marmonna le berserker. C’est à cause des morceaux que j’ai coincés entre les dents.

Arzhiel leva lentement les yeux au ciel en adressant un regard assassin au plafond, suivi d’une pensée peu amicale à l’attention de son dieu. La troupe excessivement réduite avança malgré tout avec obstination, à la recherche du minotaure gardien des lieux. Ce dernier trouva rapidement les intrus, sans doute tiré de son sommeil par la singulière odeur qui avait envahi le souterrain.
Un combat d’une rare violence s’ensuivit au cours duquel des braves parmi les braves perdirent la vie, pourfendus par la bête à la force titanesque. Néanmoins, à force de vaillance et du jet inattendu d’un seau empli d’un liquide nauséabond et inhumain échappant des mains tremblantes de son propriétaire malade, les soldats de Arzhiel mirent finalement le minotaure à mort
.

- Noooooon ! hurla Brandir quand le monstre expira sous les coups de hache. Ne meurs pas, noiraude ! Allez relève-toi ! Bute-moi, cornu ! Sois pas vache ! Mais quelle bouse, celui-là ! Je suis encore en vie !
- C’est un souci qui nous afflige tous, je vous rassure, observa Arzhiel en pansant ses plaies. C’était vraiment sympa d’intervenir, mais évitez de répandre votre vomi partout comme ça. Vous vous rendez compte si ça avait touché l’un de nous ?!
- C’est à cause des spasmes de la nausée, j’ai lâché prise ! Qu’est-ce qu’on fait, seigneur, on va chercher un autre minotaure ?
- Ou un autre chef des guerriers. C’est maintenant qu’on va rire. Voyons voir ce que Conleth veut qu’on récupère comme matos sur la bestiole pour sa magie. Les oreilles, la langue, les gencives, une corne, un auriculaire…
- M’en fous, je garde les orteils, maugréa Brandir, boudant assis par terre.
- …et les bourses. Oh, mon dieu, faîtes qu’il parle de son porte-monnaie.
- Il n’a pas de ceinture, ni de sac, donc pas une piécette sur lui, seigneur. Il a juste un pagne presque aussi dégueu que le menton de Brandir.
- C’est sûrement un signe du destin. Brandir, au boulot. Comment, il s’est évanoui à cause de la fièvre ? Réveillez-le, mais ne le remuez pas trop. Hé ho ! Debout ! Allez trancher dans le vif.
- Il sent le fauve, l’animal ! commenta Brandir en s’exécutant.
- Faites pas votre sensible, à la différence de vous, il n’est qu’à moitié bête.
- Ben, c’est pas la partie la plus hygiénique…Me forcer à émasculer un cadavre de minotaure, je vais finir par voir rouge !

Malgré sa faiblesse et la fièvre, le nain récupéra les diverses parties requises ainsi que son précieux seau, la vue de ce dernier arrachant un semblable rictus d’écoeurement sur le visage de ses compagnons.

- Excellent ! lança Arzhiel pour remotiver la troupe. On n’a plus qu’à retrouver le joyau de feu et, Gazul soit loué, on pourra enfin allez respirer l’air frais. Venez ma bande !
- Si quelqu’un veut faire briller sa lame, j’ai du rab de sueur, c’est très efficace, proposa Brandir en s’épongeant. C’est dingue comme je bous. Je suis presque aussi chaud que Dame Elenwë au printemps.
- Et quasiment aussi répugnant qu’elle quand vous vomissez par le nez, fit Arzhiel.
- Vous êtes dur, seigneur, c’est arrivé que deux fois et j’étais pourtant certain d’éternuer.
- On poursuivra cette conversation quand vous serez guéri, ou mort, vous voulez ? On approche de la tanière du minotaure. Et voilà le joyau là-bas, posé sur le piédestal. On va d’abord vérifier s’il n’y a pas de piège ou d’attrape-couillons donc ne touchez à rien et…
- Courez !!! hurla Brandir affolé en tenant le joyau entre ses mains.

Le groupe hésita sans comprendre jusqu’à ce que le gardien de la relique, un élémentaire supérieur du feu, ne commence à les arroser de rafales enflammées. Aussitôt les nains s’enfuirent en beuglant, poursuivi par l’être enchanté
.

- Comment vous pouvez galoper aussi vite, gros boulet, alors que vous êtes quasi claqué ?! grogna Arzhiel en rattrapant Brandir.
- Je ne veux pas mourir !
- Je croyais que c’était votre but dans la vie !
- Mais pas cramé, je ne supporte pas la chaleur !

Les guerriers sprintèrent vers la sortie, inlassablement pourchassé par l’élémentaire furieux. Ils rejoignirent le reste du groupe qui attendait patiemment à l’extérieur, papotant ou jouant dans la neige abondamment tombée dans la nuit. Le gardien de feu furieux surgit au milieu des nains, calcinant tout sur son passage et s’acharnant sur les bonhommes de neige à l’effigie d’Arzhiel.

- Impossible de le semer ! pesta ce dernier en vérifiant si son arrière-train était aussi large que celui de certaines œuvres. Pas le choix, il faut se battre.
- C’est pénible de rencontrer des gardiens aussi zélés ! se plaignit Brandir. Attendez, j’ai une idée ! Les gars ! Formation 4-4-2, tactique de l’ours pétochard !
- Une stratégie de combat ?! s’exclama Arzhiel, stupéfait. Je savais bien que vous méritez votre poste de chef des guerriers, même malade et tout gerbant !

Arzhiel, ému, observa ses soldats se disposer en lignes, surpris, jeter leurs armes, perplexe, se pencher pour ramasser de la neige et très abattu, entamer une féroce bataille de boules de neige en visant l’élémentaire. Il ne trouva qu’une maigre compensation à tirer à son tour sur Brandir, non sans avoir auparavant fourré ses boules de cailloux bien lourds.
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MessageSujet: Re: La Saison 3   La Saison 3 Icon_minitimeDim 2 Déc - 21:18

Episode 78 – Ce Que Veulent les Femmes

Elenwë écarta dans une grimace répugnée une masse compacte de toiles d’araignée avant de s’engager dans le sinueux escalier menant aux geôles. L’endroit lui étant parfaitement inconnu, elle dut s’arrêter plusieurs fois dans le dédale de couloirs pour finalement demander sa route à Hjotra qui expiait sa dernière punition dans un gibet rouillé. La sorcière débarqua avec fracas dans la salle de torture de Svorn, son humeur aggravée par la tâche dégoûtante et encore fraîche à sa robe.

- Mon prisonnier ?! exigea-t-elle d’un ton sec. Prêtre, où est mon prisonnier ?!

Svorn qui se lavait les mains en sifflotant, indiqua un cadavre au crâne fendu dans le fond de la pièce.

- Il manquait d’ouverture d’esprit. J’ai tenté de corriger ça.
- Vous avez tué notre unique source d’informations ?! Votre conduite est inqualifiable !
- Mince, du coup, ça va être dur de la classer dans les archives.
- D’accord. On va jouer à Cache-Cash. Partez vous planquer. Si je vous retrouve en moins de dix minutes, vous prenez cash.
- Détendez-vous, lança Svorn devant le ballet crépitant des premières flammes magiques invoquées. Je lui ai fait cracher le morceau…et tout le reste aussi d’ailleurs. Pour quelqu’un qui manquait d’estomac devant les tisons ardents, il a bien vidé son sac. La cachette de Teclan est secrète, d’où le nom. Il ne la connaissait pas, mais il sait où trouver son lieutenant, un démon à son service. Réunissez votre paquetage et votre boulet, vous avez une nouvelle mission !

Quelques heures plus tard, loin, très loin du Karak.

- Ça y est, on est prêts à partir ? soupira Elenwë d’un ton impatient.
- Oui, voilà, voilà ! répondit Rugfid en se reboutonnant le pantalon. Je suis désolé, mais la téléportation, ça me fiche toujours la colique. Il faudra penser à revenir dans un moment. A mon avis, ce buisson va avoir une belle pousse prochainement. Au fait, on est où là ?
- Dans les marais de l’Ultime Râle, à l’ouest des Landes du Trépané. Au-delà s’étend le territoire interdit des Skargs. C’est là où se terre le bras droit de Teclan. On les trouve, on les crame, on l’interroge, on le crame et on rentre.
- Vous passez trop de temps avec Svorn…commenta le nain en observant le sourire sadique de l’elfe d’un œil inquiet.
- Les Skargs redoutent le feu.
- Les Skargs, c’est pas un fromage d’orc avec des morceaux de hobbits ?
- Du tout, mais ça doit avoir le même goût j’imagine. Ce sont des monstres visqueux à la peau verte, dotés d’antennes et qui bave constamment. Il porte une sorte de coquille sur leur dos et adorent la pluie. Une rumeur circule sur leur mode de reproduction plutôt écoeurant, mais je préfère ne rien savoir à ce sujet.
- Puisque vous abordez le sujet, enchaîna Rugfid en suivant la sorcière, j’ai besoin de votre avis pertinent pour une question importante.
- Est-ce que ça a un rapport avec notre quête ?
- Aucun rapport, mais c’est la bave qui m’y a fait penser. J’ai deux maîtresses à la taverne et je ne sais pas laquelle choisir.
- Tout cela me parait en effet important et opportun en un tel moment…Je les connais ?
- Vous allez à la taverne parfois, celle du bas quartier avec la tête de porc au-dessus de la porte ?
- Y chercher mon époux des fois, y engager des mercenaires pour l’espionner, souvent.
- Mes maîtresses, c’est Frida et Ugmïra. Frida c’est la serveuse rousse, borgne. Je l’ai rencontré la fois où j’avais subi un violent coup critique de savon dans l’œil et que les autres m’avaient fait croire que ce serait inguérissable et que je n’avais plus comme avenir que de devenir pirate. On a sympathisé et depuis on se revoit régulièrement, même si on a abandonné notre projet d’acheter un trois-mâts pour la mare de la vallée. Ugmïra, c’est la lanceuse de haches, une cliente assez fidèle.
- C’est celle qui a le regard bovin ou celle qui semble tout le temps constipée ?
- Euh, le regard bovin. Elle m’avait gagné aux dés pour la nuit, elle m’a fait astiquer ses armes jusqu’à l’aube en m’appelant Biquette. Que de bons souvenirs !
- Il va vraiment falloir que vous vous trouviez un vrai passe-temps, observa Elenwë en foudroyant deux sentinelles Skargs d’une main.
- Elles ne savent pas que j’entretiens une liaison parallèle, mais je commence à me sentir mal vis-à-vis d’elles.
- Vous culpabilisez, c’est bien normal et c’est bon signe malgré tout.
- Hein ? Non, carrément pas. C’est juste que l’une m’écorche vif si elle l’apprend et l’autre, je n’ose pas imaginer depuis que je l’ai vu émasculer un rat à la hache de jet à dix mètres de distance dans une ruelle sombre et encombrée.
- Des marais putrides, mon bébé enlevé, un ennemi répugnant, une conversation profonde ! chanta Elenwë. En quoi devrais-je regretter ma forêt ?
- Qu’est-ce que je dois faire à votre avis ? Vous qui avez été une femme à une époque, vous en pensez quoi ?
- Que vous irez rejoindre Hjotra pour une semaine rien que pour cette insinuation déplaisante, répondit l’elfe en indiquant le village Skarg, sur une terre un peu plus ferme que celle dans laquelle ils pataugeaient. Elles paraissent assez ouvertes comme filles, pourquoi vous ne leur dîtes pas la vérité ?
- Pour leur proposer un plan à trois, derrière ?! s’exclama Rugfid, soudain illuminé. Ouais, c’est terrible, ça ! Mais c’est quand même risqué. Et puis, c’est mal je trouve. Ce genre d’abus, c’est la porte ouverte à tous les courants d’air. Et je veux mener une vie saine !
- Il vaut mieux avoir des oreilles pointues que d’entendre ça, soupira Elenwë en bombardant des jets de flammes sur tout ce qui bougeait dans l’espoir de faire apparaitre le démon. Si vous voulez leur survivre à vos copines, je vous conseille alors de les quitter toutes les deux. Sortir de leur vie, c’est le mieux que vous pouvez leur apporter.
- C’est raide ! se renfrogna le nain sans s’apercevoir du carnage qui régnait alentour, mais se baissant néanmoins par réflexe pour faire les poches des morts. En plus, j’ai donné mon médaillon en dents de lait d’orc à Ugmïra, j’aimerais le récupérer. J’en avais peiné pour le voler à Brandir, je ne vous raconte pas.
- Attendez un instant, fit l’elfe. Restez derrière moi. Je crois que c’est leur chef qui arrive là-bas. Oui, il correspond à la description du captif interrogé par Svorn. Pas de jambe, deux bras de huit mètres de long et le visage au milieu du torse. Je manque d’instinct, mais dans le doute, on va dire que c’est lui.
- Il a l’air drôlement remonté, observa Rugfid, caché sous un cadavre. Il a toute une troupe armée avec lui. Si c’est comme ça qu’on accueille les touristes ici, il ne faut pas s’étonner de vivre dans des marais interdits !

Le monstre lança ses guerriers furieux à l’assaut à travers le village ravagé par les flammes. Elenwë se recoiffa négligemment une mèche, épousseta sa robe et étouffa un bâillement coquin avant de les balayer d’une vague de feu géante. D’une pichenette, elle commanda au brasier environnant de se retourner sur le démon ahuri.

- Vous n’y êtes pas allée de main morte sur le bras droit de Teclan! s’écria Rugfid. Les bras lui en tombent.
- Il ne suffit pas d’avoir le bras long quand on n’a pas les épaules, dit la sorcière satisfaite.
- Dîtes, songea le nain en repensant à sa propre histoire, si vous vous débrouillez aussi bien toute seule, qu’est-ce que vous fichez avec mon nullos de cousin ?
- Je crois que nous avons toutes le même problème, réfléchit Elenwë, qu’elle que soit notre race. Les mâles ne nous servent à rien, mais ils nous sont pourtant indispensables. Bon, allez, fini de jouer. Allons ramasser ce qui reste de notre hôte. Il a des révélations à…AHHHHHHHHH ! SEIGNEUR ! AHHHHHHH !
- Quoi ?! Quoi ?! Quoi ?!
- Là, une araignée horrible avec plein de pattes ! Elle monte sur ma robe ! Oh, pitié, chassez-la !
- Ça y est, s’exécuta Rugfid en ôtant le monstre de la taille d’un demi-ongle. Je crois que je viens de comprendre votre explication sur les femmes. Finalement, je garde mes deux amantes.
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MessageSujet: Re: La Saison 3   La Saison 3 Icon_minitimeDim 2 Déc - 21:18

Episode 79 – Attentat

Hjotra pénétra sur la pointe des pieds dans la chambre de Svorn, un linge humide sur le visage pour ne pas défaillir à cause de l’odeur rance qui planait dans l’air. A l’aide d’un manche à balai, l’ingénieur tapota le haut prêtre pour le réveiller, lui enfonça le bâton dans les côtes puis finalement dans une narine jusqu’à ce que celui-ci ouvre enfin l’œil.

- Il y a un monstre sous mon lit, se justifia Hjotra devant le regard enflammé et interloqué de son compagnon d’aventures.
- Vous délirez à pleins tubes si vous croyez que je vais me lever pour aller vérifier, mon grand ! J’ai l’air d’être Arzhiel ou votre nounou ? Regardez-moi dans le blanc des yeux, vous voyez quoi ?
- Un vieux nain chauve au regard lubrique ? proposa Hjotra.
- Un nain éreinté de fatigue après une journée de marche dans cette région humaine toute pourrie ! Si je vous ai payé une chambre séparée de la mienne dans cette auberge, c’est pas pour voir votre pomme au milieu de la nuit. Fichez-moi le camp !
- Je peux dormir avec vous alors ?

Svorn se figea dans son lit et resta silencieux une seconde.

- Bon, alors je jette juste un œil sous votre plumard ! pesta-t-il en se levant pour s’habiller. Vous ne m’épargnerez donc rien ! Entre votre caprice à l’échoppe du chapelier pour avoir ce bonnet ridicule et votre cirque à table pour avoir des intestins de lièvre avec votre purée, j’ai vraiment l’impression de me trimbaler un gosse ! Il va falloir songer un jour à devenir adulte et vous conduire comme tel ! La maturité, voilà ce qu’il vous manque en plus de la cervelle. Je crois que…Qu’est-ce que c’est que ça dans votre lit ?!
- Une naine nue. Je pensais que vous en aviez déjà vu au moins une.
- Mais c’est la fille du colporteur qu’on a croisé dans l’auberge ! On lui a parlé deux minutes ! Comment vous avez réussi à la fourrer…dans votre lit ?!
- Je vous expliquerai bien, répondit Hjotra en haussant les épaules, mais on n’a pas toute la nuit non plus. Venez voir. Le monstre se cache tout au fond là.

Médusé par la jeune naine blonde qui le salua d’un geste timide, Svorn suivit son compagnon et se pencha sous le lit. A sa grande surprise, il aperçut une forme étrange et la poussa à la lumière.

- C’est mon orc en peluche, intervint Hjotra en le lui arrachant des mains. Le monstre me l’avait chipé.
- Et ça, c’est quoi ? J’avais bien dit de ne pas apporter de nourriture dans la chambre ! Et je croyais que vous aviez fini votre purée…Y a un sacré bordel là-dessous mais pas de monstre. Tiens, et ça ? C’est marrant. Ça clignote dans le noir comme la rune d’explosion qu’on m’a volé ce matin…

Quand Svorn reprit connaissance après la violente explosion qui balaya tout le bâtiment, la première chose qu’il aperçut fut Hjotra avec une seule botte, tournant en rond autour d’un cratère fumant. L’auberge avait été soufflée par la rune et hormis quelques décombres calcinés, il ne restait plus rien de l’établissement.

- Oh mon dieu ! s’exclama Hjotra en accourant vers son camarade quand celui-ci se releva péniblement. L’explosion vous a brûlé tous les cheveux et les sourcils ! Ah, mais non, je suis bête, ça fait des lustres que vous êtes déplumé.
- Il vous manque une botte, balbutia le prêtre, un peu confus. En plus, vous avez une patate à votre chaussette, c’est la honte.
- Je sais ! râla l’ingénieur. Impossible de remettre la main sur ma botte. A tous les coups, le monstre l’a embarqué.
- Je n’arrive pas à croire qu’on ait survécu à une rune majeure d’explosion…
- En même temps, si votre matos était efficace, ça se saurait.
- On a essayé de nous assassiner. Au fait, où est votre copine blonde ?
- Elle pendouille là-haut, accrochée à la poutre. Ne vous en faîtes pas, je lui ai déjà demandé pour ma botte. C’est pas elle qui l’a prise.
- Vu ce qu’elle a morflé, on peut de suite l’éliminer de la liste des suspects. Même Rugfid n’en voudrait plus maintenant. Venez, on s’en va. Celui qui nous en veut va sûrement venir vérifier qu’on y est bien restés.
- J’espère que le monstre n’a pas été blessé non plus, déclara Hjotra, suivant Svorn en boitant.

- Vous avez bien fait de nous contacter, acquiesça Arzhiel à travers le cristal de communication. Vous dites que vous n’êtes que légèrement blessés ? Même pas une fracture ou une plaie ouverte ? Quelle brêle ce Teclan ! Remarquez, vu ce que j’envois à ses trousses, il doit se mettre à niveau, c’est compréhensible. Hé ! Ne poussez pas le druide !
- Ici, Conleth, dit l’Archidruide en se plaçant devant le cristal à la place d’Arzhiel. C’est une information très intéressante. Si Teclan commence à dépêcher ses tueurs, c’est qu’on doit approcher du but. Peut-être même avez-vous découvert sa cachette. Ne bougez pas et ne faîtes rien. On vient en renfort.
- Pensez à prendre des chaussettes neuves ! lança Hjotra.
- Silence, bourrique ! le houspilla Svorn. Restez où vous êtes, on n’a pas besoin d’un humain. Je ne vais pas me laisser exploser avec mes propres runes sans rien faire. On est en planque devant les ruines de l’auberge. Si Teclan ou un de ses sbires se pointe, on le fume !
- Arrêtez, malheureux ! Vous ne savez pas à quoi vous vous exposez ! Nous…Ils ont éteint leur cristal ! Les fous ! Arzhiel, y a-t-il un espoir que Hjotra convainque Svorn de ne rien tenter seuls ?
- Autant que me voir un jour porter les mêmes guenilles que vous. La dernière fois que Hjotra a réfléchi, c’est quand il avait gagné un demi-mouton au loto du Karak et qu’il hésitait à prendre son lot vivant ou mort.
- Est-il…taré ?
- Il n’a pas toujours été comme ça. Mais il n’a plus jamais été vraiment le même après sa disparition. Il prétend avoir été enlevé par des intra-terrestres sous la montagne et qu’ils ont fait des expériences sur lui. Vous venez ? Y a du gratin de champignons à la cantine aujourd’hui.

- On va leur montrer qu’on n’a pas besoin d’eux pour corriger nos ennemis ! claironna Svorn en balançant son cristal de vision au loin. Battre un magicien, ça ne doit pas être sorcier.
- Tout à fait ! On a la rage et ils vont payer ! On attend quoi déjà ?
- Que le rigolo qui a voulu vous faire sauter les miches vienne vérifier qu’on est bien raides. Dès qu’il approche, on lui saute dessus et on le caillasse avec mes runes.
- Là ! C’est lui !
- Comment vous le savez ? Y a foule ! Vous le reconnaissez ?
- Non, mais c’est ma botte qu’il porte. Je la reconnaîtrais entre mille. On voit les papillons et les fées dessinés dessus d’ici. Bigre ! Il est immense !
- Ce malabar-là, je n’en fais qu’une bouchée ! Hardi ! Sus au meurtrier et au voleur de botte !

- Alors ? demanda Arzhiel quand le cristal s’illumina pour refléter le visage de Hjotra. Vous êtes toujours en vie ?
- Oui et on a eu le méchant. Mais ce n’était pas Teclan. En fait, c’était juste le fiancé de la fille du colporteur qui était jaloux et voulait se venger. Svorn l’a mis en pièces, ainsi que quinze passants et deux maisons proches se sont effondrées. Les gardes l’ont mis en prison et vous réclament deux mille pièces d’or de dommages et intérêts. Ah, j’oubliais. Tous les nains du Karak sont interdits de passage dans la région pour le prochain siècle. Vous êtes fâché ?
- Revenez à la maison, mon ami, sourit nerveusement Arzhiel, on débattra de la question en tête à tête, d’accord ?
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MessageSujet: Re: La Saison 3   La Saison 3 Icon_minitimeDim 2 Déc - 21:19

Episode 80 – La Réserve

L’espion quitta les cuisines, interrompant son casse-croûte de minuit, intrigué par la conversation emportée provenant de la salle du trône. Son poulet farci aux œufs de moineaux avec sauce au gras de veau et foie de volaille à la main, il se rendit tranquillement sur place. Il trouva Arzhiel, boudant sur son trône et Brandir, menotté par un soldat devant lui. Devant la banalité de la scène, sa curiosité fut exacerbée par le ton montant, aussi s’approcha-t-il.

- On a réussi la mission du druide, seigneur, argumentait Brandir tandis que le garde lui rajoutait un boulet aux chevilles. On s’est rendu au Cimetière des Âmes Damnées, on a castagné tous les monstres, on a trouvé la crypte sans se perdre plus de douze fois, on a pris l’objet demandé et on est même revenus avec des blessures graves ! Je ne vois pas ce qui vous chagrine. Je pense que vous êtes un petit peu jaloux de moi parce que ma hache est plus grande que la vôtre.
- Non seulement ce n’est pas la taille qui compte mais en plus j’ai rien à envier à votre façon de la manier, mon pauvre. Salut, l’espion !
- ‘Soir seigneur. Vous rentrez de mission ?
- Une quête admirablement menée ! Mais le seigneur veut m’envoyer en geôle. Je ne comprends pas. Comme dirait Hjotra, j’en perds mon lapin.
- C’était quoi le but de la balade ?
- Ramener un Miroir divinatoire enfermé dans une crypte maudite afin de trouver la cachette de Teclan.
- Et le miroir est là ! s’exclama Brandir tandis que le garde l’enroulait dans une chaîne épaisse. Entre nous, seigneur, on a bien gérés ! Les squelettes moisis, par exemple ! Comment on s’est marrés à leur lancer Touffou aux miches. Je n’ai jamais vu votre cerbère aussi heureux et gâté en os. Et les fantômes de la légion perdue ! Ils n’ont pas fait un pli devant l’Aspirapeur de Hjotra.
- Le quoi ?
- Une invention de l’autre fêlé, soupira Arzhiel. C’est une arme portable cylindrique qui aspire l’air et donc les esprits. Ça peut paraître formidable comme engin, mais une fois que les trois souris dans leur roue qui actionnent le mécanisme sont épuisées, ça n’est même pas suffisant pour assommer son compagnon d’armes.
- N’empêche que le miroir est là ! renchérit Brandir alors que le garde fermait son huitième cadenas.
- Parfaitement, acquiesça Arzhiel. Le hic, c’est que son pouvoir ne marche qu’une fois. En gros, il ne peut répondre qu’à une question par décennie. Mais soyons rassurés, grâce à votre test débile, nous savons tous que la couleur de vos dessous est ocre rouille.
- Il fallait une question dont j’étais le seul à connaître la réponse.
- C’est vrai que si le miroir avait répondu blanc immaculé, on aurait été sûrs que c’était de la camelote. Pas de bol pour nous, c’était le bon. C’est tout nous ça, quand on n’a pas suffisamment de malchance, on s’en crée. Allez, garde. Montrez au geôlier son nouvel occupant pour la semaine. Mettez-le dans l’oubliette quatre. Non, la cinq ! La cinq est mieux, on vient juste d’y vidanger les latrines. Et vous l’espion ? Qu’est-ce que vous fichez là à propos ? Je ne vous avais pas confié une mission secrète ?
- Soigner Touffou ? C’est fait, vous l’avez bien vu aujourd’hui. Il avait un chat dans la gorge, mais on a réussi à le déloger avec les pinces de la forge.
- Non, pas ça, crétin ! La mission ultrasecrète ! Celle où je vous avais réuni en escouade fantôme avec le docteur et l’éclaireur, l’équipe cachée ! Votre but était de trouver où Conleth retenait mon fils ou mieux, la cachette de Teclan.
- Vous disiez qu’on n’avait aucune chance de la réussir celle-là !
- Bien sûr. Mais j’espérais bien qu’en faisant n’importe quoi, votre spécialité, vous attireriez l’attention de ce vil gnome. Enfin ! Je n’en suis pas à ma dernière déception de la nuit, c’est une elfe que je vais retrouver dans mon lit au lieu d’une bonne naine bien adipeuse et plus poilue que moi.
- Désolé, seigneur, répondit l’espion en mordant dans son poulet. On n’a pas trouvé où Conleth retenait l’héritier du Karak. Par contre, on sait où vit Teclan. Mais le jour où on y a été, un mot sur sa porte disait qu’il était absent pour la matinée, alors on est rentrés.
- QUOI ?! Vous savez où est son repaire ?! Mais comment vous avez trouvé ?! Ça fait un mois qu’on se casse les dents dessus ! En parlant de ça, savourez bien votre collation, vous risquez de manger que de la soupe pour les semaines à venir.
- C’était assez dur, mais on a trouvé son adresse dans les pages jaunes.
- Hein ? Où ça ?
- Les pages jaunes, le vieux grimoire aux pages jaunies qui cale la table de chirurgie du médecin. En fait, c’est un recueil des lieus où vivent les magiciens et sorciers du pays que la belle-mère du doc lui a offert pour la Saint-Grelot et…
- Il faut vite réunir les troupes ! s’écria Arzhiel en enfonçant le poulet dans la gorge de son espion. On va mener l’assaut avant que Teclan ne découvre qu’on sait où le trouver ! Où est mon état-major ?!
- En mission extérieure, sauf pour Brandir pour qui tout doit baigner en ce moment. Et votre épouse, mais elle n’est pas disponible. Elle est partie dans la cité voir la dernière représentation théâtrale de la troupe qu’elle a fondée avec les sœurs de Hjotra : « la champignonnière de l’amour ». Je peux aller chercher la Réserve sinon.
- Un farceur obsédé du bistouri et un vieillard éclopé et sénile en renfort ? Je me sens tout de suite sur le chemin de la victoire. Bon, ben allez-y. J’attends là.
- Quelle erreur monumentale, nain ! fit soudain la voix irritante de Teclan alors que le gnome sortait de l’ombre. Je me suis téléporté à la suite de vos soldats dès que j’ai compris que vous m’aviez repéré. Nous allons régler nos comptes !
- Tu n’es pas le vrai Teclan. Tu as beaucoup plus de pustules et de rides que lui !
- Tu cherches à gagner du temps avant que je m’occupe de toi ?
- D’habitude, l’astuce marche avec ma femme…
- Tu as tué ma maîtresse Adèle, massacré mon fidèle bras droit et même rallié à ta cause Conleth le gâteux. Je pensais t’épargner avant la fin du monde que je prépare, mais c’en est trop. Tu vois cette sphère lumineuse que je dépose là ? Elle explosera dans quelques minutes, détruisant cette pièce. Tu ne peux plus bouger ? Ma magie t’a paralysé et il en sera de même pour tous ceux de ton espèce qui pénètreront dans cette salle. Adieu, nain stupide !...Et puis d’abord ce ne sont pas des pustules, c’est une allergie printanière !!!
- Fuis, lâche ! Mes braves guerriers vont me délivrer, détruire ton piège et…ben et après on te met sur la gueule !

Dix minutes après le départ de Teclan…

- Si vous voulez, proposa le médecin immobilisé, j’ai une blague pour détendre l’atmosphère. Quel est le comble du mineur chauve ?
- Fermez-la et essayez de vous libérer ! On va tous y passer sinon ! Personne ne s’inquiète donc du sort de son seigneur dans ce Karak ?!
- Moi si, seigneur, répondit l’espion paralysé. Et l’éclaireur aussi j’imagine, quoique c’est dur de savoir, il vient de s’endormir.
- Ne plus avoir un poil sur le caillou ! ricana le médecin dans son coin. Vous avez compris ?
- Au secours ! hurla Arzhiel. Houhou ! Quelqu’un ! Même un elfe, allez !
- Seigneur ? fit une voix timide.
- C’est qui ? N’approchez pas trop, le sort va vous paralyser mais approchez quand même sinon on saute tous ! Bref, sauvez-nous !
- Ne criez pas, je vous en conjure, fit Ségodin en apparaissant. J’ai une migraine épouvantable, comme si je sortais d’un sommeil très profond. C’est quoi cette adorable sphère lumineuse par terre ?
- Que le grand orc me croque, balbutia l’éclaireur. Ségodin s’est réveillé.
- Et la magie ne l’affecte pas ! C’est parce qu’elle ne touche que les nains ! Allez-y Ségodin, mon grand, balancez cette saloperie par les meurtrières !
- Comment ? Non, elle est tellement jolie avec ses couleurs et ses petites explosions en chaîne qui grossissent dedans. Je l’emporte dans ma chambre. Elle bercera mon repos, il faut vraiment que je m’étende un peu là.
- Non ! Attendez ! Bougre de tâche d’humain ! Atten…Ah ! On peut bouger, c’est parce qu’il a éloigné la sphère d’ici. On est sauvés ! Mais le piège est encore…

Trois heures plus tard, c’est-à-dire deux heures après avoir déblayé le couloir soufflé par l’explosion et une heure après avoir retrouvé Ségodin sous les débris.

- Teclan va prendre cher pour cet outrage ! grogna Arzhiel d’un ton guerrier. J’adorais les gravures sur les murs de ce couloir. Au fait, comment va Ségodin ?
- Il respire encore un peu mais il est retombé dans le coma, répondit le médecin. Ne vous en faîtes pas, je vais lui raconter des blagues pour le requinquer. Vous croyez qu’il connaît celle du troll et du nain ivre ?
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MessageSujet: Re: La Saison 3   La Saison 3 Icon_minitimeDim 2 Déc - 21:19

Episode 81 – Sur la Route (Partie 1)

Arzhiel écarta discrètement les branches du buisson dans lequel il était caché et observa la silhouette qui s’avançait vers lui dans la pénombre. L’obscurité ne lui permit pas de l’identifier mais quand l’inconnu s’entrava dans une racine et s’étala de tout son long dans une flaque de boue, il sut qu’il s’agissait de son espion.

- Vous possédez la furtivité et la dextérité du lynx pneumonique et myope, commenta le chef de guerre en s’approchant.
- Je ne suis pas tout à fait certain parce que je l’ai oublié, mais je ne pense pas qu’il s’agisse du bon mot de passe, répondit l’espion en s’essorant.
- Arrêtez de patauger, idiot et venez sur le bas-côté avant qu’on se fasse repérer ! Un rendez-vous au seul croisement à des lieues à la ronde, encore une idée de génie !
- La dernière fois, j’ai mis une plombe à trouver ce fichu cercle de pierres levées. Là au moins, y a des panneaux.
- Moins fort, ça grouille d’orcs dans le coin ! Bon, je vous écoute. Faites-moi rêver, quelles sont les nouvelles ?
- Conleth a rendu votre héritier à Dame Elenwë votre épouse ce matin. Il lui a également offert un charmant bouquet de violettes pour se faire pardonner, ainsi qu’un très bel oiseau, un siffleur des hautes plaines. Dame Elenwë portait une ravissante robe de velours turquoise et le bracelet en argent ciselé que son père lui avait offert le jour où elle a foudroyé son premier drow. Ensuite, ils ont discutés autour d’un thé…Ouch !
- Je vous avertis direct, à la prochaine calotte, je remets mon gant en mithril. Poursuivez.
- Le bébé va bien, déclara l’espion en se massant l’arrière du crâne endolori. J’ai bien vérifié comme vous me l’avez demandé, il est toujours stylé très elfe.
- Pas un poil, ni un bourrelet ?
- Rien. Que mon seigneur me pardonne…il a une très mignonne frimousse et une mèche de cheveux dorée.
- Dorée ?! manqua de s’étouffer Arzhiel. Bon, ben c’est foutu pour mon honneur pour un siècle de plus…À part ça, vous avez pu ramener des renforts ?
- Tout à fait, seigneur ! lança fièrement l’espion. Ils patientent actuellement dans la bergerie abandonnée en haut de la colline, là-bas.
- La cabane de clodo toute moisie de deux mètres sur trois là ?! Dites-moi par curiosité, vous avez réussi à planquer combien de légions dedans ?
- Euh…aucune. La légion de la viverne a été massacrée à la dernière lune, celle du loup était à moitié décimée et garde les remparts face aux trois armées ennemies qui nous assiègent et celle du basilic n’était pas disponible à cause du calendrier.
- Quoi le calendrier ?
- C’est la semaine de leur concours annuel de pétanque. Ils remettent leur titre en jeu contre les nains de Karak Hazgorn. Même s’ils perdent, ils sont assurés de remporter au moins le panier garni.
- J’en déduis que Brandir et ses berserkers ne sont pas là donc…
- Les berserkers non à cause du rab de salami promis dans le panier garni, mais Brandir est bien là. J’ai eu du mal à le faire passer par le tunnel étroit pour quitter la montagne, mais on est bien arrivés.
- Laissez-moi deviner, soupira Arzhiel. Comme je dois mener un assaut primordial contre l’antre de Teclan le terrible sorcier et que si j’échoue, il ravagera la région, je parie que dans votre hameau de bergers m’attendent Hjotra, Brandir, Svorn, Rugfid et c’est tout. J’ai bon ?
- C’est-à-dire que je devais aussi ramener le médecin mais quand il a commencé à raconter des blagues sur le trajet, les autres l’ont attaché à une corde dans un pré. On a aussi paumé l’éclaireur en route quand il est parti pisser. Et moi, je ne peux pas vous accompagner, j’ai une affreuse toux grasse qui m’incommode. Ough ! C’est vrai que ça fait drôlement plus mal avec le gantelet.
- Non, mais c’est ma faute après tout, marmonna Arzhiel. Je faisais le malin à fanfaronner avec la vingtaine de guerriers de mon escorte. Après tout, c’est logique que j’en sois le seul survivant après cet orage de foudre qui nous a suivi trois jours, l’épidémie de variole, l’attaque de deux armées de drows en vadrouille, la course-poursuite avec cette meute de chiens infernaux, la chute dans le marais des dernières hydres du pays et la pluie de flèches empoisonnées d’elfes en exercice tombées par accident sur nous à cause de fortes bourrasques. Les dieux me détestent et c’est leur volonté de me coller les boulets dans les pattes dès que je m’éloigne d’eux.
- Voyez le bon côté des choses, vous n’avez pas besoin de prêtres pour interpréter leurs messages…Non, pas la tête, c’était pour déconner !
- La cachette de Teclan est encore loin, il me faut me mettre en route au plus tôt. Je vais rejoindre mes « renforts ». Vous avez autre chose à me dire avant que j’y aille ?
- Oui ! Brandir et Hjotra sont fâchés. Ils se font la gueule depuis le départ. Je crains que leur mésentente n’affecte leur efficacité au sein de l’équipe.
- Leur efficacité ? Vous voulez mon poing en plus de la baffe ? Qu’est-ce qui leur arrive à ces deux bourriques ?
- Ne plaisantez pas, seigneur. C’est très grave. Brandir a accidentellement renversé le godet de bière de Hjotra en se levant de table lors du banquet, la veille du départ. Ils ne se parlent plus depuis.
- Le verre est tombé ?! s’affola Arzhiel, horrifié.
- Non, mais il a sérieusement débordé et…Ô dieu tout puissant, de la bière s’est répandue sur le sol ! Au moins deux bonnes rasades !
- Merde ! jura le seigneur de guerre en grimaçant. On est mal. Bon, j’y vais. Arrêter de tousser, crétin, je ne vous aurais pas pris avec moi de toute façon. Et lavez-vous un peu, vous êtes tout boueux ! Un peu de classe, quoi, vous êtes nain !

Arzhiel repartit dans la nuit, rejoint la bergerie et annonça sa présence aux autres avec le mot de passe ancestral du clan : un long rot retentissant. Après dix minutes d’attente dehors, le chef de guerre se décida à forcer l’entrée et trouva ses quatre champions endormis à l’intérieur. Embrassant son gant en mithril, il les réveilla les uns après les autres et les obligea à se remettre en route.

- Regardez ! lança Rugfid après des heures de marche, peu avant l’aube. Y a un guignol sur le chemin qui nous fait des signes. Il a une pancarte « vous brûlerez tous en enfer » et porte une robe aguichante. Svorn a subi un sort de clonage ?
- C’est un prédicateur, répondit ce dernier en enfonçant son bâton dans les reins de Rugfid. Depuis l’annonce de la fin du monde, ils sont un paquet à arpenter les routes pour promettre la mort aux voyageurs. C’est un amateur, celui-là, ça se voit tout de suite. Il n’a même pas une table de torture pliante avec lui. Et même pas une paire de tenailles à émasculation ! C’est des rigolos comme ça qui donnent une mauvaise image de la profession !
- L’apocalypse approche ! hurla l’homme au regard hagard. Rédemptez-vous pécheurs !
- C’est pas repentez-vous qu’on dit ? lui suggéra Rugfid.
- Silence, insolent ! rétorqua le fanatique. Je suis la parole des dieux et en leur nom, je peux vous maudire sur plusieurs générations !
- Non, merci, on n’est pas intéressés, répondit poliment Hjotra. On est déjà équipés et c’est du matos assez qualitatif, c’est du véritable haut prêtre bien barré et vicieux, regardez.
- Essayons de ne pas trop nous faire remarquer, intervint Arzhiel tandis que Svorn défilait devant le prédicateur, applaudi par Hjotra. Filez-lui une pièce qu’il se taille. Il soule et il renifle.
- Non, l’odeur c’est moi, rectifia Brandir. On ne devrait pas lui filer une peignée plutôt ?

Arzhiel sortit une piécette de sa bourse et la lança vers le prédicateur qui l’attrapa au vol et la lui jeta au visage en retour.

- Bon, va pour la peignée, décida soudain Arzhiel. Saladez-moi ça.

Brandir et Hjotra s’exécutèrent avec plaisir puis lancèrent l’homme ensanglanté dans le fossé en riant de bon cœur, visiblement réconciliés par cette divertissante distribution de coups sur un humain. Emu par cette chaleureuse et sincère amitié retrouvée, Arzhiel versa une petite larme et alla s’asseoir sur le prédicateur étalé pour savourer le spectacle de leurs retrouvailles.

- C’est si beau quand la foi rapproche deux amis ! commenta-t-il pour le prédicateur avant de se relever d’un bond et de reculer, dégoûté.
- Un amateur, je vous dis, lança Svorn. C’est à cause de ce genre d’incident qu’il faut toujours porter quelque chose sous sa robe…
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MessageSujet: Re: La Saison 3   La Saison 3 Icon_minitimeDim 2 Déc - 21:20

Episode 82 – Sur la Route (Partie 2)

Arzhiel fut réveillé par une singulière et oppressante odeur de brûlé qu’il attribua à un barbecue matinal. Il quitta la petite grotte déserte où son groupe avait passé la nuit et suivit la fumée.

- Je crois que la viande est avariée, déclara-t-il en écartant un fourré. Ça sent le renard faisandé, un peu comme les bottes de Brandir…

Le nain leva la tête et s’arrêta pour observer le bûcher sur lequel étaient attachés Hjotra et Brandir. Le feu naissant allumé par Svorn atteignait juste les pieds des deux captifs.

- Euh…Vous ne seriez pas en train de brûler deux d’entre-nous là ?
- C’est pour leur bien, répondit Svorn en rajoutant un peu d’alcool de prune pour augmenter le feu. Regardez leur dos. Ce sont des monstres maintenant. Je me suis tout de suite proposé de les cramer. Je suis un nain de cœur après tout.
- Et vous, vous vous laissez faire donc ? lança Arzhiel en contournant Hjotra et Brandir.
- Il nous a promis mille vierges et un coupe-ongles en mithril, répondit ce dernier.
- Quoi ? fit Hjotra, étonné. C’est pas un jeu ?
- Mais qu’est-ce que c’est que ça ?! s’exclama le chef de guerre. Ils ont des ailes !
- Depuis l’aube, acquiesça Svorn en rajoutant quelques runes de feu. L’un a des ailes de chauve-souris et l’autre de papillon. C’est un appel aux bûcher.
- C’est marrant, commenta Arzhiel, perplexe. C’est bien la première fois que je les vois zélés pour une mission. Il faut avouer que c’est festif un bûcher de boulets au réveil, mais la fumée va rameuter toutes les bestioles des environs. En plus, l’odeur est intenable. Eteignez-moi ça et libérez-les. C’est sûrement une malédiction.
- C’est ce qu’a dit Rugfid, fit Svorn, plutôt déçu. Je peux les lapider un peu quand même pour la coutume ?
- J’allais vous le proposer, je ramassais déjà des pierres. Au fait, il est où le cousin ?
- Il pense que c’est le prédicateur qu’on a latté hier qui est responsable de la malédiction. Donc il est parti le chercher. Il a trouvé son nom brodé sur la bourse qu’il lui a volé.

Hjotra et Brandir furent libérés à contrecœur par Svorn. Rugfid revint un peu plus tard en traînant le prédicateur derrière lui tandis que Brandir négociait un don en vierges proportionnel au nombre de pierres que Svorn avait préparé à son attention.

- Ils sont vraiment laids les piafs dans cette région, commenta Rugfid en regardant Hjotra voleter aux alentours. Cousin ! Regardez ! J’ai retrouvé l’autre pouilleux ! Le salopiaud, il avait rampé de son fossé jusqu’à sa cabane. Heureusement, les paysans m’ont conduit à lui grâce à son nom.
- Bravo la discrétion ! grommela Arzhiel. Je vous rappelle qu’on est en infiltration en territoire ennemi. Et pourquoi vous avez volé la bourse de ce gland ?!
- C’est trop injuste, se plaignit l’explorateur. Hjotra et Brandir ne se font pas engueuler eux quand ils volent !

Le nain pointa du doigt ses deux compères dans le ciel que Svorn s’évertuait à atteindre avec des poignées de gravier.

- C’est toi qui as fait ça ? demanda Arzhiel au prédicateur blessé.
- Non, c’est ma mère. Bien sûr que c’est moi. Je suis la voix des dieux et ces impies ont levés la main sur moi.
- Vous voulez que j’aille chercher sa mère, cousin ?
- Cherchez plutôt qui est la vôtre, abruti. Allez le loqueteux. Tu as une minute pour lever ta malédiction ou sinon je te bute une minute plus tôt que prévu.
- Présente-moi d’abord des excuses sincères et…Ouch ! Vous savez qu’avec votre taille, le coup de boule est considéré comme un coup bas chez les humains…
- La légende dit qu’un nain qui s’excuse se change en elfe. C’est pour ça que notre peuple a inventé la mauvaise foi. Ça et à cause du mariage aussi. Bref, tu obtempères ou je laisse Hjotra te raconter son enfance ?
- Ça ne va pas être possible tout de suite, remarqua Rugfid en indiquant la paroi où Hjotra venait de s’écraser. Il est en train de faire le mur.
- Les dieux vous mettent à l’épreuve, dit l’humain avec une voix nettement plus aigue. Pour lever la malédiction, il vous faudra refléter le visage des maudits à la surface de la fontaine du Bouleau sacré.
- Hé ho, hé ho, le boulot, ça nous fait pas peur, on est des nains ! Elle est où cette fontaine ?
- Dans le bosquet, derrière cette colline là-bas. Mais elle est aux mains d’une bande de gobelins particulièrement mesquins.
- Des gobelins ! s’écria Hjotra en arrivant d’un battement d’ailes excité. Youpi !
- Minute, papillon. On n’est cinq avec une majorité de boulets suprêmes. Soyons prudents. En plus, c’est peut-être un traquenard. Je n’ai pas plus confiance en cet humain qu’en vos capacités guerrières. Rugfid ! Partez en éclaireur dans le bosquet et revenez après avoir espionné l’ennemi. Svorn ? Svorn, laissez tomber mon vieux, vous ne soulèverez jamais ce rocher. Préparez des runes pour tout le monde, ça va castagner. Hjotra, raccompagnez notre ami chez lui et assurez-vous de bien lui raconter les affres de votre adolescence pour le remercier de sa collaboration. Brandir…euh, ben vous, massez-moi les pieds, j’ai beaucoup sué hier.

Un peu plus tard, en embuscade à l’orée du bosquet du Bouleau sacré.

- Bon, les enfants, soyons tactiques, murmura Arzhiel. Selon le nombre d’ennemis que Rugfid aura repéré, on s’adapte. S’ils sont plus d’une trentaine, on essaie l’aigle de pierre avec retraite feinte et estocade du démon, le fer de hache et la ruade du bouquetin avec Svorn en soutien et moi sur le flanc gauche.
- Et s’ils sont moins de trente ? interrogea le haut prêtre.
- A moins de trente, je doute que Brandir nous en laisse un morceau…
- Hihihi, ptits gobelins !!! ricanait le berserker en transe, la bave aux lèvres et tailladant son avant-bras sous l’excitation.
- Regardez ! Une femelle gobeline horrible approche…Ah non, c’est Rugfid.
- Alors, vous avez vu la fontaine ? Elle est gardée ?
- La fontaine ! Je savais que c’était un truc comme ça que je devais chercher ! Quel tête en l’air, vraiment ! Bon pour la fontaine, j’en sais rien, mais j’ai vu des gardes.
- Nombreux ?
- Un nombre conséquent et impair, j’ai eu du mal à le retenir, je l’ai écrit au charbon sur ma paume…Mince, j’ai transpiré, c’est illisible.
- Non, Svorn. La rune d’explosion dans sa bouche, ça peut nous faire repérer. Passez-m’en une autre pour sa narine. On l’utilisera plus tard. Vous avez vu quoi alors ?!
- J’ai vu un gardien très grand, de taille moyenne, avec une hache à chaque main et une épée dans la main droite. Je crois qu’il m’a vu, il me faisait des clins d’œil, mais c’est difficile à dire parce qu’il me tournait le dos.
- Mais c’était un gobelin ?!
- Je crois. Sa peau était vert carotte.
- C’est orange les carottes.
- Ah bon ? Alors sa peau était orange comme les branches d’un arbre si vous préférez, mais ne jouez pas trop sur les détails, on va plus rien comprendre après ! Aie ! Pas si profond les runes, je ne peux plus respirer !
- Définitivement, vous êtes irrécupérable, mon pauvre, soupira Arzhiel. Tant pis pour le rapport, on charge et advienne que pourra. Si on se fait rouster par des gobelins et leur chef orange, je vous colle tous la tête au fond de la fontaine ! Allez, à l’assaut, lâchez Brandir et alignez-vous dans son sillage pour éviter les membres coupés qui vont voler. Pourrissez-les !
- Je crois que j’ai un doute…fit Rugfid à Hjotra tandis que le groupe s’élançait. Je crois que ce sont les aubergines qui sont vertes en fait.
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MessageSujet: Re: La Saison 3   La Saison 3 Icon_minitimeDim 2 Déc - 21:20

Episode 83 – Le Plus Nigaud du Lot (n’est pas forcément celui qu’on croit)

- « Quel est le comble du vampire malchanceux ? » lit Rugfid à ses compagnons en train de manger. Personne ? « Ne pas avoir de veine »…
- On peut arrêter les blagues de bon matin ? supplia Brandir. Je sens que ça va gâcher ma digestion.
- Oui, on arrête ! s’exclama Svorn. Ce n’est pas vous qui marchez derrière Brandir après…
- J’arrive pas à croire que le médecin notait toutes ses blagues foireuses sur un petit carnet, commenta Rugfid en examinant l’objet entre perplexité et désolation.
- Ce qui est incroyable, c’est que l’idée vous ait pris de lui piquer dans ses sacoches pour nous en faire en plus profiter au lever ! grommela Arzhiel. Jetez-moi ça dans les braises. On lui dira au retour que la fée des champs est venue lui taxer, comme le jour où Hjotra cherchait son putois de compagnie. D’ailleurs, il est passé où celui-là ?
- Il est parti se soulager plus loin. Par contre, il a oublié sa cloche de vache, on va encore perdre deux heures à le retrouver s’il s’est paumé.
- J’ai compris ! fit Arzhiel en se levant et en ramassant son écharpe en poils de putois. J’imagine qu’il n’y a pas de volontaire pour le retrouver donc j’y vais. Je ne suis pas aidé avec cette bande de buses, c’est dingue !
- Euh…Je crois que vous venez de penser tout haut là…
- La ferme et rangez-moi ce boxon pendant que je course les bois pour rattraper l’autre bille ! Je ne suis pas un fan de l’écologie mais on dirait qu’une meute de trolls a pique-niqué là. C’est crade jusque dans les branches des arbres, on dirait la caverne de Brandir ! Ah ben, regardez qui se pointe avec sa tête de pinson pris au piège ! Alors, vous foutiez quoi ? On vous a déjà dit de baisser tout le futal si vous n’arrivez pas à déboutonner votre braguette !
- J’étais parti pipi, ricana Hjotra.
- Mollo sur le sensationnel, mon grand, on se réveille juste. Allez, on plie bagage. Tant pis pour le nettoyage. Par contre notez sur la carte ce coin qu’on n’y revienne plus, c’est un vrai dépotoir. En route pour chez Teclan ! Hardi !
- Dites, seigneur, je ne crois pas qu’il faille emprunter la route principale pour se rendre chez Teclan, dit Hjotra. Le gnome sait que son repaire a été découvert.
- Oui, mais il ignore qu’on a survécu à son explosion dans la salle du trône. On l’attaque par surprise.
- Le pont qui franchit le précipice a été piégé.
- Comment vous savez ça, vous ?! Non, plus important : comment vous avez fait pour faire une remarque sensée ?
- C’est un lutin du coin qui me l’a dit, répondit l’ingénieur. J’allais lui uriner dessus quand il m’est apparu pour me prévenir du traquenard.
- Ça se tient, déclara Svorn. Cet engin-là comprend la langue des lutins pour une raison aussi obscure que la lumière de sa raison et les lutins détestent les gnomes, question de complexe de taille. Comme les gnomes détestent les nains parce qu’on est plus grands.
- C’est pour ça que je peux pas me voir les orcs, les humains et tous les grands ? demanda Brandir, confus.
- Non, vous, vous haïssez tout le monde parce que vous êtes une brute épaisse sans cervelle. Vous êtes certain de votre renseignement, Hjotra ? Le pont est le seul accès au domaine de Teclan.
- Le lutin a dit qu’il existait un souterrain secret qui mène aussi à son repaire. Mais il est caché et protégé par une magie étrange. Là-bas. Derrière la statue d’elfe à poil qui fait les pointes.
- Incroyable ! lâcha Arzhiel en découvrant l’entrée dissimulée par des fourrés. Hjotra vient de nous servir à quelque chose. Faut que je m’assoie, j’ai un vertige.

Le groupe de nains marqua une pause pour décider de la marche à suivre. Après que Rugfid ait refusé de partir en cobaye sur le pont et que Brandir ait achevé son petit-déjeuner de secours, les nains se laissèrent convaincre par le souterrain mystérieux.

- J’ai peur qu’on fasse une connerie plus grosse que le jour où on a laissé Arzhiel devenir notre chef, commenta Svorn.
- Là c’est vous qui pensez à voix haute…rétorqua ce dernier en fronçant les sourcils. Vous ne pouvez pas savoir si notre choix est bon en interrogeant les runes ?
- Vous me prenez pour un diseur de bonne aventure de marché ? Je suis un haut prêtre de guerre, moi ! Je trucide, j’enflamme, j’explose ! Je ne suis pas bohémien !
- Vous ne savez pas faire, c’est ça ? demanda Rugfid.
- Non, avoua Svorn en haussant les épaules. En plus, j’ai pas le matos, il me faudrait des tripes d’ogre et un œil de cabri pour le rituel.
- Attendez, j’ai ça ! s’exclama Brandir. Ah non, zut, je viens de déjeuner, j’en ai plus.
- Dites ? suggéra Arzhiel en se massant les tempes. On rentre ?

Le groupe entra prudemment, réfugié dans le dos de Hjotra envoyé en éclaireur par prudence mais seulement après qu’on lui ait ôté sa cloche par souci de discrétion. Le souterrain antique était envahi de poussière et de toiles d’araignée, sans doute inexploré depuis des siècles. Les murs taillés ainsi que les dalles inégales du sol étaient recouverts d’inscriptions mystiques qui parfois s’illuminaient fugacement d’étincelles colorées à l’approche des visiteurs. Si Svorn put dire qu’il s’agissait de glyphes datant de l’empire du roi Sylurien Brabhass II de Ptolérya qui était atteint de strabisme et collectionnait les insectes, il fut incapable d’en déchiffrer une seule.

- Hjotra, vous voyez quoi devant vous ? interrogea Arzhiel.
- Rien, c’est un mur.
- D’accord. Maintenant, tournez-vous vers le reste de la salle.
- Ah oui, c’est mieux. Y a une sorte de sphère qui lévite au-dessus d’un piédestal.
- C’est une sphère de style arrondie ou plutôt une boule avec un cercle de diamètre ? interrogea Rugfid avant de se faire baffer.
- Ne nous voilons pas la fesse, c’est sans doute magique, commenta Hjotra en approchant.
- Entendu. Surtout ne touchez pas, ça peut déclencher une saloperie de magie qui…AHHHHH ! C’était quoi cet éclair ?! Ça pique l’œil comme quand Elenwë se déshabille ! Hé, les p’tits gars ?
- Seigneur, êtes-vous blessé ? s’enquit Brandir. Les dieux soient loués, vous êtes indemne. Sans doute s’agissait-il d’un système élaboré de protection du souterrain pour effrayer les intrus.
- Le procédé est archaïque, mais encore puissant après des siècles de sommeil, fit Hjotra en examinant la sphère. Le mécanisme utilisé emmagasine la lueur du soleil à l’aide de panneaux enchantés depuis des siècles et la restitue violemment dans cette salle à l’approche de forme de vie. C’est bon, j’ai désamorcé l’ensemble des contrepoids.
- Brabhass II a du faire bâtir ce souterrain comme refuge des siens lors des grandes persécutions des Syluriens, il y a moins de six cents trente-huit ans, ajouta Svorn.
- Gni ?! s’exclama Arzhiel en fixant ses compagnons. Qui êtes-vous ? Où sont mes boulets ? C’est un sort d’échange de corps qu’on a pris dans la poire, c’est ça ?
- Le malheureux est sous le choc, fit Rugfid, attristé. La honte m’étreint de ses doigts fourchus de n’avoir su le préserver. Courage, bon seigneur ! Nous vous guérirons au péril de nos vies.

Les quatre boulets se mirent en ligne et saluèrent avec noblesse et ferveur leur chef bouche bée.

- C’est quoi ce plan ? Vous êtes loyaux et…intelligents maintenant ? Vous vous payez ma pomme, c’est ça ? Brandir, comment grave-t-on « berserker » ?
- Euh…b-e-r-s-e-r-k-e-r, monseigneur.
- Svorn, vous croisez un elfe blessé sur la route, que faîtes-vous ?
- Je m’empresse de lui prodiguer des soins et j’essaie ensuite de savoir comment je peux l’aider à rejoindre ses proches, même si ma facétie naturelle me poussera à m’en faire un ami.
- Ok, écartez-vous je vais gerber. Je sais, je suis clamsé durant l’activation de la boule et je délire dans mon agonie. Voilà, c’est ça. Je vais me jeter contre ce mur, le choc me réveillera.

Arzhiel prit son élan et se rua sur le mur contre lequel il s’éclata avec violence et douleur sous les regards ébahis puis terrorisés de ses boulets.

- Admettons, c’était peut-être pas la bonne solution, articula Arzhiel en crachant quelques dents. Si je ne rêve pas et que mes boulets sont enfin devenus plus malins que leur main gauche…alors…alors…alors cette sphère est une relique surpuissante ! Il faut absolument que je m’en empare !!!

Le nain se releva d’un bond et fou furieux, écarta ses compagnons pour sauter sur la sphère magique, glissa sur son écharpe en putois chue à terre, heurta le piédestal en envoya la boule se fracasser au sol dans une vive lumière.

- Qu’est-ce qu’on fait ? demanda Svorn penché au-dessus de lui. Visiblement, il a tourné taré, on l’achève, non ?
- Il a explosé la sphère cerclique arrondie, fit Rugfid. Si c’est pour vandaliser la place et faire n’importe quoi, j’aurais très bien pu le faire.
- Bon, ben moi je fais une pause casse-dalle en attendant, dit Brandir. Bon appétit. Vous venez, Hjotra ?
- Non ! Je vais honorer la gloire de mon seigneur tombé et poursuivre son œuvre ! Je vais détruire tout ce qu’il y a dans ce souterrain ! Pour Arzhiel ! Au saccage ! Après tout, qu’est-ce qui pourrait nous servir dans ce trou ?
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MessageSujet: Re: La Saison 3   La Saison 3 Icon_minitimeDim 2 Déc - 21:20

Episode 84 – Le Héros qui n’Existait Pas

Arzhiel avança prudemment jusqu’au coude que formait le couloir, jeta un coup d’œil fugace pour s’assurer que la voie était libre et alla rejoindre Brandir, assis derrière le léger enfoncement qui lui servait de poste d’observation.

- Alors ? chuchota le chef de guerre en se cachant à son tour. Du mouvement en face ?
- Non, ils sont toujours là ces couillons, répondit le guerrier en regardant le campement de fortune d’une bande d’orcs improvisé dans une vaste salle au-delà du couloir. Vous venez me relever ?
- Non, je viens faire une pause. Hjotra a appris aux deux autres crétins ce jeu stupide où il faut gober des poussins quand on répond juste et ça fait des plombes qu’ils enchaînent les parties. En plus, y a pas de poussin dans ce souterrain, ils utilisent des cailloux, c’est affligeant.
- Croc’Poussins ? Ah ouais, je connais. C’est Sum Groor qui nous l’a appris. Faut reconnaître que la version orc est plus fendard que la naine. Les cailloux, ça croustille moins.

Arzhiel rampa sur le côté et observa le camp ennemi. Machinalement, il tendit sa main vers l’une des gourdes de Brandir tout en comptant les orcs.

- Euh, non, intervint le berserker. Prenez l’autre gourde, seigneur.
- L’autre elle est vide et celle-là pleine.
- Oui mais ce matin c’était le contraire…Vous m’avez dit de ne pas quitter mon poste une seconde donc bon…
- C’est mes yeux qui pourrissent à cause de votre odeur corporelle ou ils sont carrément plus nombreux que hier ? demanda Arzhiel en jetant la gourde d’un geste de répulsion.
- Je crois qu’une autre tribu les a rejoint ce matin. C’est sûr que maintenant qu’ils sont une bonne cinquantaine, on va beaucoup moins se la jouer si on veut passer en force.
- On est maudits ! En plus, c’est mort pour faire demi-tour, impossible de déblayer le tunnel d’entrée ! Qu’est-ce qui vous a pris de ravager tout le tumulus avec les autres tarés ?!
- On avait du mal à entendre vos ordres tandis que vous baviez sans connaissance par terre, alors on a improvisé. Mais bon, si c’est pour que ma tête finisse au bout d’une pique orc, autant charger maintenant.
- Je vous le déconseille, fit Svorn en arrivant avec Hjotra et Rugfid. Vous voyez le tout vert là-bas avec son crâne de loup sur le melon et sa parure en plume de fion de faucon ? C’est un chaman. Il nous changera en morpions à bouc dès qu’on lèvera la hache.
- Pourquoi vous m’avez suivi ?! grogna Arzhiel. On va se faire repérer !
- On cherchait d’autres cailloux, répondit Hjotra en se serrant pour se cacher. Vous pensez que l’emplumé peut nous faire apparaître des poussins pour le jeu ?
- Tenez, fit Arzhiel. Vous devez avoir soif. Prenez cette gourde, elle vous aidera à faire passer les galets et votre ânerie avec un peu de chance.
- Si on charge, on meurt, commenta Rugfid. Si on reste là, on meurt de faim. On n’est pas bien, aussi vrai que Svorn est enrobé !
- Moins que vous, mon gros père ! râla le haut-prêtre en tâtant les bourrelets de l’explorateur.
- Hein ? Enrobé, ça veut pas dire qui porte une robe ?
- Si, confirma Arzhiel, dépité. C’est comme entériné, ça veut dire qui est enterré dans une terrine, abruti !
- Allez, on charge ! gémit Brandir, tout frétillant. Ils vont nous crever, c’est trop la classe !
- Je me ferai bien crever pour vous faire plaisir, mais on a une mission. Donc on n’a pas le choix, on doit essayer de parlementer.
- Plutôt lécher un elfe ! s’emporta Svorn.
- En même temps, je ne suis pas certain qu’un elfe vous laisserez le lécher, remarqua Rugfid.
- Ça ne m’amuse pas non plus ! A part si l’un de vous a un meilleur plan, on doit négocier le passage. Hjotra ? Une proposition ?
- Non, un commentaire : cette eau est immonde, j’ai eu du mal à finir la gourde.
- Bon, on leur parle donc, expliqua Arzhiel après que Hjotra fut éjecté avec horreur dans le couloir précédent. Qui se souvient des cours de diplomatie qu’Elenwë a tenté de nous inculquer ?
- Moi, un peu, répondit Rugfid, mais je n’ai pas tout suivi, j’ai passé la majeure partie des cours changé en sauterelle par votre épouse. J’avais plus d’oreilles. Ça a eu des conséquences fâcheuses sur ma moyenne.
- Moi, j’ai jamais réussi à passer la leçon 1 : le sourire, déclara Svorn.
- Moi, je veux être buté par un orc, boudait Brandir.
- Pffff, si je tente une blague du médecin pour les amadouer, je vais me faire fumer avant la chute. Bon, pas le choix. Je vais faire comme avec Elenwë quand je rentre dans notre chambre. J’y vais avec mes armes planquées en pensant à une poêlée de bolets frits pour lui faire croire que mon sourire est spontané.
- Courage, fit Svorn en le poussant à découvert. Pensez à un accompagnement de lardons, ça vous aidera à supporter la douleur des flèches orcs dans votre poitrine.

Arzhiel tituba et se redressa en plein milieu du couloir désert. Les orcs qui l’aperçurent se relevèrent brusquement et s’avancèrent en grognant, lances en mains. Le nain esseulé jeta un œil vers ses compagnons qui s’étaient enfuis, puis marcha vers l’ennemi en haussant les épaules. Il allait être mis en pièces par les archers lorsque le chaman arrêta les siens. Arzhiel le salua, lui montra qu’il n’était pas armé et se dirigea vers lui en essayant de communiquer.

- Euh, salut ! Coucou ? Bonjour ? Je viens en paix. Ah merde, ils ne doivent pas connaître le mot. Alors…Moi nain sympatoche, pas chercher les embrouilles ! Toi pas me regarder comme ça, face de groin ou je te fiche ma hache en plein front et je…Hum hum… Moi vouloir parlementer…Ils percutent rien ces bourricots ! Euh…Croc’Poussins ?
- Ça fait tellement plaisir de rencontrer des gens civilisés d’une autre culture, lança le chaman sans accent. On se demandait quand est-ce que vous vous décideriez à sortir de vos cachettes.
- Vous saviez qu’on était là ?!
- Votre sentinelle a dormi tout le jour. Et il ronfle. Beaucoup.
- Ahah, c’est marrant ! C’est pas comme si je n’étais déjà pas assez embarrassé…Sinon, voilà, mes amis et moi sommes un petit peu coincés et on voudrait passer par ici pour quitter ce souterrain. Mais on ne veut pas déranger. On passe juste et on décroche, d’accord ?
- Ce tumulus a une autre sortie par là où vous êtes arrivés. Pourquoi ne pas l’emprunter ?
- Ah, l’autre sortie ! C’est-à-dire…un ogre énorme et laid, un peu comme votre pote assis là mais en vachement plus gros. Il nous a poursuivi et a détruit l’entrée. Voilà.
- Malédiction, jura l’orc. Nous pensions justement nous échapper par là le temps de réunir notre clan. Nous avons été chassés par les soudards du terrible Teclan et nous avons aussi fui.
- Teclan ?! Le gnome avec sa tête de geai ?! C’est justement lui qu’on vient pourrir avec mes petits gars !
- Vous échouerez. Il est invincible avec sa nouvelle baguette. Une prophétesse a déclaré que seul le héros qui n’existait pas pouvait le vaincre. Notre tribu a tenté de le tuer, sans succès.
- Vous étiez sans doute mal organisés, c’est tout, plaisanta le nain.
- Nous étions cinq cents, il était seul.
- D’un autre côté, le héros qui n’existe pas, ça ne va pas être plaisant de lui mettre la main dessus. Moi j’ai quatre boulets et ils existent bel et bien.
- Libre à vous de l’affronter, nous ne vous en empêcherons pas. Vous pouvez passer en toute quiétude. Votre sort est déjà scellé, inutile d’aller à son encontre. Au mieux, vous ferez diversion le temps que les miens s’échappent.

Le chaman rugit un ordre et tous les orcs s’écartèrent pour laisser passer Arzhiel et ses guerriers (une fois qu’il put les retrouver, cachés dans un antique coffre à trésor vide, sauf Brandir qui s’était perdu dans les couloirs en cherchant les orcs à taper).

- Qu’est-ce qu’il vous a raconté ? demanda Svorn alors que le groupe se dirigeait vers la sortie.
- Que soit c’est un gros mytho nul en maths, soit on n’est pas prêt de revoir maman. D’ailleurs, si l’un de vous n’est pas sûr à cent pour cent d’exister, c’est le moment ou jamais de le dire !
- Si c’est pour me répondre ça, autant me demander de la fermer.
- Alors fermez-la et suivez. C’est pas une promenade, c’est une quête avec énigme.
- C’est chiant les quêtes où on doit réfléchir ! se plaint Hjotra.
- Ne vous en faîtes pas, vous êtes immunisé pour ça, vous…
- La chance ! commenta Brandir, jaloux, tandis que Hjotra esquissait un pas de danse de joie.
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Eidhir
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MessageSujet: Re: La Saison 3   La Saison 3 Icon_minitimeDim 2 Déc - 21:21

Episode 85 – Le Prophète

Cirth encocha lentement une flèche à son arc sans quitter sa cible des yeux. Il hésita à abattre l’orc lorsque celui-ci s’immobilisa à l’approche de la clairière, mais retint son geste malgré l’impatience qui le gagnait. Il salua son bon sens quand l’éclaireur, car il s’agissait bien d’un limier ennemi, appela ses compagnons. La forte troupe de maraudeurs orcs s’agglutina aux portes de l’étroit goulot. Cirth déglutit, les mains tremblantes. L’elfe avait mésestimé le nombre des poursuivants. Même avec l’embuscade qu’il tendait aux orcs avec les siens, jamais il ne pourrait venir à bout de tant d’adversaires. Machinalement, il écarta ses doigts. Sa flèche se planta dans le front du capitaine orc, suivie d’une pluie d’autres traits. La bataille s’engagea.

Orcs et elfes se ruèrent les uns sur les autres dans une mêlée indescriptible. Les soudards de Teclan, sauvages et brutaux, se brisèrent sur les lances elfes et ne purent briser leurs lignes. C’est repoussés contre le bord de la clairière, aux pieds de la falaise, que les orcs piétinèrent. Ils s’apprêtaient à lancer un nouvel assaut implacable quand l’éboulis les happa telle une vague furieuse, laissant les elfes hébétés devant pareil coup du sort.


- Ah bravo ! lança une voix emportée depuis le haut de la corniche effondrée. Mais espèce d’âne bâté, vous me croyez maintenant quand je vous répète que ce n’était pas un coin à creuser pour dénicher des truffes ?!
- Désolé, seigneur, répondit une autre voix. Ca allégera ma punition le fait que Hjotra soit tombé aussi ?
- Si mon pied vous envoit le rejoindre, y a des chances ouais, crâne de piaf ! Hjotra ! Hjotra ? La galère ! On est obligés d’aller fouiller les éclaboussures, il a mon couteau à peler les patates dans sa besace…Oups ! Planquez-vous ! Y a des gens en bas ! Si on fait un constat pour l’accident, on va y laisser nos chaussettes.
- C’est-à-dire que comme ils nous regardent et qu’ils vous écoutent brailler depuis tout à l’heure, l’esquive va être ardue.

Après quelques jurons et une discussion sans la moindre discrétion, le groupe de nains se décida à rejoindre l’éboulis et les soldats de Cirth. Ce dernier les accueillit d’un large salut poli, mais il fallut plus qu’un sourire pour faire lâcher leurs haches aux nains bourrus.

- Vous voulez dire qu’on a réussi à exploser toute une cohorte d’orcs de Teclan en cherchant des truffes ? résuma Arzhiel après une demi-heure d’explications. Hein ? Ah, oui bien sûr que c’était prévu ! On est nains ! On est des as pour caillasser les orcs !
- Vous nous avez sauvés la vie, remercia Cirth. Les ennemis de nos ennemis sont…Euh, dîtes, votre ami se sent bien ?
- Rugfid ? Ne faîtes pas attention. On a achevé la dernière gourde d’alcool hier soir et on est obligés de tourner à l’eau depuis. Bon, y en a qui gèrent mieux que d’autres dans l’équipe…Question d’habitude. Ne le fixez pas, il va arrêter de danser et va remettre son pantalon tout seul.
- Ah ? Sinon mes soigneurs ont guéri votre ami chu avec l’éboulis. Son bras était dans un piteux état et sa main écrasée, mais il est sauvé. Il est là-bas, à courir derrière les papillons.
- Seigneur ! s’exclama gaiement l’ingénieur en revenant. Seigneur, c’est un miracle ! Je peux jouir de ma main ! Vous voulez voir ?!
- Non, c’est dégueu comme proposition, mais allez montrer ça à Svorn qui boude dans les fourrés parce qu’il ne peut pas égorger d’elfe. Je suis certain que ça le distraira.
- Quelle…singulière et originale équipe d’aventuriers, commenta Cirth en regardant Hjotra courir en sautillant et Brandir, plus loin, qui récupérait les orteils des cadavres orcs dépassant des roches. Arpentez-vous les chemins en quête de périls à affronter et de défis à relever ?
- Avec les engins que je me trimballe, le défi c’est déjà de réussir à éviter d’aller dans le mur. Non, on vient buter Teclan, après on rentre au Karak se planquer de l’apocalypse.
- Teclan est invincible, malheureusement. Une prophétie…
- Ouais, on est au courant du coup du héros qui n’existe pas. J’y réfléchirai si je n’arrive pas à fourrer ma hache dans le pif du gnome mais en attendant, on va d’abord essayer la méthode du nain contrarié. Allez, les enfants, rassemblement. On repart, on a de la route. Non, Rugfid, vous n’êtes pas en train de changer de couleur, lâchez cette outre d’eau !
- Pardonnez-moi d’insister, fit Cirth. Mais Teclan ne peut être vaincu ! C’est un monstre perfide et maléfique qu’il faut éliminer sans attendre, mais avec la plus grande prudence.
- On sait, le rassura Hjotra. Vous pêchez un convertible.
- De quoi ?
- Je traduis : vous prêchez un converti. Cherchez pas, c’est son langage secret anti-décodage. Ne vous bilez pas, mon grand. On n’est pas nés du dernier éboulis. On sait ce qu’on fait. A la revoyure et si vous avez de la liqueur de baie en rab, on est preneurs !
- Vous allez mourir, déclara un vieil elfe au regard pénétrant sortant des rangs.
- Sérieux ?! fit Brandir, euphorique, tout en comptant ses nouveaux orteils.
- Sans aucun doute, affirma le vieillard. Je suis celui à l’origine de la prophétie. J’ai vu le héros qui n’existait pas vaincre Teclan aussi bien que je vous vois courir à une mort certaine.
- Je vous présente le sage de notre village, confirma Cirth. Nous l’escortions hors de ces terres dangereuses. Il peut voir le futur dans ses visions.
- Un vioque elfe possédé et certainement abuseur d’herbes illicites, marmonna Svorn à l’oreille d’Arzhiel, vous imaginez combien ça représente d’années de bénédiction divine si on le sacrifie à Gazul ? Vous le chopez par derrière et on fait moit’-moit’, ok ?
- Si je prenais plaisir à cramer des vieux, ça ferait un moment que j’aurais un nouveau prêtre. Si ce que vous dîtes est vrai, les elfes, il faut qu’on parle et je…Attendez, j’ai mon cousin qui se barre en ver de terre là. Il doit encore croire que le ciel va s’effondrer. Hjotra, allez le chercher avant qu’il s’enterre comme la dernière fois.

Hjotra s’exécuta et s’éloigna à travers la prairie en grandes enjambées aléatoires et hésitantes.

- Mais qu’est-ce que vous faîtes ? demanda posément Arzhiel. Pourquoi vous marchez comme si vous aviez un gourdin dans le derche ?
- C’est pour éviter d’écraser les pâquerettes, ça fâche les fées et elle vous changent en guêpe après.
- Si je vous donne Hjotra à cramer, proposa Arzhiel à Svorn, vous me lâchez les basques ?
- Avec en prime votre cousin qui est en train de se tortiller sur le ventre, ça marche pour moi.
- Seigneur ! cria Hjotra. Y a le visage de Conleth qui sort de terre ! Et il me fait des clins d’œil !
- Sûrement un coup des fées…
- Non, il a raison. C’est comme ça que le druide me parle toutes les semaines.
- Chaque semaine, c’est hebdromadaire, c’est ça ?
- Arzhiel ! appela le visage dessiné dans le sol. Où est Charlotte ?
- Aux fraises, répondit le nain avec honte devant les elfes. Nan, sérieux, faut vraiment changer ce mot de passe ! Ca devient grotesque !
- C’est une précaution nécessaire ! Teclan a de nombreux espions à sa solde. Alors, où en est votre progression ?
- Voyons…On n’a trouvé aucune truffe à part celles de ce groupe, on a sauvé des elfes et Rugfid est encore en vie. Aucun succès donc. Ah oui, on vient de sauver la peau au type qui a lâché la prophétie du héros machin-truc là.
- Incroyable ! s’exclama Conleth tandis que Cirth et le prophète saluaient son visage terreux. Les dieux sont avec nous ! Ils vont vous aider donc écoutez-les. Bon, je dois vous laisser, j’ai plus de mana pour aujourd’hui, j’ai tout donné pour le bain de pieds aux algues enchantées de votre épouse. Bon courage !

Le visage s’évanouit tandis que Conleth rompait son enchantement, laissant les nains perplexes avec la troupe elfe.

- Non, mais c’est bon, mettez-moi un vent aussi, c’est rien, marmonna Arzhiel en piétinant le sol. Alors les amis du bosquet, c’est quoi le plan ?
- Vous allez mourir, répondit le prophète avec un sourire enjoué.
- Bon dieu, ça va être long avant l’apocalypse ! soupira le nain, la main écrasée sur le visage.
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