Karak Vanne, signé Arzhiel
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Karak Vanne, signé Arzhiel

Forum de l'oeuvre littéraire d'Arzhiel.
 
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 La Saison 1

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Skalli
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MessageSujet: Re: La Saison 1   La Saison 1 - Page 2 Icon_minitimeVen 30 Nov - 12:24

La complainte du paladin

Jéhudiel acheva d’écouter le rapport des éclaireurs et se tourna ensuite vers ses capitaines pour distribuer ses consignes, le regard rivé sur la citadelle ennemie endormie dont les contours se découpaient à la clarté de la lune. Les pages humains et hérauts orcs s’éloignèrent en toute hâte tandis que l’ordre d’entamer l’assaut surprise du bastion se transmettait à tous les corps de soldatesques réunis sous la même bannière. Le chevalier observa ses troupes se déployer et adopter sa stratégie, le cœur étreint par une excitation digne de son appréhension aux premières heures de ce terrible conflit. Il mit un certain moment avant de remarquer la présence de quatre silhouettes dans son dos.

- Baste ! jura-t-il en reconnaissant l’état-major de son allié Arzhiel au grand complet. Mais qu’est-ce que vous faîtes encore là, vous ?!
- Ah parce qu’il faut qu’on y aille aussi ? fit Hjotra d’un air surpris.
- Mais bien sûr ! Vous croyez peut-être que je vous ai baladé depuis trois jours de voyage juste pour vous faire prendre l’air ?! Allez réunir vos guerriers et à l’assaut ! Partez rejoindre mes hommes, les combats débutent !

Brandir et Svorn ne bougèrent pas d’un pouce, l’un se curant le nez d’un air absent et l’autre boudant, les bras croisés. Ségodin entamait une profonde prière en brandissant un cheveu vers le ciel et Hjotra revint à sa place après s’être trompé quatre fois de direction. Jéhudiel inspira à fond, se souvenant des recommandations singulières d’Arzhiel lorsqu’il était venu quérir ses troupes à son Karak.

- Votre seigneur n’a pu se joindre à cette bataille à cause de ses obligations seigneuriales, commença-t-il calmement. Il m’a donc chargé de mener ses troupes au combat à sa place, c’est-à-dire vous et vos guerriers. Je veux bien passer sur votre manque de chance qui nous a fait perdre trois fois sur le trajet et sur l’incident avec cette meute de Worgs sauvages qui non, n’aiment pas être caressés, même par des nains affectueux ! Mais là, les enfants, il va falloir m’obéir et partir vous friter. C’est la guerre ! C’est important, là ! Svorn, pourquoi vous ne réagissez pas ?
- Je ne parle pas aux impies et encore moins aux Grandes-Gens, ronchonna le haut-prêtre.
- C’est parce qu’il est xylophone, expliqua Hjotra.
- Xénophobe, le corrigea Ségodin d’un air gêné. Il a du mal avec les autres races, mais faut pas vous vexer, messire. Il n’a arrêté de me jeter des malédictions que depuis une semaine.
- Xylophone, c’est pas une maladie qui file la coulante ? demanda Brandir.
- Non, c’est un instrument à percussion d’origine elfique qui…commença Jéhudiel, l’index tendu, avant de se reprendre. Bon, euh, concentrons-nous. Ségodin, vous prendrez la tête des lanceurs de runes avec Svorn. Vous voulez bien aller mouri…combattre, maintenant, je vous prie ?

Svorn cracha aux pieds de Jéhudiel mais accepta finalement d’obéir tandis que le paladin dégainait son épée et bondissait sur lui. Il le poursuivit férocement sur quelques mètres et revint à son poste de commandement en massant ses tempes enflées.

- Je peux ranger mon épée ou vous voulez que je vous taille la barbichette vous deux ? lança-t-il à Brandir et Hjotra toujours immobiles.
- Non, passez-me la, répondit Brandir occupé à taper dans l’assiette du chevalier. J’ai du mal à couper ce cuissot de chevreuil là.
- Non, mais vous dérangez pas, faîtes comme chez vous ! s’exclama Jéhudiel. Vous voulez que je vous prépare un bain ou que j’aille dire aux soldats de mourir en faisant moins de bruit pour que vous puissiez aller dormir après ?!
- Les bains, c’est pour les tapettes, commenta Hjotra en rejoignant Brandir à table.
- Bon, Brandir ! Vos guerriers vous attendent, faut y aller là ! Vos copains lanceurs de runes vont se faire pourrir sans première ligne pour les défendre.
- Non, merci, j’y vais pas, en fait. Déjà, les lanceurs, je peux pas les blairer et en plus j’ai une dispense.

Le berserker tendit un parchemin au chevalier.

- Une dispense ?! balbutia Jéhudiel, sidéré.
- Un mot d’excuse si vous voulez. Vous n’êtes pas bien éclairés pour un Grandes-Pattes. Culturez-vous un peu, quoi. Enfin, c’est signé par Arzhiel. Je peux pas aller me battre parce que j’ai plus d’âme et que je peux y passer. Vous me passez la gourde à votre ceinture, je vous prie, j’aime bien le vin humain.

Le chevalier, déconcerté, s’exécuta sans réfléchir, relisant cent fois le message d’Arzhiel écrit avec des pattes des mouches et bourré de fautes.

- Et vous, Hjotra ? Vous avez une excuse pour bafouer votre devoir de soldat ?
- Non, fit l’ingénieur en haussant les épaules. Mais il fait nuit noire, on y voit que dalle. Impossible de viser avec les machines. Et si j’y vais à l’instinct, je dégomme que des gars à nous. Encore un coup à se faire engueuler parce qu’on a aligné accidentellement la fine fleur de la chevalerie ou le cousin du seigneur de je-sais-plus-quoi.
- Attendez ! Mais votre sorcière elfe là, la blonde à moitié nue qui vous parle comme si vous étiez la poussière que ses pas foulent. Elle ne vous avait pas confié un casque enchanté par ses soins pour palier à ce genre d’inconvénient ?
- Si. Mais je ne l’ai plus. Je l’ai échangé avec un de vos paladins contre une patte de belette empaillée. Elle est magique aussi, elle couine quand on appuie dessus. Vous voulez la voir ?
- Je m’en vais vous faire couiner la vôtre de patte, espèce de tordu ! Lâchez ce râble de dindonneau et allez vous battre avant que je ne vous écourte encore de plusieurs centimètres !

Jéhudiel brassa l’air avec son épée sous le nez de Hjotra qui s’enfuit à toute vitesse, revint sur ses pas pour emporter une aile de cygne au miel et disparut dans la nuit. Au loin, les échos des cris ponctuaient les assauts des armées unies sous les murs de la cité.

- Pourquoi vous vous marrez, vous ? interrogea Jéhudiel en voyant Brandir ricaner.
- Hihi, c’est votre drôle d’accent. On l’entend encore mieux quand vous criez. J’avais un oncle qui parlait un peu comme vous mais c’est parce qu’un mauvais coup avait emporté la moitié de ses bijoux de famille. On l’appelait ma tante après pour déconner mais lui ne…

Brandir s’interrompit lorsque la pointe de l’épée du chevalier lui piqua le bout de son gros nez tandis que son regard enflammé l’intimait à davantage de circonspection. La seconde suivante, le guerrier marchait sur les pas de ses camarades, se hâtant de rejoindre la bataille.

Trois jours plus tard, Arzhiel observa ses troupes rentrer au Karak et salua chaudement Jéhudiel quand l’humain rentra dans sa chambre, se heurtant pour la troisième fois la tête aux plafonds si bas.

- Ma foi, mon ami, lui lança Arzhiel d’un ton joyeux, j’ai l’impression qu’il manque pas mal de monde dans mes rangs ! Ça a du être une belle bataille ! Vous avez fait du bon boulot !
- Votre haut-prêtre est aux arrêts pour avoir essayé de m’estourbir avec son bâton, répondit le chevalier d’un air blasé. Votre chevalier blondinet efféminé et fervent prieur de cheveu est à l’infirmerie, il a été écrasé sous le cadavre d’un troll durant plusieurs heures. Mes soigneurs disent qu’il pourra de nouveau articuler dans un mois. Quant à votre guerrier et votre ingénieur en chef, on a cessé les recherches après qu’ils se soient perdus une cinquième fois en allant à la cueillette. Sinon, oui, nous avons remporté la victoire et mes pertes ne sont dues qu’aux dommages collatéraux de vos propres soldats, comme vous l’aviez prévu. Ma mission est menée à bout. Mes obligations envers vous cessent ici et maintenant.
- Une bonne chose de faite ! conclut Arzhiel, satisfait. Entre nous, comment vous les avez trouvés ?
- Plus jamais ça, articula Jéhudiel avec conviction. Plus jamais !
- Maintenant que vous les connaissez bien, ça ne vous tente pas de les mener une nouvelle fois sur le champ de bataille ? J’ai justement un ennemi qui crèche pas loin de…
- Merde ! tonna le chevalier en claquant la porte de la chambre derrière lui.
- Quel chic type ! soupira Arzhiel, rêveur. Quel dommage qu’il ait cette espèce d’accent pincé bizarre ! On pige rien à ce qu’y raconte.
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MessageSujet: Re: La Saison 1   La Saison 1 - Page 2 Icon_minitimeVen 30 Nov - 12:24

Que justice soit faite

L’entrée d’Arzhiel souleva une vague d’agitation dans la salle. Le seigneur nain, l’air bourru, alla s’asseoir à une longue table où l’attendaient ses trois conseillers et son épouse elfe, Elenwë. Face à eux, de nombreux nains étaient installés sur des bancs et bavardaient, leurs regards allant de la table des cinq juges à l’accusateur, Svorn, puis à l’accusé, Hjotra. Arzhiel intima le silence à coups de maillet.

- Vous allez m’expliquer ce qu’on fout là ? chuchota Elenwë à son oreille. Sinon, je me casse illico, j’ai encore tout un parterre de plantes carnivores à nourrir.
- Svorn a rassemblé le « Thing », l’assemblée des sages. C’est nous, cinq juges impartiaux dans une sorte de tribunal nain. Le but du jeu est d’écouter la plainte, oh comme c’est bizarre c’est Svorn qui chouine encore, la défense de l’accusé, encore plus surprenant, Hjotra, et de rendre la justice.
- D’accord, acquiesça la sorcière d’un air grave. Sinon, autre question : qu’est-ce que je fous là, moi ? Vos sujets ne sont pas encore assez givrés pour me prendre pour une naine, n’est-ce pas ?
- Peut-être à cause de votre moustache…Aie ! Bon dieu, rangez ses flammes ! Je déconnais ! Vous êtes là parce que votre rang l’exige. Vous êtes l’épouse du seigneur, le cinquième juge. Si vous croyez que ça m’amuse d’être là moi aussi. J’ai juste une guerre sur les bras mais la tradition veut que je gère ce cirque-là. Plions ça vite fait et cassons-nous.

Arzhiel, l’air solennel, se leva et récita le texte sacré d’ouverture du tribunal nain. Personne ne l’écoutait, excepté Svorn qui répétait ses paroles, la main sur le cœur, carrément en transe.

- Le Thing est présidé par les trois conseillers du Karak, déclara Arzhiel. Oh Pim, Pam, Poum, réveil ! Ouvrez les yeux ou je vous balance aux loups ! Hum, donc, les conseillers, Elenwë, ma charmante épouse elfe, oui, merci les sifflets, et moi-même. Svorn, vous avez la parole, détaillez votre plainte. Et tâchez de finir avant la nuit, je vous prie, ça saoule déjà.
- Merci, votre auguste honneur, susurra le haut prêtre d’une voix veloutée. Monseigneur, vos paroles ne reflètent que trop votre grandeur et votre noblesse d’âme. Votre humble serviteur, moi-même, fidèle et loyal, se présente à vous pour traduire en justice un horrible personnage sévissant dans ce Karak. Grâce à mes investigations, je suis en mesure de démasquer le responsable des fléaux qui s’abattent sur notre communauté ces derniers temps !

Un concert d’exclamations s’éleva du public. Fort de son effet, Svorn se tourna d’un air triomphal vers la sortie et claqua des mains. Brandir et Ségodin apparurent sur le seuil, tirant une vache qu’ils menèrent près de l’accusé.

- Pourquoi je m’attendais forcément à une énormité pareille ? marmonna Arzhiel tandis qu’Elenwë ricanait nerveusement. Bon, Svorn, vous nous expliquez ou je vous laisse aller aux geôles de vous-même ?
- Ne vous fiez pas aux apparences, mon bon seigneur et maître, puissant guerrier ! Cet animal, cette bête fauve est, j’ose le prétendre, la calamité responsable de l’incendie du quartier des serviteurs, de l’épidémie de mauvaise grippe et de la disparition de trois de nos défenseurs, tragiquement étouffés dans leur vomi en cuvant leur bière ! Ce monstre devant vous se trouvait à chaque fois sur les lieux. Elle est habitée par le démon ! C’est une mécréante et une possédée !

Arzhiel se passa la main sur le visage d’un air las. Un silence perplexe était retombé, seulement brisé par les applaudissements enthousiastes de Hjotra qui ne cessa que lorsque Brandir lui expliqua la situation.

- Bon, je me tire, souffla Elenwë. Vous pensez être en mesure de gérer ce conflit seul, mon aimé ?
- Ouais, c’est ça, allez-y, vannez !
- Elenwë est innocente ! hurla Hjotra tandis qu’il venait de percuter.
- Quoi Elenwë ? demanda Arzhiel. Qu’est-ce que vous bavez ?
- Elenwë, expliqua Brandir. C’est le nom de sa vache. On l’a appelée comme ça parce qu’elle a la même démarche que votre épouse, seigneur.

Il y eut une injure en elfique, un sortilège de froid qui gela tout le premier rang derrière Hjotra quand il esquiva le tir, une mêlée ouverte, des cris, quinze blessés et une bonne heure perdue pour imposer de nouveau le calme.

- Pour conclure, reprit Svorn en pointant un index accusateur vers la vache apathique. J’exige un châtiment exemplaire pour anéantir ce démon à l’œil torve et au gémissement diabolique. Lapidation, écartèlement et pendaison au-dessus du bûcher me semblent indispensables. Il faut bien ça je crois, c’est le minimum, hein. Si la corde rompt avec qu’elle ne meurt, c’est que son âme aura été lavée du mal. Sinon, ben, le résultat sera kif-kif, donc on sera peinards.
- La parole est à la défense, soupira Arzhiel, blasé. On vous écoute, Hjotra, faîtes-nous rêver.
- Elenwë est innocente, déclara l’ingénieur avant de partir dans un fou rire avec Brandir.
- Non, mais laissez pisser, murmura Arzhiel à son épouse qui redevenait écarlate.
- On essaie de la faire passer pour une vache émissaire.
- Bouc émissaire, corrigea Arzhiel.
- Non, non, seigneur, euh, c’est gênant, mais vous n’aviez pas remarqué que c’est une vache ?
- Poursuivez, ronchonna le nain en agitant son maillet d’un air menaçant.
- Elenwë a son caractère, mais elle est pas méchante. Tout ce qu’elle veut, c’est brouter de l’herbe, qu’on lui gratte le flanc et qu’on la traie régulièrement.
- Oui, je sais ce que c’est, répondit Arzhiel en regardant son épouse du coin de l’œil.
- En plus, continua Hjotra. Elle ne peut pas mettre le feu ou tuer des gens, elle a même pas de pouce. Donc c’est pas elle, c’est pas possible. D’abord.

L’ingénieur caressa affectueusement sa vache qui mâchouillait d’un air absent puis s’assit, fier de son plaidoyer. Svorn feignait l’indifférence mais la pertinence des remarques de la défense semblait lui causer quelque trouble. Arzhiel en avait assez vu et entendu et comme il commençait à avoir mal aux fesses sur son tabouret en pierre, il ordonna la fin du jugement et le début des délibérés. Dès qu’Elenwë cessa de bouder et que les conseillers furent réveillés, il put entamer les débats.

- Le Thing a pris sa décision devant le ciel, les dieux, les anciens et le reste de la fine équipe, déclara-t-il une heure supplémentaire plus tard. Les conseillers ont voté : coupable, non coupable et blanc.

Le nain fixa un instant ses trois ministres d’un air hébété où luisait un soupçon de désespoir furieux puis il reprit sa lecture.

- Nous avons une autre voix pour coupable de la part d’Elenwë qui tient apparemment à faire disparaître une rivale à son nom…Aie ! Rhaa c’est bon, on peut plaisanter, ça pique les flammèches ! Et moi, je vote non coupable parce que je dois être le seul ici à me rendre compte que ce jugement est absurde et que vous êtes tous sacrément secoués ! Bon, le corniaud qui a voté blanc. C’est toi qui tranches. Et magne ou c’est moi qui te tranche !
- Euh, c’est quoi la question ? fit l’intéressé en voyant tous les regards braqués sur lui.
- Jugez-vous que cette vache est une calamité envoyée pour tous nous exterminer, qu’elle mérite une mise à mort et que dès demain vous vous retrouvez comme par magie à nettoyer les écuries ou au contraire, cette bête n’est que la victime d’une fixette paranoïaque d’un haut prêtre dérangé et d’une communauté crédule et vous la jugez innocente afin que nous puissions enfin vaquer à des occupations normales et mettre un terme à cette boutade fumante ?

Le conseiller hésita un instant avant de déclarer la vache non coupable, écrasé par le regard pesant de son seigneur. Les nains poussèrent diverses exclamations et le raffut reprit tandis que Hjotra dansait la gigue avec Rugfid sur la table des juges. Arzhiel se leva, épuisé, bien décidé à s’en aller avant de devenir fou. Il ne s’arrêta qu’une fois sur le seuil lorsqu’en croisant Elenwë la vache, celle-ci lui adressa un clin d’œil complice avant de repartir de son pas débonnaire.

- Qu’y a-t-il, mon bon ? l’interrogea Elenwë (la vraie) en l’approchant.
- Rien, rien, murmura le nain, pensif. Ah si, faut vraiment que vous changiez de démarche !
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MessageSujet: Re: La Saison 1   La Saison 1 - Page 2 Icon_minitimeVen 30 Nov - 12:25

La Banqueroute – Partie 1

- Assurément, il faudra soutenir les flancs ouest avec la piétaille pendant que les machines de sièges hachent leurs défenses, déclara Arzhiel d’un ton soucieux. C’est une manœuvre audacieuse certes, mais l’ennemi ne s’att…

Le nain haussa un sourcil broussailleux tandis que Brandir et Hjotra pénétraient à grands bruits dans la salle du trône déserte, ricanant comme des déments.

- Les gardes en faction ne vous ont pas dit que je ne devais être dérangé sous aucun prétexte ? soupira Arzhiel en leur jetant un regard noir.
- Si, c’est pour ça qu’on est là ! répondit joyeusement Brandir.
- Ils parait que vous êtes en pleine discussion avec M’dame Noiraude ? interrogea Hjotra, tout excité, en pointant de son index boudiné le globe de vision devant son seigneur reflétant l’image de l’elfe noire.
- Salutations, boulets, fit la voix éthérée de la matriarche drow. C’est Shurdriira Do'Ilisharr, pas « Noiraude », ahuris.
- Ah, ben mince alors, fit Brandir, déçu. On croyait que c’était Shalimar Shadow…Faut dire aussi, ils se ressemblent tous les drows, du coup on confond.
- Non, mais c’est elle, intervint Arzhiel. C’est son véritable nom. Ne réfléchissez pas, vous allez vous claquer. Bon, vous voulez quoi ?! On bosse là !
- Vous montrer un truc marrant ! Vous allez vous poiler ! Hé, machin, amène-toi !

L’espion du Karak apparut à son tour et avança vers le trône, encouragé par les deux farceurs. Devant une Shurdriira sceptique et un Arzhiel perplexe, il recouvrit son corps de sa longue cape sombre et enfila un énorme casque complet dissimulant tout son visage. Brandissant une longue épée flamboyante, il adopta une pose chevaleresque et parla d’une voix rauque et caverneuse entrecoupée d’un respiration profonde et résonnante.

- Rejoins-moi du côté obscur des Ténèbres ! lança-t-il en tendant sa main libre vers le globe. Shurdriira, je suis ton père !

Hjotra et Brandir éclatèrent de rire en se roulant par terre.

- C’est Enigma ! hurlèrent-ils. L’espion, il était bateleur avant. Il l’imite drôlement bien, non ? Attendez, vous l’avez pas vu faire Lorendil avec son fouet !
- Je vois que vous consacrez toutes vos énergies à l’accomplissement de cette guerre, Arzhiel, commenta Shurdriira en se tournant vers son allié, dépitée.
- Ouais, mais non, c’est parce qu’il faut qu’ils se détendent entre les batailles. Et…Mais arrêtez de vous marrer, crétins ! Fermez vos bouches ! Si votre cervelle voit de la lumière, ça va lui donner envie de foutre le camp ! Non, mais ils ne sont pas représentatifs, hein. Le Karak se déchire pour assurer la victoire. Tenez ! Voilà justement les conseillers qui arrivent avec la recette du mois. Vous allez voir que niveau finances, ça rigole moins !
- Moins que niveau imitation ? interrogea ironiquement la drow.

Arzhiel toussota et fit approcher ses ministres qui portaient un énorme coffre en bois. Sous les yeux avides des nains présents, ils exposèrent son contenu…trois piécettes luisant dans un vide béant.

- Mes ronds ! gémit Arzhiel. Mes impôts, mes bénéfices du marché et mes économies ?! Où est mon argent ?!
- Après déduction des charges, déclara un conseiller, nourriture, frais de gestion des animaux de l’atelier, dettes des esclaves sacrifiés par Svorn, réparations diverses du Karak après accidents et indemnités aux villages voisins pour destructions intempestives durant les entraînements, il nous reste trois pièces d’or.
- Tr…trois ? balbutia Arzhiel. Mais mon armée, je la raque comment ?!
- Sûrement moins cher que votre crédibilité, remarqua Shurdriira. Je vous laisse jusqu’à la prochaine lune pour renflouer vos fonds où la guerre se fera sans vous. Gazul n’aimera certainement pas ça. Bon, je filoche, faut que j’aille raconter votre dernière facétie aux Archanges. Finalement, vos boulets avaient raison, on va bien se poiler !

Le globe s’éteignit et redevint terne, laissant Arzhiel hébété, les yeux fixés sur son coffre vide. Vexé et furieux, le seigneur fit rassembler l’élite de ses soldats, ses champions incontestés, des héros légendaires : Svorn le haut prêtre, Ségodin le chevalier humain et Brandir et Hjotra les inséparables combattants.

- Et dire qu’on est au taquet avec ça, marmonna Arzhiel en regardant son équipe qui commençait déjà à chahuter. On est mal là. Bon, écoutez-moi ! Je vous propose une quête épique pour éprouver votre loyauté et votre bravoure. D’ici la prochaine lune, vous irez battre la campagne et user de toute votre astuce et votre dévouement à notre cause pour ramener au sein de notre noble cité un trésor d’une grande valeur. Celui qui apportera le plus fabuleux bien sera…euh, disons que je l’amnistie pour toutes les peines de geôle qu’il a accumulé. Et croyez-en les registres, vous êtes tous concernés. Des questions ? Oui, Hjotra ?
- C’est pas une question, c’est une remarque. J’ai rien compris.
- Oh, comme c’est étonnant ! De toute manière, vous et Brandir, vous êtes là pour décorer et encore, parce que j’ai mauvais goût. Je vous le dis franco. C’est certainement pas sur vous que je compte pour nous sortir de la purée. Déjà, si vous n’empirez pas les choses, ce sera un exploit. Allez vous tripoter la nouille ailleurs, les adultes travaillent. Question suivante ? Ségodin ?
- Un acte charitable et bon aura-t-il autant d’éclat et de prestige qu’un trésor matériel ?
- Rien à secouer des bonnes actions. Ramenez du blé, c’est tout.
- Trop simple ! s’exclama Brandir. Il faut aller à la campagne pour trouver du blé ! Ah, mince, tout le monde a entendu mon idée géniale !
- Svorn ? fit Arzhiel, ignorant sciemment la dernière remarque de son maître d’armes.
- Disposons-nous du droit de tuer pour cette quête ?
- Pour vous défendre, oui, comme d’hab. Allez quand même pas trucider tout ce qui bouge.
- Et pour se divertir ? demanda le prêtre avec le plus grand intérêt.
- Vous ne voulez pas vous mettre à la pêche ou à la collection de cailloux comme un nain normal, non ? Je vous rappelle qu’on a pour mission sacrée la Moisson d’âmes exigée par nos dieux des Ténèbres. Il leur faut du qualitatif. Si on génocide trois bourgs de bouseux en leur nom, demain on se prend la montagne sur le coin de la gueule, vous comprenez ?
- La Moisson, ça a un rapport avec le blé ? interrogea Hjotra.
- Oh, la barbe, vous deux. La ferme !
- La ferme, ça doit être un autre indice, murmura Brandir à Hjotra. C’est très agricole comme mission en fait.
- Exécution…conclut Arzhiel d’un geste fatigué.
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MessageSujet: Re: La Saison 1   La Saison 1 - Page 2 Icon_minitimeVen 30 Nov - 12:25

La Banqueroute – Partie 2

Le seigneur Arzhiel ne nourrissait que peu d’espoir dans le succès de l’entreprise de ses champions destiné à le sortir de la faillite, mais il se devait d’essayer. Ausi attendit-il avec appréhension le retour de son état-major une semaine plus tard, au rapport de leurs différentes missions.

- J’ai accumulé près de deux mille pièces d’or, annonça Svorn en jouant avec son collier en rotules de gobelins. Je me suis rendu dans les hameaux de la vallée, précédé de ma réputation de haut prêtre de Gazul. En échange de dons, j’ai accompli des rituels de purification sur les morts et les lieux maudits.
- Mais c’est terrible, ça ! bondit Arzhiel, fou de joie. Faîtes briller l’or pour voir ?
- C’est vrai que ça a pas mal tourné, mais j’ai plus l’argent. Sur le chemin du retour, j’ai croisé un marchand d’esclaves. Bon, ben, j’ai fait ce que la raison ordonnait, quoi. J’ai acheté tout son stock. Deux cent loqueteux, à une vache près. L’inconvénient, c’est que j’ai plus une thune et je lui en dois le double.
- Quoi ?! Mais vous êtes siphonnés ! Vous allez nous mettre sur la paille !
- Encore un indice, marmonna Brandir à l’attention de Hjotra. C’est subtil, heureusement qu’on est malins !
- Euh les comiques ? intervint Arzhiel. Vous voulez bien attendre que je passe un bal à Svorn avant de commencer votre numéro ? Et vous, qu’est-ce qui vous a pris d’acheter des esclaves ? Vous avez picolé ?!
- Attendez ! Des peaux-vertes des contrées de sud même pas vérolés et à peine crades ! Je ne pouvais pas laisser passer une occaz’ pareille. C’est vous qui avez parlé de qualitatif pour Gazul et ses potes ! Là c’est le top de la qualité ! J’en ai crâmé un ce matin, ça brûlait tellement bien que j’en ai versé une larme. J’ai une gamine d’une dizaine d’années, je vous la mets de côté ? La peau marque bien les coups de fouet et les pierres à cet âge-là.

Arzhiel ne put rien répondre tellement il était crispé sur son trône. Il inspira par petites bouffées pour se calmer, usant de sa technique respiratoire contre la nausée quand il devait faire l’amour à Elenwë. Lorsque son teint quitta les cramoisis et les teintes violacées, il se tourna vers Ségodin.

- Monseigneur, clama le chevalier maniéré d’un ton pédant, j’ai tenté de vaincre l’hydre des marais pour m’emparer de ses trésors, mais je fus terrassé par une mauvaise fièvre aux abords des marécages. J’ai défié les passants sur un pont, mais là encore, j’ai échoué, vaincu par une vieillarde aux coups de cannes impitoyables, d’une adresse fulgurante. J’ai adressé une demande d’or à ma famille, ils m’ont envoyé un tueur à gages en réponse que j’ai du soudoyer avec mon équipement pour éviter qu’il ne me tue. J’ai dansé presque nu sur les tables à la taverne de l’Ogre Précieux pour payer mes frais de retour jusqu’au Karak. Je suis confus. Pitié, ne racontez pas ça à ma douce Elenwë ! Voir une bande d’orcs ivres glisser des pièces d’or dans mon slip en cuir et se soulager sur ma jambe fut une expérience suffisamment traumatisante pour moi…
- Donc, niveau pognon ? parvint à articuler Arzhiel qui contenait mal sa détresse croissante.
- Je suis raide, admit Ségodin après avoir vainement fouillé les recoins de son slip. Toute expérience n’étant pas complètement désastreuse, j’ai appris plein de boutades et de jeux de mots. Vous voulez les entendre ?
- Ecoutez, vous me raconterez ça un autre jour d’accord ? Là, je vais aller me pendre, ce sera plus simple une fois mort d’expliquer mon échec cuisant à Gazul, hein ?
- Vous n’interrogez pas Hjotra et Brandir ? demanda l’un des conseillers tandis qu’Arzhiel s’éloignait en titubant.
- Oh, pourquoi pas ? Je crois qu’il doit me rester quelques neurones qui n’ont pas grillés ! Allons-y pour une aventure pittoresque et rocambolesque ! Narrez-nous tout ça.

Hjotra et Brandir échangèrent un regard interrogateur, sans rien dire.

- Racontez-nous le déroulement de votre quête, rectifia Arzhiel.
- Ah, d’accord, on n’avait pas compris, sourit Brandir. On a fait comme vous avez dit, on a été voir les pécores du coin pour qu’ils nous fournissent en blé, mais même en les tapant, ils ont pas voulu nous fourguer du stock gratuit. Et comme on n’avait pas d’argent…
- Oui, poursuivit Hjotra, c’était dur comme mission, vous auriez pu nous donner un peu d’or au départ.

Arzhiel se tourna vers ses ministres ébahis qui lui retournèrent son regard navré sans commentaire.

- Du coup, reprit Brandir avec sérieux, on a décidé de chercher des sous. C’est là qu’on a aperçu un arc-en-ciel. On l’a suivi, jusqu’à atteindre son pied.
- De quoi ? s’exclama Arzhiel. Je suis largué là. C’est quoi ce plan avec un arc-en-ciel ?
- Comme la légende ! fit Hjotra. Aux pieds des arc-en-ciels, y a toujours un trésor !
- Sans déconner ? C’était ça votre idée pour trouver du pognon ?!
- Oui, monseigneur, répondirent les deux nains en chœur avec enthousiasme. Le souci, c’est que bizarrement, ça a pas si bien marché…
- Voilà qui est bien surprenant…Vous avez rien trouvé, c’est ça ?
- Si, le trésor était énorme, mais le problème c’est qu’on a pas pu tout prendre. On a été obligé d’en laisser et le reste a foutu le camp quand l’arc-en-ciel a disparu.

Tous les regards se braquèrent sur l’ingénieur et le berserker qui affichaient un air déçu en évocant ce « détail ».

- On aurait du prendre un sac ou un coffret. On est désolés, seigneur.
- Mais alors vous avez de l’or ?!
- Oui ! Enfin, non. On l’a plus. On s’en est servi pour acheter le blé aux paysans. Il nous reste plus aucune pièce. Faudra nous libérer une caverne ou deux parce qu’on a garés comme des sagouins une vingtaine de charrettes remplies jusqu’à la gueule de blé, ça risque de gêner le passage dans la cour.

Effaré, Arzhiel se précipita pour jeter un œil dehors et faillit tourner de l’œil en apercevant les montagnes de céréales accumulées au milieu de la forteresse. Hjotra et Brandir ne durent la vie sauve qu’à leur réflexe naturelle de fuite quand leur seigneur commença à décrocher les armes des murs pour leur lancer dessus avec fureur.

- Quelle ingratitude ! pesta Brandir une fois qu’ils furent à l’abri.
- Ingratitude, c’est quand on maigrit, c’est ça ? demanda Hjotra. Oh, attendez, j’ai encore un truc dans ma poche ! Si c’est de l’or, on évitera peut-être le cachot !
- C’est quoi ?!
- Ah, non, zut, soupira l’ingénieur en sortant un joyau luisant de la taille de son poing. C’est pas de l’argent. Bon, tant pis, je le balance.
- Dire qu’on a failli réussir la mission ! ronchonna Brandir en lançant un coup de pied dans le diamant abandonné. Je me demande bien où on a merdé…
- Allez savoir ! fit Hjotra en haussant les épaules.
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MessageSujet: Re: La Saison 1   La Saison 1 - Page 2 Icon_minitimeVen 30 Nov - 12:26

Fin

- On va tous y passer ! gémit Arzhiel étendu sur sa couche, le teint blême et les yeux injectés de sang. Ça daille de claquer dans son lit, c’est indigne et déshonorant ! En plus, mes draps puent les pieds, c’est intenable…Ségodin, vous êtes mon dernier atout.

Le seigneur de guerre tourna son visage amaigri et livide vers le chevalier qui était assis à son chevet avec Elenwë.

- Cette épidémie terrasse mes sujets et n’affectent que les nains. Vous êtes immunisés tous les deux, vous tenez notre sort entre vos mains. Nous mourrons un peu plus à chaque instant. Savez-vous ce qu’il vous reste à faire ?
- Oui, monseigneur ! clama l’humain avec foi. Repeupler le Karak avec Dame Elenwë ! Je mettrai toute mon ardeur à cela, vous pouvez périr en paix !
- Ce n’est pas vraiment ce à quoi je pensais, fit Arzhiel dépité. Quoique si vous faîtes des petits, gardez m’en un, je suis certain que Hjotra n’a pas d’engin pareil dans sa ménagerie.
- Peut-être mon époux souhaite-il que je l’aide à affronter la mort en accélérant les choses…laissa couler Elenwë d’un air sombre en jouant avec ses doigts enflammés.
- Non, merci, ça ira ! C’est la fièvre, je délire. Votre mission, Ségodin, c’est d’aller trouver la vioque des marais et de lui demander secours. Sa sagesse et toutes les saloperies qu’elle trafique dans sa cahute devraient lui permettre de créer un antidote.
- Dame Elenwë est également une puissante enchanteresse à ma connaissance ! Ne peut-elle pas vous guérir grâce à sa magie ?
- Passez comme moi une plombe marié à une sorcière elfe maîtresse alchimiste et complètement allumée et vous apprendrez à vous méfier des potions qu’elle vous concocte avec amour ! Plutôt siroter de l’urine de Worg !
- Ce qui pourrait fortement arriver si vous continuez sur ce ton, mon amour, grommela Elenwë, l’œil pétillant de fureur. Les nains sont tout de suite braqués dès qu’on cherche à les envoûter à peine une centaine de fois…par saison…depuis des décennies.
- J’aimerais beaucoup perdre une éternité à en débattre, mais là je peux pas, je suis occupé à crever. Donc, Ségodin ! Vous vous souvenez des symptômes à décrire à la vieille peau ?
- Perte de la pilosité des cuisses, auriculaires qui enflent, dents qui bleuissent, phobie soudaine des oiseaux…

Tout le monde se tourna en direction de Hjotra qui passa dans le couloir en se tortillant tout nu par terre, surveillant le plafond d’un air inquiet.

- …magnétisme important du pied gauche (très pratique pour ramasser son arme tombée), puis étouffement mortel par des glaires dans son sommeil. C’est pas commun comme maux.
- Quand je voudrais votre avis, j’irai vous consulter, hein ? Bon, cravachez. Je balise là.
- La maladie ne saurait vous abattre, monseigneur ! Ne cédez pas à la peur !
- Je m’en cogne de la maladie. C’est rester seul dans une chambre avec Elenwë qui me fout la trouille. Ça m’a toujours angoissé d’ailleurs…

Ségodin quitta le Karak tandis que résonnaient dans son dos les hurlements de douleur de son seigneur livré aux bons soins de son épouse bienveillante et à peine susceptible. Le chevalier galopa nuit et jour pour atteindre les marécages putrides où vivait la sorcière qu’il s’empressa de déranger durant sa partie quotidienne de balle au prisonnier avec son amant captif, l’ancien explorateur de la forteresse.

- C’est la peste rieuse du diablotin taquin, déclara la sorcière tout en grattant la bedaine velue de son amoureux. Pas très glorieux comme truc. Pour le remède, j’en ai pas pour longtemps, c’est facile avec du fiel de basilic myope et des serres de griffon amnésique. J’en ai au stock. Il lui faudra autre chose à la demoiselle ?
- Euh, je suis un damoiseau, ma dame.
- Avec une tignasse pareille et sa démarche chaloupée d’aguicheuse ? Les jeunes à mon époque savaient se tenir. Moi-même, j’étais…
- Je serai ravi d’écouter ce récit des temps préhistoriques, mais je crains qu’il n’y ait urgence. Dites…à tout hasard…vous sauriez fabriquer un philtre d’amour ?
- Pourquoi, elle est amoureuse, la débauchée ? Une fiole à trois doses, c’est quarante pièces d’or. Voilà ma belle. Avec ça, tu vas lever le gueux comme personne, coquine !

Ségodin s’en alla d’un pas vif, tâchant cependant de marcher droit, puis rallia le Karak à toute vitesse, fomentant des plans sournois dans lesquels il se voyait goûter au bonheur dans les bras d’une Elenwë enfin sensible à ses sentiments. Dans la forteresse, les nains agonisaient dans tous les recoins, certains tentant de s’enterrer pour échapper aux moineaux et d’autres errant en peine en traînant une quantité fabuleuse de ferraille collée à leur pied. Le chevalier distribua le remède et entreprit de guérir toute la communauté.

- Ne vous retournez pas, lui murmura Brandir quand arriva son tour. Vous êtes suivi par un furet qui a un regard bizarre fixé sur vous.
- Cette stupide bestiole a profité de mon inattention pour me subtiliser les effets contenus dans mon havresac et elle a choisi « l’autre » potion. Quand elle cesse de copuler avec mon mollet, elle est presque supportable…
- C’est Kiki, le furet de Hjotra. On lui a appris à taper dans les sacs des autres à la recherche de bouffe. C’est pratique quand on part en campagne, on a toujours un creux quand on reste deux heures d’affilée sans déjeuner. L’autre potion, c’est ça ? C’est quoi ? Berk, ça a un goût dégueu !
- NON NE BUVEZ PAS !
- Par la jambe de bois de ma maman ! Vous avez conservé là-dedans un souvenir de la dernière fois où vous avez pris votre pied ou quoi ? C’est vraiment crade ! Et…Tiens, j’avais jamais remarqué que vous aviez de si jolis cheveux…Et cette silhouette famélique ! Je suis sûr qu’on doit voir vos côtes saillir, hein ? Hum, c’est sexy. On vous a déjà proposé de poser pour une gravure de paroi ?
- Brandir, reculez ou je vous promets que je hurle !

Une demi-heure et quelques câlins repoussés plus tard, Ségodin arriva dans la chambre d’Arzhiel, suivi de près d’un furet et de Brandir enchaîné, mais visiblement aux anges.

- Je ne veux rien savoir, balbutia Arzhiel en observant l’étrange escorte de son champion. Passez-moi votre barda, ça urge méchant. J’ai repéré au moins deux rouges-gorges et un roitelet qui me surveillent depuis un moment et mon petit doigt a maintenant la taille de mon…de ma…Enfin, c’est celle-là ? Oh, elle empeste comme si vous aviez…tout dedans.
- OH NON ! PAS VOUS ! hurla Ségodin en voyant Arzhiel achever le philtre d’amour.
- C’est quoi ? demanda Elenwë, curieuse. Je peux en avoir aussi ? Bien sûr, y en a plus…

Ségodin commença à pleurnicher en observant Arzhiel qui s’essuyait les lèvres.

- C’est vraiment la fin…se lamenta-t-il.
- Dans vos rêves, mon grand ! Je vous l’ai dit. Depuis le temps que je me farcie l’autre Oreilles-Pointues perverse, ça fait belle lurette que je suis immunisé contre cette pisse d’âne alchimique à force d’en boire ! Ecoutez, je vous apprécie grandement vous et votre loyauté. Mais il semblerait que vos déviances de Grandes-Gens aient affectées votre jugement. Si j’ai pu vous donnez l’impression de vous être éventuellement accessible, je le regrette autant que le jour où j’ai engagé Brandir. Un philtre d’amour, voyons, Ségodin ! Vous pensiez que je ne reconnaîtrais pas ? Elenwë m’en sert deux par banquet ! Non, mais vous êtes un grand malade ! Vous pouvez pas attraper l’elfe, alors vous vous rabattez sur son époux ?! Ressaisissez-vous, que diable ! Je devrais vous mettre en cabane, mais je me demande maintenant si ça ne vous plairait pas d’être enfermé avec d’autres mâles prisonniers…
- C’est une regrettable méprise, marmonna le chevalier, écarlate de honte devant le regard vexé d’Elenwë.
- Non, c’est bon, on oublie. Après tout, ce n’est pas une tare, c’est juste un choix personnel que je respecte. Je suis tolérant, ouvert, enfin pas trop hein, je peux accepter sans aucun problème. Je pense que…qu’est-ce que vous foutez avec ce furet ? Oh, non, pas les bêtes aussi ! Barrez-vous de ma piaule, gros dégueulasse, ou j’envoie Svorn vous exorciser !
- Je suis outrée ! protesta Elenwë lorsque le chevalier fut piteusement sorti. Choquée ! Bouleversée ! Pourquoi vous souriez tout d’un coup, mon tendre ?
- J’ai compris, répondit Arzhiel, l’air songeur. J’ai enfin compris pourquoi ce minet avait le béguin pour vous. Je me disais bien que c’était bizarre aussi, mais en fait, ce sont juste ses penchants…Ah, non ! Arrêtez ! Pas la tête ! Ahhhhh !
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