Karak Vanne, signé Arzhiel
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Karak Vanne, signé Arzhiel

Forum de l'oeuvre littéraire d'Arzhiel.
 
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 La Saison 2

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Eidhir
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MessageSujet: Re: La Saison 2   La Saison 2 - Page 2 Icon_minitimeVen 30 Nov - 21:14

Episode LVI – Le Secret du Nom Interdit

- Vous me faîtes la tête, cousin ? demanda timidement Rugfid en repliant ses genoux.
- Allez vous faire déchiqueter par une nuée de chauve-souris vicelardes et dévorer vivant par un ogre édenté, répondit Arzhiel d’un ton implacable avant de se retourner.
- Ouf, vous m’avez fait peur ! fit l’explorateur, soulagé. Je pensais sottement que vous m’en vouliez d’être coincé ici ! Je dois admettre que j’y suis quand même un peu pour quelque chose.
- Ah bon ?! Mais pourquoi donc ? Parce que vous m’avez bousculé en fuyant la charge de l’ennemi dans le couloir de ce temple en ruines ? Parce que j’ai rebondi contre le mur et que je me suis fait piétiner par mes soldats ? Ou parce que le piège que vous avez activé par accident ouvrait justement le chausse-trappe qui nous a éjecté direct dans cette oubliette ?!
- Hihi, c’était marrant le toboggan !
- Si ça vous a plu, je vous promets un second passage dès qu’on sort de là ! A condition, bien sûr, que les autres abrutis s’aperçoivent qu’on a disparu !
- Ça va baigner, cousin ! Ne vous en faîtes pas. J’ai volé le casse-dalle de Brandir avant l’exploration. Quand il s’en rendra compte, il retournera le temple pierre par pierre pour me mettre la main dessus.
- Y a quoi dans sa collation ?
demanda Arzhiel, par curiosité.
- Une dizaine de tartines géantes, lard, champignons, jambon d’ours, cuissot de cerf cuites dans leur graisse…C’est frugal, pas de quoi tenir plus de deux heures à mon avis.
- Si la liche gardienne des lieux tombe sur les gars, elle va les exploser comme des bien nazes pendant que je suis coincé dans ce trou puant avec vous !
- Ça pourrait être pire,
relativisa Rugfid, froissé.
- Impossible, j’ai laissé Hjotra au Karak. Je voulais réussir la mission.
- Dites, cousin,
avança timidement l’explorateur après un court silence. Je peux vous poser une question personnelle sans que vous me fassiez la grosse voix et le regard méchant ?
- Si vous me faîtes pas promettre de ne pas user de violence dans les prochaines heures…
- J’ai l’impression que vous ne m’aimez pas. C’est vrai ?
- Qu’est-ce qui vous fait dire ça ?
demanda Arzhiel en tapotant le mur crasseux de l’oubliette.
- Je sais pas trop. Je me fais sans doute des idées. C’est dans votre attitude générale. Des détails…Le fait que je sois le seul à partir au combat avec une cible peinte en rouge sur mon armure par exemple.
- Ah, ça…euh…hé bien…C’est une sorte de rune antique de protection.
- Et quand vous m’avez envoyé terrasser le cyclope des landes tout seul, sans arme.
- C’est pas vrai ! Je vous avais refilé un très imposant bâton en bois sec !
- C’est avec ça qu’il s’est étranglé quand il a voulu me becqueter d’ailleurs,
songea Rugfid. Et quand vous m’avez promu goûteur officiel de à l’époque où sévissait l’empoisonneur fou.
- Je me souviens. C’était Svorn qui cuisinait en cachette en fait. Douze morts pour qu’il comprenne que son sauté de champignons était infect…Mais où voulez-vous en venir ?
- Je crois que vous essayez de me faire buter, cousin, et ça me travaille.
- Laissez-moi deviner,
soupira Arzhiel. Vous allez me gonfler le biniou jusqu’à avoir une réponse, c’est ça ? Et comme on est coincés ici juste pour l’éternité, j’ai pas d’autre choix que de céder. Et si je ne veux pas malgré tout ?
- Je recommence à chanter,
avoua l’explorateur.
- C’est bon, c’est bon, je me rends ! Tout de suite les menaces ! C’est pas spécialement contre vous, c’est juste que vous faîtes partie de ma famille. Voilà.
- On est cousins ! En quoi ça vous chagrine ?
- Ça me chagrine à cause de mon nom ! Parce que vous le connaissez !
- Un peu oui, j’ai le même ! C’est vrai que j’ai eu du mal à l’apprendre les trente premières années. Je me le gravais sur la main en pense-bête. Regardez, on voit encore les cicatrices. Mais on nous l’a retiré quand la famille vous a banni pour avoir épousé Dame Elenwë. Ah, j’ai pigé ! Vous avez peur d’offenser les dieux si je révèle votre nom de famille interdit !
- Y a un peu de ça,
se renfrogna Arzhiel, mal à l’aise. Quand vous êtes ivre, c’est-à-dire la moitié de la journée, vous débitez les âneries vitesse grand V. Mais c’est pas le pire. Si vous vendez la mèche, les dieux vous éclateront avant moi, mon petit père.
- Non, je suis votre cousin, rappelez-vous, pas votre pè…
- Bref ! C’est pas tant l’ancien nom interdit qui me dérange, c’est surtout le nouveau, secret, tu, caché et honteusement dissimulé à tous sauf à mes proches dont vous faîtes partie.
- Le nouveau ?
questionna Rugfid en mangeant une tartine de Brandir.
- Celui que j’ai pris quand j’ai épousé l’autre dinde, marmonna Arzhiel, écarlate de gêne. La tradition, j’ai pas eu le choix…C’est son nom, un nom elfe…
- Un nom elfe !
s’écria le nain en crachant la moitié de ses bouchées au visage de son cousin. Mais c’est la pire honte ça pour un seigneur nain ! Je le savais pas !
- Quoi ?!
hurla Arzhiel en essuyant la viande maculée de graisse coulant sur sa barbe. Vous l’ignoriez ?!
- Mais carrément ! Jamais j’aurais pu garder un secret pareil ! J’étais absent le jour de votre mariage avec la quiche maigrelette. J’avais pris une vilaine cuite la veille et mes parents en avaient profité pour me vendre à un marchand d’esclaves du sud. J’ai mis six mois pour revenir au pays !
- Ah les bourriques !
explosa Arzhiel en écrasant la tartine sur la face de son cousin. J’ai du soudoyer vos parents pour qu’ils la ferment. Ils me menaçaient de faire révéler au monde entier mon nouveau nom pourri par le biais de leur fils devenu explorateur !
- Les raclures !
persifla Rugfid en léchant ses lèvres barbouillées. Ils ne m’ont même pas donné ma part !
- Par les grelots de Gazul, je me suis fait enfler de toute part !
rugit le seigneur de guerre. J’ai écopé d’un nom merdique qui ressemble à un gazouillis d’oiseau, d’une femme elfe dégénérée, d’une famille qui me bannit, d’un oncle et d’une tante qui me volent et d’un cousin boulet qu’est même pas explorateur !
- Rien n’est plus précieux et important que la famille !
lança Rugfid avec un large sourire ému en essayant de faire un câlin à Arzhiel.
- Et en plus je lui avoue mon secret le plus infâmant alors qu’il l’ignorait…souffla le nain dépité en repoussant son cousin d’un coup de talon dans les dents. Je veux mourir ! Mais où sont les liches quand on a besoin d’elles ?!

Arzhiel, désespéré, heurta sa tête contre la paroi en gémissant avant de s’interrompre brusquement et de coller son oreille au mur. Un bruit lointain, sourd mais croissant avait attiré son attention. Le son se rapprochait rapidement et bientôt, Arzhiel préféra reculer prudemment et exposer son cousin devant lui. L’oubliette tout entière trembla, les parois se fissurèrent et la pierre vola alors en éclats sous les coups de butoir.

- Ça sent la tartine ici ! fit la voix de Brandir à travers le nuage de poussière du mur défoncé.
- On est sauvés, cousin ! s’exclama Rugfid en se relevant. Dites, hihi, vous me donnez quoi en échange de mon silence ?
- Brandir !
appela solennellement Arzhiel en s’époussetant. C’est lui qu’a piqué votre bouffe. Et il en même recraché par terre.

Le seigneur nain fit un habile pas de côté tandis que le guerrier sombrait dans une furie meurtrière avant de fondre sur Rugfid hurlant d’effroi. Sans un regard sur le carnage qui avait lieu dans son dos, Arzhiel sortit lentement, soulagé et serein.
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Eidhir
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MessageSujet: Re: La Saison 2   La Saison 2 - Page 2 Icon_minitimeVen 30 Nov - 21:14

Episode LVII – La Bête Quête

- Stop !
s’exclama Arzhiel en pilant. Stop ! On s’arrête ! On a du le semer, c’est bon !

Le groupe de nains essoufflés scruta les sous-bois silencieux et put commencer à se détendre.

- Ah non, mais franchement, vous m’en ratez pas une ! gronda le seigneur de guerre. Quand je dis on parlemente, ça veut pas dire de jouer les mulets et de charger en gueulant ! Y a des blessés ?

La plupart des nains levèrent le bras, couverts de griffures ou d’écorchures dues aux ronces. Hjotra prit le poignet de Ségodin, inconscient et traîné derrière lui, et le lui leva sous le regard dépité d’Arzhiel.

- Bande de furieux…Bon ben lâchez-le vous et foutez-le sous un arbre, il se réveillera bien un jour ! Il ne va pas claquer pour trois pauvres boules de feu prises de front. Qui d’autre a pris cher ?
- Je crois bien que ce sale druide a profité de l’assaut pour tester son nouveau bâton,
déclara Svorn. Il a jeté plein de maléfices assez curieux.
- Curieux ? C’est-à-dire ?
- Rugfid ne peut plus marcher qu’à reculons. Il en est à son vingt-troisième arbre en cent mètres. Il a battu son propre record et sans être ivre cette fois. Brandir est suivi par une flopée de moineaux et dès que Hjotra ouvre la bouche, il en jaillit un oiseau. Dans un sens, c’est pratique. Grâce à Brandir qui joue au nid d’hirondelle, on sait combien de fois Hjotra a parlé.
- C’est bien une magie d’elfe des sorts aussi pourris ! Allez, retournez Rugfid, on y repart. Mais laissez-moi causer cette fois ! Sinon, je suis bon pour ouvrir un cirque sur la place du marché.


Arzhiel regarda Brandir qui tentait désespérément de chasser la nuée d’oiseaux tournant au-dessus de sa tête, ce qui faisait rire Hjotra qui crachait roitelets et pies venant s’ajouter au lot. Svorn installait l’écu de Rugfid en rétroviseur sur son épaule tandis que le reste de la troupe faisait cuire de la nourriture sur Ségodin encore fumant.

- La bande de pipis au lit qui baroude de nouveau dans mon bosquet, lança le druide elfe en observant la troupe de nains pointer le bout de son nez à travers les buissons. Vous voulez que je vous fesse cette fois ?...Hé ! Eloignez cet humain ! Il met des cendres partout, je viens de nettoyer !
- Salutations, lopette des bois !
lança Arzhiel aussi poliment qu’il le put. On s’excuse pour l’attaque. Hum ? Non pas pour avoir tenté de vous ruiner, mais pour avoir échoué à le faire. Promis, on se rattrapera un autre jour. Aujourd’hui, on venait juste obtenir des renseignements. On cherche un djinn pour mon épouse. D’habitude, je me cogne de ses envies mais là elle devenait vraiment pénible. Mais je vous parle de femme, ça ne doit pas vous intéresser en tant que mâle elfe. Envoyez un djinn.
- C’est comme ça que vous requerrez de l’aide ?
fit le druide, blasé.
- J’ai pas bien entendu ? rétorqua Arzhiel en montrant sa hache. Vous dites que vous allez nous en invoquer un de suite, c’est ça ?
- En temps normal, je vous aurai déjà changé en glands, même si la transformation n’aurait pas exigé grands changements, mais je vous connais, nain. Vous êtes Arzhiel du Karak aux demeurés là-bas. Je sais que votre épouse est une elfe. Donc je vais vous aider.
- Vous avez vu seigneur ?!
s’exclama Brandir, un rouge-gorge perché sur le casque. Notre réputation ne connaît pas de frontière !
- A juste titre, je le constate,
murmura le druide. Je dois vous poser des énigmes pour voir si vous êtes dignes d’emporter un esprit pur comme un djinn. Vous êtes prêts ? Quel est le seul animal terrestre incapable de sauter ?
- C’est une blague ? C’est ça votre énigme ? C’est votre tête qui va sauter.
- Ah, je vois une main qui se lève ! Nain avec le doigt dans le nez, je vous écoute.
- C’est l’oliphant !
répondit fièrement Hjotra en dégobillant un corbeau.
- J’arrive pas à croire que son délire pour les bestiaux nous serve à quelque chose, commenta Svorn, désabusé devant son camarade tout enjoué.
- J’arrive pas à croire qu’on puisse savoir ce genre de connerie, marmonna Arzhiel.
- Bravo ! applaudit l’elfe. Je suis surpris. Allez, une autre. Quelle espèce animale est uniquement gauchère ?
- L’ours polaire !
bondit Hjotra. Je le savais, c’était facile !
- Vous avez fait quoi aujourd’hui ?
ironisa Arzhiel en décapitant au vol un oiseau sorti de la bouche de Hjotra. On a joué aux devinettes animales avec un elfe et c’est Hjotra qui a gagné…Bon, on peut l’avoir ce fichu djinn et enfin décrocher de cette forêt puante ?
- D’accord,
répondit le druide. Mais si vous et vous seul, chef grincheux, répondez à celle-ci : quel est le seul animal dont le cri n’a pas d’écho ?
- Je suis dégoûté…
soupira Arzhiel, cuisant de honte. Je le sais en plus, c’est le canard. C'est l'approche favorite de Hjotra pour lever les filles...
- On a gagné !
exulta Hjotra en prenant son chef dans ses bras et en lui éructant une alouette au visage. On va avoir un djinn ! Au fait, c’est quoi un djinn ?
- Bon, le zoophile, tu l’envoies ce djinn ?!
- Je n’en ai plus sur moi,
répondit l’elfe, amusé. Mais allez soulever cette pierre maudite là-bas. Un démon y est enfermé. Dites-lui que vous venez de ma part et il vous en cèdera un.
- C’est vraiment une quête passionnante !
lança Rugfid en marche arrière lorsque les nains arrivèrent à la pierre dressée.
- Comptez les piafs, vous, au lieu de dire des âneries, fit Arzhiel en haussant les épaules et en renversant la pierre d’un coup de pied.

Aussitôt, une épaisse fumée jaunâtre et nauséabonde s’éleva dans les airs en sifflant, recouvrant la silhouette massive d’un démon cornu à l’air menaçant.

- Pauvres fous qui m’avez libéré ! ricana-t-il. Je vais vous massacrer !
- Malédiction ! pesta Svorn. L’elfe nous a joué un vilain tour !
- En plus, c’était pas prévisible, rien,
dit Arzhiel. On n’aurait jamais songé à un piège…
- Mourez, pathétiques nains !
rugit le monstre. Je suis le terrible Abaddon !
- Je me rends ! lança Arzhiel en pouffant. J’abaddonne !
- Comment ?!
grogna le démon devant les nains hilares. Vous vous moquez ?!
- Attention, il va se fâcher tout rouge ! lança Brandir en pointant la créature à la peau écarlate.
- Cessez ! Arrêtez de rire ! Mais arrêtez quoi ! Contemplez les flammes de l’enfer !
- Il pète le feu !
rit Hjotra devant les mains enflammées d’Abaddon, troublé.
- Mais taisez-vous ! C’est moche ce que vous faites…Je suis un démon du second cercle ! Vous allez me pourrir la réputation en riant comme des baleines !
- Bon sang, mais ils ont quoi avec les bêtes aujourd’hui ?
s’exclama Arzhiel. Allez, le rouge, on t’épargne et on accepte de partir si tu nous donnes un djinn.
- Un djinn ? Pfff, c’est bon, ça marche. Mais vous me raillez plus ! Hop, le voilà, je vous l’ai mis dans un fiole pour qu’il prenne pas trop l’air. Il s’appelle Sínsen-Hûn. Et refermez le rocher en partant !

- Voilà votre bestiole,
déclara Arzhiel en tendant la fiole à Elenwë, quelques heures plus tard. J’ai rempli ma part du contrat. Faites-moi disparaître cette queue de cochon sur le fion maintenant. Ça m’a démangé toute la journée !
- Ça vous apprendra à faire des commentaires désobligeants sur ma culotte de cheval,
répondit la sorcière en s’exécutant. Quel bel élémentaire !
- Vous savez qu’on a galéré pour vous l’obtenir,
fit remarquer Arzhiel en s’inspectant les fesses. C’était aussi important que ça pour vous d’en avoir un ?
- Vital !
s’écria l’elfe en plaçant le djinn devant elle afin qu’il lui envoie un brise constante sur le visage. Avec ces horribles chaleurs, rester trop longtemps dans ces cavernes humides est mauvais pour ma peau. Mais là, ça va mieux ! C’est quoi ce regard rivé sur moi ?
- L’œil du tigre,
marmonna le nain courroucé en dégainant sa hache.
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Eidhir
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MessageSujet: Re: La Saison 2   La Saison 2 - Page 2 Icon_minitimeVen 30 Nov - 21:15

Episode LVIII – Le Gai Luron

Arzhiel poussa un long soupir désespéré avant d’entrer dans une colère noire. Il abattit sa hache sur l’armure décorative ornant le couloir, la fracassant en mille morceaux avant de patiemment la réassembler pour mieux l’exploser une seconde fois. Le nain grommelant dans sa barbe se vautra dans son trône pour bouder, non sans avoir éjecté au passage son espion qu’il venait de croiser.

- Un souci, monseigneur ? interrogea ce dernier éclaté contre le mur.
- Ce Karak est peuplé de tâches et ce qui me lamente, c’est que j’en suis leur chef ! Ecoutez celle-là : j’avais trouvé l’idée géniale de recycler ma ceinture de chasteté…Hein ? Ouais j’en ai une, je m’en sers pour me protéger des assauts d’Elenwë quand elle a ses humeurs taquines. Le truc c’était de faire boire trois litres de flotte à Rugfid et de lui coller la ceinture. L’envie de pisser était si forte qu’il courait plus vite que mon bouquetin, celui qui mord la couenne des orcs. Je mets un message urgent dans les mains de mon crétin de cousin et je file la clé de la ceinture à son expéditeur. Comme ça, terminé les problèmes de coursiers trop lents. Cet ahuri a réussi l’exploit de s’arrêter en route dans une taverne pour jouer aux dés. L’émotion de la victoire. Il a pissé partout et a fini en geôle pour implosion urinaire préméditée. Les renforts n’ont jamais eu mon message. Résultat, on a pris une autre rouste contre les elfes !
- Dur,
commenta poliment l’espion en remettant en place son épaule déboîtée.
- Ah vous êtes là ! lança vivement Elenwë en entrant. Alors ? Cette sortie ?
- Si vous saviez, ma nymphomane hideuse, quelle journée ! Je…
- Non, mais je m’en fiche en fait. Suivez-moi, j’ai une surprise pour vous !
- Vous voulez épouser un autre et vous avez besoin de mon accord ?
fit le nain en se laissant entraîner dans les couloirs. Où est-ce que je dois signer ?
- Vous êtes particulièrement tendu et boudeur ces derniers temps alors je me suis dit que j’allais vous changer les idées,
ricana la sorcière, toute excitée. Normalement, je me moque bien de vos états d’âme mais vos grognements continus perturbent mes cycles de méditation. Bref, voici un cadeau !

L’enchanteresse émoustillée ouvrit une porte et désigna un barde elfe en costume bariolé de couleurs vives, décoré de grelots avec une lyre à la main.

- C’est pour moi ? s’exclama Arzhiel, surpris et ému.
- Je caresse l’espoir qu’il vous arrache un rire ou du moins, qu’il vous détende un peu.
- C’est très touchant,
fit Arzhiel en dégainant sa hache. C’est sûr que ça va me passer les nerfs. Je vais me le faire de suite d’ailleurs !
- Mais qu’est-ce que vous faîtes ?!
hurla Elenwë en voyant son époux courir après le barde apeuré. C’est un bateleur ! Il est là pour vous distraire mais je vois que vous êtes irrécupérable ! Allez donc bouder tout seul, pauvre hère !
- Mais je ne boude pas !
protesta Arzhiel, vexé, tandis que le barde fuyait à quatre pattes.
- Non, à peine ! Vous tirez la tronche du matin au soir comme si vous veniez d’enterrer votre mère ! Vous râlez, vous criez, vous geignez ! Même les croquettes de chevreuil mariné dans la graisse de belette ne vous arrachent plus un sourire ! Vous devenez aussi gai que Svorn !
- Han !
cria le nain, horrifié. Retirez ça de suite ! C’est faux ! Je peux très bien me marrer et je vais vous le prouver. Avant ce soir, je suis sûr d’être capable de rire au moins une fois !
- C’est bon il est parti,
lança l’elfe au troubadour caché dans un vase. Dîtes, je pourrai emprunter votre costume à grelots ? C’est pour mon époux. J’ai appris qu’il s’est débarrassé de sa ceinture de chasteté. Je le connais par cœur, c’est sans doute un signal pour une torride nuit d’amour ! Et il adore se déguiser !

Arzhiel, fortement contrarié par ces accusations, tomba sur Brandir qui se rendait aux cuisines.

- Brandir, faîtes-moi rire ou je vous mets au trou. Envoyez les boutades. Je suis sûr que vous êtes un déconneur de première avec vos soldats.
- Une blague ?
fit le guerrier pris de court. Vous me prenez pour un bouffon ? Aie, non pas les dents, faudra que je vole le dentier de Svorn après ! Bon alors…euh…j’ai un jeu de mot : Il vaut mieux dans la vie l’amer boire que l’avis de la mère à boire.
- Rholala !
soupira Arzhiel, choqué. Mais que c’est mauvais ! C’est méga naze !
- Vous me prenez à froid aussi ! J’improvise ! Je suis guerrier, pas joyeux drille ! J’ai une tronche à sortir des vannes à tout bout de champ ?
- Avec votre physique, on pourrait croire, mais je constate que c’est trompeur. Finissez votre repas et allez direct au trou. Trois jours dans le noir, ça va vous aider à affiner votre sens de l’humour, mon gros.
- Attendez, seigneur ! Je dois pouvoir faire mieux ! Euh…Qu’est-ce qui est plat, rond et vert ? Un orc qui ne sait pas comment fonctionne une catapulte ! Seigneur ?


Mais Arzhiel n’écoutait plus, déjà loin. Il rencontra Ségodin peu après lors de sa promenade quotidienne de convalescence.

- Faites-moi rire, c’est un ordre, l’apostropha le nain.
- Sinon quoi ? rétorqua le chevalier en montrant ses béquilles. Vous allez encore m’envoyer en mission visiter le labyrinthe des araignées géantes ou éliminer un couple de géants belliqueux ?
- Je vous brise l’autre genou,
répondit le nain en haussant les épaules.
- J’ai pas eu trop le temps de bûcher mes histoires drôles durant ces deux dernière semaines de coma, mais je peux vous raconter ma dernière mission, ça a bien fait marrer vos médecins, votre état-major, les servantes et le peuple rassemblé sur la place du village lors de la veillée hier soir…
- Non, c’est bon, c’était marrant au début vos escapades grotesques, mais ça tourne en rond un peu. Ça se termine toujours en fiasco total et en échec lamentable, la trame est toujours la même et les gags récurrents, chutes d’une falaise, défaite contre un lutin, blessure par flèche perdue ayant ricoché trois fois avant de finir sa course dans vos miches et accident de circulation en mulet.
- C’était pas ma faute celle-là ! Ce cavalier inconscient galopait à toute vitesse sur ma file !
- Ça manque d’innovation tout ça ! La mission version dérision de quête, c’est obsolète. Faut vous renouveler mon vieux ! Je sais pas. Prenez votre public à contre-pied. Réussissez une mission pour une fois !
- Monseigneur dispose toujours de conseils avisés,
marmonna Ségodin, dépité.

Arzhiel reprit sa route, troublé. Même sa course-poursuite par Ségodin après lui avoir dérobé une de ses béquilles n’avait pas réussi à le distraire. Décontenancé par sa mauvaise humeur devenue omniprésente, le nain se refusa d’aller voir Hjotra qu’il gardait en joker, de peur d’aggraver encore son état. Déçu, il regagna son trône pour réfléchir. Un parchemin l’attendait, préparé à son attention. Curieux, il le déroula et le lut d’un trait avant d’éclater d’un rire franc et spontané.


- C’est vous qui avez écrit cette histoire ? demanda-t-il à ses conseillers. C’est trop poilant ! Il faut absolument que j’aille montrer ça à Elenwë. Ça va lui clouer le bec à cette harpie de me voir me fendre la poire comme ça !
- Mince alors,
souffla un des ministres en voyant leur seigneur hilare partir en courant. Moi qui avais déjà préparé mon baluchon pour la prison…
- Il l’a relativement bien pris en effet,
commenta le second. C’est curieux. Le rapport de bataille faisait pourtant bien mention de toutes nos pertes, de l’incendie créé dans notre campement par nos propres soldats, de la mauvaise armée attaquée pendant que la bonne pillait la citadelle et du fait que trois légions seulement aient su retrouver leur route sur les dix parties…Je pige pas que ça le fasse marrer, le patron.
- Il est vraiment pas net !
conclut le dernier en hochant tristement la tête.
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Eidhir
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MessageSujet: Re: La Saison 2   La Saison 2 - Page 2 Icon_minitimeVen 30 Nov - 21:15

Episode LIX – Le Prix de l’Âme

- Donc là, j’y vais ? demanda Brandir en fixant l’entrée de la grotte.
- Voilà, répondit Arzhiel en le poussant en avant.
- Mais on est sûr que c’est la bonne caverne ?
- Non. On s’est dit que ce serait plus sympa de visiter le premier antre d’ours des cavernes trouvé, histoire de se marrer un peu. Bien sûr que c’est la bonne caverne ! Magnez-vous d’y rentrer, il flotte et on se trempe la gueule à vous attendre !
- Ben, rentrez avec moi pour vous abriter !
lança le guerrier plus joyeux.

Ségodin soupira de détresse, Rugfid se frappa le front d’un air désolé et Svorn chercha une pierre saillante à jeter sur son camarade.


- C’est un sanctuaire sacré, pauvre courge ! rouspéta Arzhiel. Vous entrez, vous butez le gardien et vous ressortez. C’est une épreuve pour regagner votre âme. Si on vous aide, ça va tout ficher par terre et vous allez continuer à jouer les larves durant les batailles….Quoi ? Pourquoi vous boudez ?
- Vous m’avez traité de légume vert !
marmonna le nain, les bras croisés sur sa poitrine rebondie.
- Entrez là-dedans où des légumes verts, je vous en fourre la gamelle jusqu’à ce que vous arriviez enfin à passer les portes du Karak, ma grosse ! Les navets et les carottes, ça va vous détendre l’haricot !
- D’accord, j’y vais,
céda Brandir, terrifié. Mais c’est vraiment odieux de faire du chantage à vos meilleurs amis, seigneur !
- Elenwë m’en fait tout le temps. Consolez-vous en vous disant que ce doit être une forme d’expression affective chez les elfes.


Brandir fit un pas vers la grotte, jeta un caillou dedans en se cachant, refit un pas, imita le cri de la biche blessée pour attirer un éventuel ennemi, avança d’un troisième pas, rampa sur un mètre et finit par pénétrer dans la caverne en volant, jeté par le reste du groupe.

- Seigneur ? demanda Ségodin. Vous pensez vraiment que ça va marcher ? L’Esprit de la Terre qui a fixé les règles de l’épreuve pour que ce niais récupère son âme avait bien insisté sur le fait que personne ne doive l’aider.
- Ouais, je me souviens. Et alors ?
- Il me semble que le vampire qu’il devait anéantir, c’est quand même grâce à Rugfid qu’il a pu le tuer.
- D’ailleurs c’est la dernière fois que je fais l’appât !
protesta celui-ci. Il m’a ponctionné au moins un litron de sang, le crevard ! Et merci pour le suçon. Encore plus crade que ceux des sœurs de Hjotra.
- N’empêche qu’avec tout l’alcool qu’il y avait dans votre sang,
ricana Arzhiel, le mort-vivant il était raide défoncé. C’était pathétique d’ailleurs de voir un roi des temps anciens maudit pour l’éternité nager la brasse dans la poussière en récitant le poème du petit escargot courageux que même Hjotra était trop vieux pour connaître…
- Je ne suis pas certain que ce combat fut bien loyal,
insista Ségodin.
- C’est bon, vous n’allez pas chipoter avec les règles ! Le vampire est mort, tué par Brandir. Nous, on était juste là en observateurs.
- Et le ver géant des marais ? Paralysé par l’odeur de pieds de Svorn ! C’était bien une intervention extérieure !
- Vous charriez,
rétorqua Arzhiel. La puanteur l’a rendu dingue. Il poussait les mêmes cris que ma femme quand elle…enfin quand elle est contente et il se débattait tout autant. D’un autre côté, Svorn, repousser une bestiole qui vit dans des eaux croupies et qui bouffe des cadavres moisis, ça devrait un peu vous mettre la puce à l’oreille niveau hygiène corporelle.
- Mon cœur et ma foi sont purs, eux !
se raidit le haut-prêtre. Par contre, reculez un peu. Avec la pluie, ça risque un peu de sentir le phoque mouillé dans pas longtemps.
- L’Esprit a exigé l’essence de bêtes bien balèzes contre l’âme de Brandir,
reprit Arzhiel en s’éloignant avec les deux autres. Vous croyez vraiment que cette andouille aurait été capable d’en venir à bout sans nos coups de pouce ?
- Vous admettez donc que votre bourrade qui m’a envoyé au fond du gosier de l’élémentaire de plantes avant son combat contre Brandir n’était pas accidentelle ?!
s’écria Ségodin.
- Mais si voyons, vous imaginez des choses, mon vieux. C’était juste le fruit du hasard si les élémentaires de plantes digèrent mal les vingt kilos d’acier de votre armure et que ça a empoissonné son sang, l’affaiblissant « légèrement » avant que Brandir ne le découpe.
- « Légèrement » ?!
répéta Svorn en se mouchant dans un linge aux tâches douteuses. La plante verte a gerbé ses entrailles et enfonçait ses racines dans sa gorge pour se faire vomir Ségodin !
- Vous voyez, le grand,
plaisanta Arzhiel. Comme ça vous saurez qu’Elenwë n’est pas la seule à rendre son repas à l’idée de vous avaler tout cru !
- C’est distingué !
pesta le chevalier. Je m’en fiche, j’annonce tout de suite que si l’Esprit de la Terre nous maudit pour notre tricherie, je nierai tout et vous accuserai.
- Mais quelle petite balance !
rugit Rugfid en lui écrasant les orteils. Vous croyez qu’on fait ça pour s’amuser ? C’est de la camaraderie et de l’esprit d’équipe ! De la solidarité et du soutien inconditionnel ! Parce qu’on est un clan, une famille !...J’y pense. Mais où est Hjotra ?
- Je l’ai laissé dans la cage aux provisions de l’ogre des collines qu’on a vaincu dans son sommeil hier,
avoua Arzhiel. Je lui ai offert un nid douillet d’amour avec l’autre captif, le troll baveur aux pustules en remerciement de sa diversion. Je crois que Hjotra lui plaisait bien. J’ai reconnu la flamme de son regard louchant quand il le regardait.

Les nains et l’humain se mirent à l’abri sous un sapin proche, Svorn face au vent, tandis que la pluie redoublait. Le temps égraina de longues heures d’attente dans le froid alors que le jour déclinait. Arzhiel commença à s’inquiéter vraiment quand Rugfid eut fini de remplir toutes les jointures de l’armure de Ségodin endormi avec divers insectes grouillants et visqueux.

- Vous pensez qu’il va s’en sortir sans nous ? interrogea-t-il, nerveux.
- Il faut avoir confiance en lui, clama Svorn avec aplomb. Il a mis en jeu l’avenir de ses poignets d’amour face aux légumes verts, c’est une meilleure marque d’assurance pour lui que sa parole. En plus, il sait qu’on lui ruine sa race au retour s’il échoue.
- C’est dans les Ecritures Sacrées que vous lisez ce genre de discours ?
- Non, c’est de moi là. Une version plus personnelle, mais la finalité est identique.
- Tout de même, un minotaure enragé,
fit Rugfid, soucieux. C’est pas hors challenge pour lui ? C’est comme si Ségodin combattait un orque tétraplégique, aucune chance de victoire. Je l’ai vu implorer le pardon à un chiot édenté et furax la semaine dernière…
- Il faut qu’il se mette en boule,
affirma Arzhiel. Non, n’essayez pas crétin, c’est une expression. Mais si l’autre lui fait un commentaire sur son bide ou lui sort un mot de plus de trois syllabes, Brandir va devenir fou furieux. Il chargerait même un dragon dans cet état.
- Regardez !
lança Svorn. Il revient ! Il est vivant ! Et il tient la tête du minotaure dans ses bras ! La victoire est sienne !
- Zut,
soupira Rugfid. Je dois dix pièces d’or à Hjotra…
- Félicitations !
l’accueillit Arzhiel quand Brandir approcha. Je retire toutes les fois où j’ai dit que vous ne valiez pas un pet. Vous l’avez boisé le taureau ?!
- Euh, pas vraiment,
répondit le guerrier ennuyé. En fait, il s’est suicidé. Il m’a demandé qui j’étais et le but de ma visite quand je l’ai trouvé. Je crois que mes explications n’étaient pas très claires. Faut dire aussi que je n’ai pas tout compris dans cette histoire d’âme et d’épreuve. Bref, il s’est tranché les veines avec les dents après la seconde heure où je lui répondais. J’ai ramené sa tête, ça compte ?
- On va dire que oui,
fit Arzhiel, dépité. Allez, on se rentre, les enfants.
- Je me demande comment je vais expliquer tout ça à l’Esprit de la Terre,
songea Brandir. Dites, vous ne voulez pas y aller à ma place ? Hé ? Mais attendez-moi ! Ne me laissez pas ici. Ça pèle, c’est moche, y a des bêtes dans les bois et Ségodin endormi sous un arbre ! Revenez, quoi !
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Eidhir
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MessageSujet: Re: La Saison 2   La Saison 2 - Page 2 Icon_minitimeVen 30 Nov - 21:27

Episode LX – La Prise d’Otage

Arzhiel pénétra dans la chambre conjugale en sifflotant, convenablement distrait par la course en sac qu’il avait organisé pour son état-major avec meute de loups aux trousses en prime. Personne n’avait gagné, mais voir Hjotra et Svorn s’allier pour lancer Brandir aux fauves en plus de Ségodin plaquant Rugfid au sol avant de se faire à son tour rattraper l’avait mis de fort bonne humeur.

- Ah, ben vous êtes là ! lança-t-il en voyant Elenwë assise au milieu de la pièce, un elfe noir tenant un poignard sous sa gorge. Vous avez raté un spectacle génial ! Faîtes-moi penser à le refaire pour les fêtes de fin d’année et…Tiens, c’est qui ? C’est un de vos amis ?
- Il a l’air d’être mon ami ?! rétorqua l’elfe terrifiée. Il a son couteau sous ma gorge ! Oh, par les Quatre Vents ! C’est terrible ! J’ai une peau qui marque si facilement !
- J’en sais rien, fit le nain en se renfrognant. Il est peut-être barbier. C’est plausible. C’est pas comme si vous n’en aviez pas besoin en plus…
- Comment ?! tiqua l’enchanteresse.
- Silence !s’écria Vorshek en tapant du pied. Fermez-la ! Tous les deux ! Ou je lui perce un nouvel orifice sous le menton.
- Bof,soupira Elenwë. Déjà qu’il ne va pas voir les autres, ça ne fera pas grande différence.
- D’autres ont tenté, parait-il, répondit Arzhiel. On ne les a jamais revu !
- Silence ! répéta l’elfe noir avec plus d’insistance. Vous n’êtes pas conscient de la gravité de la situation ?! Je vais égorger ta sale femelle, nain !
- C’est quoi ce plan ? fit Arzhiel, intrigué. Combien vous me prenez pour la buter ?
- Quoi ?!cria Elenwë. Vous négociez ma mort avec un coupe-jarret ?!
- J’envisage tous les aspects possibles de la situation, se défendit le nain.
- Tu ne vas pas fanfaronner longtemps, nabot ! La chance t’a déjà permis d’échapper une fois à mes lames, mais cette fois-ci, tu es piégé avec ta femme en otage.
- Ah, mais je vous reconnais ! C’est vous le tueur à la tourte ! Mais vous êtes encore là ?
- J’ai vécu caché dans une galerie du reliquaire en pansant mes plaies, grogna l’assassin. Il m’a fallu des mois pour semer ce stupide cerbère qui me déchiquetait à chaque fois que je voulais m’enfuir !
- C’est donc ça ! comprit Arzhiel. Je savais bien qu’il avait l’air un peu patraque ces derniers temps. Je me doutais qu’il devait bouffer une saloperie en dehors des repas.
- Mais je tiens ma vengeance ! exulta Vorshek. Enfin ! Tu es en mon pouvoir, nain ! Tout d’abord, tu vas aller me chercher la baguette de Selzix le fourbe que je convoite tant. Ensuite, je laverai tous les affronts subis en t’étripant sous les yeux de ton épouse, que j’épargnerai si elle se montre docile.
- Non, navrée, ça ne va pas être possible, intervint Elenwë. J’ai déjà fréquenté un drow et ça m’a rendu malade.
- Comme Touffou mon cerbère,commenta Arzhiel. C’est sûr que quand on avale n’importe quoi…
- Vous êtes bien placé pour faire des remarques, vous qui vouliez sortir avec ma sœur une semaine avant nos noces !
- Il fallait bien que je teste aussi ! Une elfe, ça change des filles normales quoi ! En plus, c’est trompeur. Votre sœur valait davantage le coup…
- Vous vous êtes fait…s’écria Elenwë, stupéfaite. Ma propre sœur ?!...Avant nos noces !
- Oups ! ricana nerveusement Arzhiel. Héhé, je croyais que vous le saviez !
- Non, mais c’est pas sérieux là ! soupira Vorshek. Gémissez, suppliez, pleurez, mais pas la scène de ménage ! Je vais vous taper ! Je vous préviens !
- Et bien tuez-le lui ! râla la sorcière. Il est en train de me courir sur le pistil !
- Ça recommence ! fit Arzhiel. C’est pénible. On ne peut pas avoir une discussion d’adulte avec elle. Toujours à se braquer, c’est chiant !
- Vous essayez de me rendre taré, hein ? demanda le drow en fixant le couple qui boudait. Vous voulez me faire croire que vous ne vous supportez pas, c’est ça ?
- C’est pas une lumière, votre pote, dit Arzhiel.
- CE N’EST PAS MON AMI ! hurla Elenwë. Espèce de truffe ! Donnez-lui donc cette fichue baguette. Je vais me faire trouer la peau parce que ce tire-laine avec sa mine de constipé croit que vous tenez à moi !
- C’est vrai qu’en ayant vécu aussi longtemps dans ce Karak, monsieur le tueur, c’est pas très glorieux.

Vorshek passa une main tremblante sur son visage couvert de sueur. Encore une fois, les habitants de cette cité de fous essayaient de l’abattre psychologiquement. Il devait jouer son dernier atout pour ne pas perdre le contrôle de la situation.

- Votre comédie ne prendra pas avec moi, caqueta-t-il d’un ton vil. Je sais que vous partagez les mêmes sentiments et j’en ai la preuve !
- Ça y est, pesta Arzhiel. Il a réussi à me faire paumer ma bonne humeur avec ses insinuations dégoûtantes ! Pffff !
- Votre femelle elfe porte votre héritier, nabot ! Elle est enceinte de vous, elle me l’a avoué croyant que je pourrais avoir pitié d’elle !
- QUOI ?! hurla à son tour Arzhiel en voyant l’expression gênée d’Elenwë. Mais…comment ? Et avec qui ?
- J’en aurai pour des heures à vous expliquer malgré le fait que vous fûtes présent à la conception, débile ! Regardez votre tronche dans un miroir et demandez-vous pourquoi je ne voulais pas vous le dire. On dirait un dépravé sous l’emprise de champignons hallucinogènes en pleine nausée ! Comme à la conception d’ailleurs…

- Enceinte…balbutia Arzhiel, sonné. C’est pour quand ?
- Dans quatre mois.
- Ça va encore, ça me laisse du temps pour me barrer assez loin….Quatre mois. Mais j’y pense ! C’est pour ça que vous avez pris du bide ?! Je croyais que vous forciez sur la bibine !
- Venant d’un nain qui petit déjeune à la bière et aux côtelettes, c’est un peu fort !
- Attention à ce que vous dîtes ! Laissez mes chères côtelettes en dehors de ça. On n’attaque pas sur les trucs persos !
- Vous parlez de mon bide !
- Et alors ? Vos genoux cagneux et votre culotte de cheval sont jaloux ?
- Virez-moi ce couteau ! gronda la sorcière en essayant de se lever. Je vais me le faire !
- Ça vous a pas suffit une fois ?! gémit Arzhiel, effrayé. Regardez où on en est avec vos « oh frottez-moi les pieds, mon cœur », « je me colle contre vous parce que vos poils de dos soyeux chauffent plus que les fourrures » ou vos « mais si, vous êtes à croquer dans ce costume d’angelot » !
- Calmez-vous ! lança Vorshek en retenant Elenwë avec peine. Ils sont très bien vos genoux ! Calmez-vous, bon sang !
- Ah, la bougresse ! grommela Arzhiel.Quand je pense à tout ce que j’ai fait pour vous ! Et j’ai quoi en retour ? Vous me faîtes un enfant dans le dos ! Bigre, mais ça y est, je percute maintenant pourquoi vous me réveilliez en pleine nuit pour vous obtenir des huîtres à la gelée de framboises au milieu de l’hiver ! Vous savez que Ségodin a mis un mois entier pour vous en rapporter quand je l’ai envoyé en mission en plein territoire en guerre ?
- Euh…murmura Vorshek en levant le doigt. Je peux avoir ma baguette ?
- Je vais vous pulvériser ! éructa Elenwë, folle de rage. Ce n’est pas grave, je dirai à mon enfant que son père est mort au combat et que ses derniers mots étaient pour moi !
- C’est-à-dire que si c’est pour vous maudire, y a des chances que ça se réalise.

A bout de patience, Elenwë poussa un cri de colère et laissa éclater son courroux. Sa magie déchaînée balaya la pièce en faisant trembler les murs, foudroyant l’elfe noir sur place et envoyant Arzhiel bouler contre le plafond.

- Ah ben vous avez mis le temps pour lâcher la purée, marmonna Arzhiel, une commode en morceaux sur la tête, le doigt pointé en direction de l’assassin calciné.
- Oh, cher amour ! fit Elenwë, émue, en le soulevant. Vous avez seulement dit ces horribles choses pour libérer ma magie ? Vous saviez que vous ne pouviez pas nous débarrasser de ce monstre sans cela ? C’est tellement beau !
- Euh…Ouais, c’est ça, répondit le nain en trouvant sage de garder pour lui sa dernière vanne sur la taille du futur ventre de son épouse proche de celle de Brandir.
- Je suis tellement heureuse ! lança l’elfe toute gaie en serrant son mari disloqué contre elle. Cet enfant sera le fruit de notre amour. Comment allons-nous l’appeler ?
- Je ne sais pas, souffla Arzhiel, étouffé entre les seins de la sorcière. On aurait pu lui donner le nom du drow pour faire original. Il ne vous l’a pas dit avant d’être réduit en charpie ?

Elenwë hocha négativement la tête, enleva des débris de chairs d’elfe noir des cheveux de son mari et l’embrassa tendrement.

- Vorshek…soupira l’assassin encore fumant tandis qu’Arzhiel battait des pieds pour se dégager.
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